25 janvier 2015

« Peuple Palestinien, dans quel ETAT ?»

 

« Résister Aujourd'hui » a participé à la conférence/débat organisée par la LDH le 6 Décembre à Martigues. Nous y avons rencontré des intervenants (1) de qualité, pour la plupart témoins réguliers de la situation sur le terrain. Nous avons apprécié leur volonté de témoigner le plus sobrement possible d'une situation pourtant de plus en plus dramatique. Jihad Abu Znied, députée du district de Jérusalem, était l'invitée absente. Elle avait été empêchée de sortir trois jours plus tôt du camp de réfugiés de Shu ‘Fat bouclé sans raison particulière par les forces spéciales israéliennes (2). Cette information nous a d'emblée plongés dans ce que peut être le quotidien des Palestiniens. L'occupation ne se traduit pas seulement par  la privation de liberté et les violences physiques, mais aussi par une violence psychologique quasi permanente provoquant terreur et humiliations (bouclages des camps, arrestations de jeunes enfants pour quelques heures, incarcérations sans jugement y compris de mineurs, déploiements soudains de forces spéciales etc.).

Des témoignages (photos et récits) de la guerre sur Gaza de l'été dernier qui a tué majoritairement des civils nous ont aussi été apportés.

135 pays ont déjà officiellement reconnu l'État de Palestine. En France l'Assemblée Nationale et le Sénat y sont majoritairement favorables, mais seule une décision de l'Exécutif aurait valeur officielle. Elle ne semble pas à l'ordre du jour.

La situation a été qualifiée d' «explosive», et la dérobade de l'Union Européenne a été dénoncée par les intervenants avec des mots qui résonnent: « L'Histoire jugera ».

Nos aînés se sont battus pour la défense d'un Droit universel, la Liberté. Il est de notre devoir de dénoncer le Droit international bafoué par l'occupation militaire, administrative et économique que subissent les Palestiniens et qui les prive de cette même Liberté. La conférence s'est terminée sur un appel lancé à la société civile afin d’agir davantage auprès des responsables politiques et économiques.

1/ Intervenants : LDH,  collectif de photographes internationaux (www.activestills.org),  Mouvement de la Paix,  Secours populaire,   CCFD Terre Solidaire,   UJFP.

2/ Une motion de vive protestation cosignée par les organisations présentes (y compris Résister Aujourd'hui)  a été adressée à l'ambassade d'Israël à paris.                                                                                                                                                                                              Joëlle Heuzet     Jean-Paul Roulant

La Mémoire courte des habitants de Dresde

  

Avant de parler des manifestations islamophobes menées par PEGIDA*,  il faut rappeler que les habitants de DRESDEN ont du attendre 1989 et donc la chute du mur de Berlin pour pouvoir réintégrer l’Allemagne et se libérer du joug communiste.

 

Dresde a d’ailleurs joué un rôle important dans les évènements qui ont précipité la chute du mur de Berlin, puis la fin de la RDA : la ville fut le lieu d'importants affrontements entre la police est-allemande et les habitants, d'abord le 4 octobre 1989 lors du passage d'un train de réfugiés cherchant à atteindre la RFA, puis le 8 octobre où environ 20 000 manifestants réclamèrent la liberté d'expression et de circulation (vers l'ouest).

 

Aujourd’hui, Dresde manifeste de nouveau, sous la bannière d’un groupe dénommé PEGIDA, mouvement des « patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » et le nombre des manifestants augmente toutes les semaines. Ils étaient 200 le 20 octobre 2014 et plus de 15 000 lors de la 9ième manifestation en décembre  (18000 le 5 janvier)

 

Eux qui ont réclamé pendant des années l’ouverture des frontières pour échapper aux persécutions politiques du régime communiste et  de la STASI ne reconnaissent pas ce droit aux réfugiés politiques venus d’ailleurs.

Eux, qui voulaientconnaître les "Joies" du capitalisme, boire du coca-cola sue les terrasses des cafés, porter des jeans "made in america", écouter toutes les musiques interdites en RDA, ceuxlà même manifestent aujourd'hui pour chasser l'autre, l'étranger, qui finalement ne représente que 2,1% en Saxe(dont seulement 0,1% de musulmans).

