16 septembre 2023

Une lettre de Philippe Torreton plus que jamais d'actualité

 

Le 24 avril 2012 Philippe Torreton publiait une lettre à Jean Ferrat, elle n'a pas pris une ride

Jean, J'aimerais te laisser tranquille, au repos dans cette terre choisie. J'aurais aimé que ta voix chaude ne serve maintenant qu'à faire éclore les jeunes pousses plus tôt au printemps, la preuve, j'étais à Entraigues, il n'y a pas si longtemps et je n'ai pas souhaité faire le pèlerinage.

Le repos c'est sacré !

Pardon de t'emmerder, mais l'heure est grave, Jean. Je ne sais pas si là où tu es tu ne reçois que le Figaro comme dans les hôtels qui ne connaissent pas le débat d'idées, je ne sais pas si tu vois tout, de là haut, ou si tu n'as que les titres d'une presse vendue aux argentiers proche du pouvoir pour te tenir au parfum, mais l'heure est grave!

Jean, écoute-moi, écoute-nous, écoute cette France que tu as si bien chantée, écoute-la craquer, écoute la gémir,

cette France qui travaille dur et rentre crevée le soir, celle qui paye et répare sans cesse les erreurs des puissants par son sang et ses petites économies,

celle qui meurt au travail, qui s'abîme les poumons,

celle qui se blesse, qui subit les méthodes de management,

celle qui s'immole devant ses collègues de bureau,

celle qui se shoote aux psychotropes,

celle à qui on demande sans cesse de faire des efforts alors que ses nerfs sont déjà élimés comme une maigre ficelle,

celle qui se fait virer à coups de charters,

celle que l'on traque comme d'autres en d'autres temps que tu as chantés,

celle qu'on fait circuler à coups de circulaires,

celle de ces étudiants affamés ou prostitués,

celle de ceux-là qui savent déjà que le meilleur n'est pas pour eux,

celle à qui on demande plusieurs fois par jour ses papiers, c

celle de ces vieux pauvres alors que leurs corps témoignent encore du labeur,

celle de ces réfugiés dans leurs propre pays qui vivent dehors et à qui l'on demande par grand froid de ne pas sortir de chez eux,

de cette France qui a mal aux dents, qui se réinvente le scorbut et la rougeole,

cette France de bigleux trop pauvres pour changer de lunettes,

cette France qui pleure quand le ticket de métro augmente,

celle qui par manque de superflu arrête l'essentiel...

Jean, rechante quelque chose je t'en prie, toi, qui en voulais à D'Ormesson de déclarer, déjà dans le Figaro, qu'un air de liberté flottait sur Saigon, entends-tu dans cette campagne mugir ce sinistre Guéant qui ose déclarer que toutes les civilisations ne se valent pas?

Qui pourrait le chanter maintenant ?

Pas le rock français qui s'est vendu à la Première dame de France.

Ecris nous quelque chose à la gloire de Serge Letchimy qui a osé dire devant le peuple français à quelle famille de pensée appartenait Guéant et tous ceux qui le soutiennent !

Jean, l'huma ne se vend plus aux bouches des métros, c'est Bolloré qui a remporté le marché avec ses gratuits.

Maintenant, pour avoir l'info juste, on fait comme les poilus de 14/18 qui ne croyaient plus la propagande, il faut remonter aux sources soi-même, il nous faut fouiller dans les blogs...

Tu l'aurais chanté même chez Drucker cette presse insipide, ces journalistes fantoches qui se font mandater par l'Elysée pour avoir l'honneur de poser des questions préparées au Président, tu leurs aurais trouvé des rimes sévères et grivoises avec vendu...

Jean, l'argent est sale, toujours, tu le sais, il est taché entre autre du sang de ces ingénieurs français.

La justice avance péniblement grâce au courage de quelques-uns, et l'on ose donner des leçons de civilisation au monde...

Jean, l'Allemagne n'est plus qu'à un euro de l'heure du STO, et le chômeur est visé, insulté, soupçonné.

La Hongrie retourne en arrière ses voiles noires, gonflées par l'haleine fétide des renvois populistes de cette droite "décomplexée".

Jean, les montagnes saignent, son or blanc dégouline en torrents de boue, l'homme meurt de sa fiente carbonée et irradiée, le poulet n'est plus aux hormones mais aux antibiotiques et nourri au maïs transgénique. Et les écologistes n’en finissent tellement pas de ne pas savoir faire de la politique.