* né en octobre, PEGIDA a reçu le soutien du parti populiste, Alternative pour l'Allemagne (AFD) et organise chaque semaine des "manifs du lundi" sur le modèle de celles qui, il y a 25 ans,  ont contribué à faire vacller le mur de Berlin. Au fil des semaines le mouvement a pris de l'ampleur, rassemblant des néo-nazis et des militants d'extrême droite mais aussi et surtout de simples citoyens inquiets face à ce qu'ils perçoivent comme une "islamisation de l'Occident", face à l'afflux de réfugiés,  l'Allemagne étant devenue depuis peu la principale destination d'immigration en Europe. 

Catherine Piat

Esprit Vif et Parole Libre !

Notre précieuse liberté d'expression et de conscience est dans tous les esprits.

Elle n'est pas négociable,  comme n'auraient jamais du l'être non plus les droits sociaux acquis grâce au Conseil National de la Résistance, seuls garants d'égalité et de solidarité.

Or nous assistons depuis quelques années à des attaques sans précédents contre ces droits de la part d'un système néolibéral créateur d'inégalités, destructeur de liens sociaux, responsable en première ligne du chômage de masse entraînant misère, exclusion et frustrations de toutes sortes.

Quand la République n'est plus sociale, est-elle encore vraiment la République ?

Les extrémismes quels qu'ils soient, et parmi eux le fondamentalisme islamique, se nourrissent des conséquences ravageuses de cette politique sur les peuples.

Mais le temps nécessaire à l'exercice du sens critique nous est de plus en plus confisqué par un fracas médiatique audiovisuel organisé (succession ultra rapide d'infos, incitation à l'émotion plus qu'à la réflexion, livraison d'analyses clé en main de spécialistes et autres experts. Ils se trompent ? Peu importe, les mêmes reviendront demain nous servir une autre soupe (le peuple n'est pas très futé n'est-ce pas, il faut lui expliquer l'ordre mondial, «faire de la pédagogie»). Réussir à échapper à tout cela tiendrait presque de l'exploit.

Quand les sondages remplacent les analyses, est-ce encore de l'information ?

Quand la pensée est tellement unique que toute offre politique différente est balayée avant même d'être sérieusement analysée est-ce encore la démocratie ?

Quant à notre liberté de conscience et d'expression,  ne se trouve-t-elle pas parfois (souvent?) quelque peu « endormie » dans un tel contexte ?

Il est urgent que nous (citoyens) retrouvions entre nous et à tous niveaux le goût du vrai débat confrontant les idées, en prenant appui sur les quelques médias indépendants qui existent encore heureusement et qu'il faut soutenir. L'excellent Bernard Maris disait qu'il ne faut surtout pas laisser l'économie aux économistes ! C'est la même chose pour tous les sujets, et c'est à cette seule condition que nous pourrons efficacement poser les vrais problèmes, trouver les véritables causes, pointer les responsabilités, et enfin agir en exerçant notre pouvoir (qui est réel et craint par tous les gouvernants !) avec l'objectif de refonder une société digne de ce nom;  en bref faire plus que jamais de la politique au sens originel du terme ! 

Repolitisons nos vies !  Reprenons la parole!

              Joëlle Heuzet

Je suis Charlie, je suis Ahmed, je suis Yoav, je suis Missak.

Après la sidération, l’émotion et la colère est venu le temps de la réflexion, des propositions et des décisions. L’islamophobie et l’antisémitisme ambiants prônés par une frange de plus en plus large du spectre politique ont armé le bras d’intégristes barbares.

Ils ont voulu assassiner la liberté d’expression culturelle et ils ont montré  le visage de la Haine, loin de celui de la Fraternité du 11 janvier.

Au cours des décennies, on a déshumanisé la société : ghettoïsation, discrimination au faciès, chômage grandissant notamment dans la population issue de l’immigration.

Devant cette situation, nous devons faire des propositions pour que le triptyque de notre République, pour lequel nos aînés se sont battus il y a plus de 70 ans, ne soit pas vide de sens en luttant contre l’ignorance, contre les amalgames dévastateurs, contre la haine et le mépris de l’autre mais aussi contre l’enrichissement honteux des classes dominantes.