Le paysan est mort et ce n’est pas les numéros de cirque du Salon de l’Agriculture qui vont nous prouver le contraire. Les cow-boys aussi faisaient tourner les derniers indiens dans les cirques. Le paysan est un employé de maison chargé de refaire les jardins de l'industrie agroalimentaire.

On lui dit de couper il coupe, on lui dit de tuer son cheptel il le tue, on lui dit de s'endetter il s'endette, on lui dit de pulvériser il pulvérise, on lui dit de voter à droite il vote à droite...

Finies les jacqueries! Jean, la Commune n'en finit pas de se faire massacrer chaque jour qui passe.

Quand chanterons-nous "le Temps des Cerises" ?

Elle voulait le peuple instruit, ici et maintenant on le veut soumis, corvéable, vilipendé quand il perd son emploi, bafoué quand il veut prendre sa retraite, carencé quand il tombe malade...

Ici on massacre l'Ecole laïque, on lui préfère le curé, on cherche l'excellence comme on chercherait des pépites de hasards, on traque la délinquance dès la petite enfance mais on se moque du savoir et de la culture partagés...

Jean, je te quitte, pardon de t'avoir dérangé, mais mon pays se perd et comme toi j'aime cette France, je l'aime ruisselante de rage et de fatigue, j'aime sa voix rauque de trop de luttes, je l'aime intransigeante, exigeante, je l'aime quand elle prend la rue ou les armes, quand elle se rend compte de son exploitation, quand elle sent la vérité comme on sent la sueur, quand elle passe les Pyrénées pour soutenir son frère ibérique, quand elle donne d'elle même pour le plus pauvre qu'elle, quand elle s'appelle en 54 par temps d'hiver, ou en 40 à l'approche de l'été.

Je l'aime quand elle devient universelle, quand elle bouge avant tout le monde sans savoir si les autres suivront, quand elle ne se compare qu'à elle même et puise sa morale et ses valeurs dans le sacrifice de ses morts...

Jean, je voudrais tellement t'annoncer de bonnes nouvelles au mois de mai...

Je t'embrasse.

Philippe Torreton 

05 mars 2023

Déclaration de ‘’Résister Aujourd’Hui’’ au sujet du Théâtre Toursky à Marseille

 L’association ‘’Résister aujourd'hui’’ est très inquiète de la situation du Théâtre Toursky et de la santé de Richard Martin, son directeur qui a fait 20 jours de grève de la faim après une baisse de subvention.

 Nous avons pu grâce à lui, sur cette scène, défendre, à plusieurs reprises, les idées du programme du Conseil National de la Résistance et continuer de les propager en informant les citoyens et notamment notre jeunesse du danger et des désastres pouvant découler du racisme et de l’antisémitisme ambiants. 

 Le Toursky n'est pas un théâtre comme les autres mais un lieu ouvert aux populations défavorisées, il a une place à protéger surtout dans le contexte actuel avec une montée du mépris et de la haine envers les minorités et les migrants.

C'est un ferment de culture, un ferment de Paix, dans un monde où les puissants pour régner sur les plus faibles ne souhaitent pas que ces derniers soient cultivés.

 Nos aînés, Résistants et déportés, de toute origines politiques ou confessionnelles, ont lutté parfois jusqu’au sacrifice suprême pour que l’Education et la Culture soient à la portée de tous.

 La survie de ce théâtre populaire permet à toute une population, notamment à la jeunesse, de se cultiver, de se divertir, de se réaliser tout en s’éloignant des fléaux sociaux que sont la violence, la délinquance et la drogue, entre autres.

 Richard Martin s’inquiète pour le théâtre qu’il a mis plus de 50 ans à en faire une référence nationale, même internationale.

 Après divers tentatives de négociation infructueuses début 2023, Richard Martin souhaite rencontrer personnellement Benoît Payan le Maire de Marseille.

 Nous souhaitons que s'instaure rapidement un dialogue constructif, avec tous les décideurs, municipalité, département et région, permettant à Richard Martin de reprendre des forces et au Toursky de reprendre sa navigation.

Nous lui adressons notre salut fraternel et l’assurons de notre soutien indéfectible devant son courage et l’abnégation dont il fait preuve.

Nous demeurons à ses côtés pour que la pérennité du Toursky soit assurée avec son fondateur et le successeur qu’il aura nommé.

 ‘’Résister Aujourd’hui’’ , Marseille le 4 mars 2023

 

Motion finale Assemblée Générale 2023

 

Les adhérents de ''Résister Aujourd’hui'', réunis en assemblée générale,                lancent un cri d’alarme :

 ¤  Devant  le risque de déboucher sur une 3ème guerre mondiale, les troupes russes d'occupation doivent quitter au plus tôt le sol ukrainien. En 1944 après les villes rasées, martyrisées de Caen, Saint Nazaire, Le Havre, Saint-Lô, Coutances, Orléans, Royan, Abbeville, etc…, après Oradour sur Glane et la rafle du Vieux Port à Marseille, il a fallu que les Résistants et les Alliés mettent hors de nos frontières les envahisseurs nazis. Peut-on penser que l'on aurait concédé un bout de notre territoire, l'Alsace et la Lorraine aux nazis allemands, la Savoie et le Comté de Nice aux fascistes italiens ?

Pourquoi demander aux ukrainiens de concéder le Donbass ou la Crimée ?

Après 1945 il y a eu le procès de Nuremberg, il sera indispensable qu'il y ait un procès pour les crimes contre l’humanité de Poutine et ses complices.

¤  Écrasés par les images quotidiennes de l’Ukraine, celles du conflit israélo-palestinien qui s’intensifie depuis l’arrivée au pouvoir d’une alliance avec l’extrême droite.

Nous sommes révoltés et dénonçons toutes les guerres et exactions commises dans le monde foulant au pied les Droits Humains élémentaires, que ce soit en Europe, en Afrique, en Asie ou en Amérique.

 ¤ Devant  la montée insidieuse de la droite extrême en Europe, récemment avec les ‘’Démocrates de Suède’’, héritier d’un groupe néo-nazi et avec les ’’Fratelli d'Italia’’, organisation ouvertement  fasciste, qui ont accédé récemment au pouvoir.

 ¤ Face à l’extrême droite, en France, qui, sous des allures convenables et institutionnelles, prône l’intolérance en faisant le lit du racisme et de la xénophobie en encourageant  des groupes de l’ultra droite violente.

 ¤  Devant ces groupuscules extrémistes, ceux de la mouvance identitaire, notamment en France, pour qui nous demandons des enquêtes approfondies et exigeons leur dissolution, avec interdiction pour leurs dirigeants de se reconstituer.

 ¤ Devant le traitement inhumain des migrants aux frontières de l’Europe et sur les mers nous rappelons l’article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme stipulant :

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits »

 ¤ Devant la mainmise de Vincent Bolloré sur les principaux médias français offrant des tribunes à l’extrême droite.

 ¤ Devant la révolte des femmes iraniennes contre le pouvoir islamiste et la résistance des femmes afghanes contre les talibans.

 ¤ Face aux menaces sur les libertés individuelles et collectives que préfigure la montée insidieuse des extrême-droites en Europe et notamment en France.

 ¤ Nous appuyant sur les valeurs de la Résistance, nous continuerons à dénoncer, avec force et détermination les atteintes aux Droits de l’Homme, les épurations ethniques, les crimes contre l’Humanité et les crimes de guerre.

 ¤ Nous resterons, en cela fidèles à celles et ceux  qui ont crié, pensant aux générations futures : « Plus jamais çà » en dénonçant ces dérives dangereuses régénérant le terreau sur lequel germent toujours les idéologies totalitaires.

 ¤ Nous n’oublions pas que la passivité des Démocraties, dans les années trente, permit la victoire d’Hitler, alors que déjà, il aurait fallu résister.

 ¤ Nous continuerons à développer l’œuvre  de mémoire, par toutes les initiatives possibles, par le développement du Concours National de la Résistance et de la Déportation, par la visite organisée des lieux de Mémoire, notamment ceux du Camp des Milles–Aix en Provence et du Mémorial des Déportations à Marseille.

 ¤ Nous renouvelons notre proposition de faire entrer au Panthéon le résistant Arménien, chef des FTP MOI, héros de l’Affiche Rouge, Missak Manouchian.

 L’actualité nous alerte aujourd’hui sur l’engrenage résistible qui peut mener  des crispations identitaires aux crimes de masse, car plus il sera avancé, plus les résistances seront difficiles.

 Nous sommes des passeurs de mémoire et voulons être des lanceurs d’alerte, des vigiles de la Liberté et appelons les françaises et les français à nous rejoindre pour reprendre, à nos côtés, le flambeau de la Résistance.

Résistons ensemble, aujourd’hui, face à toutes les haines, contre toutes résurgences néofascistes et atteintes à la dignité humaine, aux Droits Humains, à l’éducation et à la culture.

 Marseille le 4 mars 2023.