Nous appelons à la concertation la plus large de toutes celles et de tous ceux qui veulent que la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, la Justice et la Dignité demeurent des valeurs intangibles.

Le dialogue intergénérationnel entre citoyens est indispensable autour des valeurs qui ont construit la France dont la laïcité.

Je suis Charlie, je suis Ahmed, je suis Yoav, je suis Missak, ce cri, c’est celui de Gavroche, c’est celui du capitaine Dreyfus, celui des Résistants qui ont su s’unir en mars 1943 pour dire non à la barbarie nazie, c’est celui des rescapés de la Déportation qui ont crié ‘’Plus jamais ça’’.

Notre société doit changer, il est urgent de renverser la vapeur en favorisant véritables creusets de mixité sociale à l’école et dans la société, en instaurant un service civique universel obligatoire.

Chaque citoyen doit avoir un rôle social, ne pas souffrir de discriminations qui doivent être punies selon la loi. Les sites internet prônant la haine raciale et montrant la violence doivent être interdits, en exigeant que l’éducation, la culture et le travail soient accessibles à tous.

Nous travaillons à un projet de société du 21ème siècle actualisant le programme du CNR.

Nous restons vigilants et demandons à nos responsables politiques de se déterminer dans ce sens dans le cadre d’une politique responsable solidaire et fraternelle.                                                                                                  Michel Vial

20 janvier 2015

Conférence de presse du « Collectif unitaire contre l’extrême droite dans les Bouches du Rhône »

 

«Résister Aujourd’hui» tient tout d’abord à s’incliner devant ses frères et sœurs en humanité de Charlie Hebdo   avec eux on a voulu assassiné la liberté d’expression culturelle, remettre en cause le triptyque de notre République pour lequel nos aînés Résistants se sont battus il y a plus de 70 ans.

Nous nous inclinons devant les victimes juives de Vincennes et devant les policiers lâchement abattus.

L’islamophobie et l’antisémitisme ambiants, le rejet de l’autre prôné par le F.N. et les groupuscules d’extrême droite, mais aussi par une frange de plus en plus large du spectre politique ont armé le bras d’intégristes barbares.

Nous appelons à la vigilance en dénonçant pas à pas toutes les idéologies meurtrières et tous les amalgames.

Nous avons fait condamner, le 9 janvier, deux membres du groupe d’extrême droite « Mouvement Populaire Nouvelle Aurore » qui avaient profaner la Stèle de Missak Manouchian, Résistant arménien et demandons la dissolution de ce mouvement qui a réitéré depuis des propos diffamants.

 «Résister Aujourd’hui» appelle à la concertation et à l'union la plus large de toutes celles et tous ceux qui veulent une France, une Europe, un Monde où la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, la Justice et la Dignité demeurent des valeurs intangibles.

 Marseille le 20 janvier 2015

09 janvier 2015

Après l'attentat contre"Charlie hebdo"

 

Communiqué de l’association nationale « Résister Aujourd’hui »

 Nous dénonçons avec force l'acte criminel dont a été victime "Charlie Hebdo" remettant en cause la Liberté de la Presse et avons une pensée pour les victimes, leurs familles, leurs collègues  et leurs proches.

A cette occasion nous tenons à rappeler ce que stipulait le programme du Conseil National de la Résistance adopté le 15 mars 1944 par huit mouvements de Résistance, six partis politiques et deux syndicats:

*  la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression
*  la liberté de la presse, son honneur et son indépendance.
*  la liberté d’association, de réunion et de manifestation
*  l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance 
                                                                 * le respect de la personne humaine.

Tous ces acquis étant aujourd'hui bafoués quotidiennement, il n'est pas étonnant que l'on connaisse ces dérives et nous demandons à nos gouvernants de prendre enfin les mesures nécessaires 

resister.aujourdhui@gmail.com

www.resistonsaujourdhui.blogspot.com

le 9 janvier 2015

Profanation de la stèle Manouchian à Marseille : deux militants d’extrême droite condamnés

 


Le tribunal correctionnel de Marseille les a condamnés à 100 heures de travail d’intérêt général, vendredi 9 janvier. Les associations "La Jeunesse Arménienne de France" et "Résister Aujourd'hui" s'étaient constituées parties civiles.

Deux militants d’un groupuscule d’extrême droite ont été condamnés, vendredi 9 janvier, à 100 heures de travail d’intérêt général pour la profanation d’une stèle édifiée à la mémoire du poète et militant communiste Missak Manouchian à Marseille. Devant le tribunal correctionnel, David Guichard, 42 ans, gardien d’immeuble, et Olivier Bianciotto, 30 ans, chef d’équipe en sécurité incendie, ont reconnu leur participation, le 6 septembre 2014, à une « action pour le devoir et contre les terroristes rouges ».

Ils avaient recouvert d’un drap blanc le buste érigé en surplomb du Vieux-Port à la mémoire du résistant d’origine arménienne. La manifestation était organisée par le Mouvement populaire nouvelle aurore (MPNA), un groupe non déclaré, créé dans les premiers mois de 2014 à Marseille et rassemblant une dizaine de personnes, selon les services spécialisés.

La mise en ligne sur le site Internet du MPNA d’une vidéo de six minutes filmée lors de la profanation avait scandalisé la communauté arménienne marseillaise pour laquelle le jardin Missak Manouchian constitue un lieu de mémoire et rappelle que le résistant, membre des FTP-MOI était, comme de très nombreux arméniens, arrivé en France par Marseille. Sur cette vidéo, les militants d’extrême droite décrivent Missak Manouchian comme « un terroriste communiste, tueur de Français ». On entend un militant vociférer : « Manouchian, grosse merde, on ne veut pas de ça à Marseille. »

« Me rapprocher d’un groupe partageant mes idées »

La présence de son numéro de téléphone à l’onglet « Contact militant » sur le site du MPNA avait rapidement permis l’identification d’Olivier Bianciotto puis de son ami David Guichard. A l’audience, les deux prévenus ont contesté leur appartenance à ce groupuscule et prétendu avoir assisté à cette manifestation par simple curiosité, sans jamais avoir entendu parler de Missak Manouchian. « Si j’avais su la portée que cela avait, je me serais bien gardé d’y aller », a expliqué Olivier Bianciotto, adhérent jusqu’à sa dissolution en juillet 2013 des Jeunesses nationalistes. « Depuis, j’étais un peu isolé, c’est pour ça que je cherchais à me rapprocher d’un groupe partageant mes idées. »

Le prévenu a présenté ses excuses à la communauté arménienne tout en se plaignant d’être un « animal traqué » par les militants antifacistes marseillais. « Ce milieu, quand vous mettez un pied, vous n’en sortez plus. Les nationalistes vous traitent de traître et les antifas me réservent un traitement particulier : menaces, agressions, tags sur mon domicile. »

« C’est le procès de la bêtise et c’est cela qui fait peur »

Condamné à plusieurs reprises pour des violences et ports d’arme, David Guichard justifie participation à la profanation « pour voir qui étaient ces gens-là afin de ne pas rester seul ». En septembre 2014, il avait été sanctionné d’un rappel à la loi pour apologie de la haine, après la diffusion sur Internet d’une photo le montrant en train de faire le salut nazi. Il a présenté ses « sincères regrets » et précisé que sa compagne, d’origine arménienne, avait qualifié de « débile » sa participation à cette manifestation.

« C’est le procès de la bêtise et c’est cela qui fait peur », a estimé la procureure Anne Lezer qui a requis un travail d’intérêt général « en lien avec ce qu’ils ont commis ». Bêtise aussi dans la bouche de MAlain Lhote, avocat de l’association « Résister Aujourd’hui », partie civile. « A ces pantins de la bêtise absolue, à ces lâches qui ne connaissent rien à notre histoire et nous offrent un spectacle indigne, il faut dire : “Je suis Missak Manouchian” », a lancé l’avocat avant de lire L’Affiche Rouge d’Aragon.

Mais pour l’association Jeunesse arménienne de France, représentée par MSerge Tavitian, « l’ignorance n’a jamais été une excuse ni une atténuation de responsabilité ». L’avocat a « refusé les excuses » des prévenus car « vos actes vous ne les assumez pas ». Le tribunal a fixé à deux mois d’emprisonnement la peine qui s’appliquerait en cas de non-exécution dans un délai de dix-huit mois du travail d’intérêt général.