15 mars 2017

Conférence de Michel Vial sur le C.N.R. à Joyeuse (Ardèche)

 « Les Jours heureux » est le nom donné au programme du Conseil National de la Résistance adopté à l'unanimité le 15 mars 1944, il y a 73 ans, par seize hommes appartenant aux huit grands mouvements de résistance, aux deux grands syndicats d’avant-guerre, la CGT et la CFTC et aux six principaux partis politiques de la 3ème République.

 Ce programme qui préparait la renaissance de la France

après cinq années de trahison,

cinq années de fascisme vichyssois soutenu par le nazisme hitlérien,

cinq années de chasse à l'homme,

cinq années d'esclavage, de pillage et de meurtres

ce programme est encore au cœur du système social français.

 72 ans après la fin de la 2ème guerre mondiale,

l’histoire de cette Résistance en France et l’existence du Conseil National de la Résistance suscitent toujours des débats et des controverses

et il est nécessaire de préciser ce qui s’est réellement passé.

Je ne suis pas historien, je ne suis pas un témoin conscient de cette période, j’avais 8 ans lors de la création du CNR et mon éclairage de cette période est celui d’un militant, fils de Résistant, ayant eu des proches Déportés,

impliqué depuis plus de 20 ans dans l’action pour perpétuer la mémoire de cette épisode de l’histoire de France et éviter que cela ne se reproduise.

 ·       Je vais d’abord tenter de resituer ce qui précéda cette époque

·       Puis j’aborderai la naissance du CNR et l’élaboration de son programme

·       Je rappellerai les appels des vétérans de la Résistance

le 14 mars 2004 à Paris puis le 14 mai 2011 au plateau de Glières.

·       Et je conclurai sur les nécessités d’action pour préserver les acquis du CNR aujourd’hui.

 Resituons très rapidement l’époque précédant la 2ème guerre mondiale

L'humiliante défaite allemande de 1918, l'hyper-inflation de 1923 et la grande crise économique de 1930 qui ont concouru à la prise du pouvoir par les nazis.

Mais celle-ci n'était pas inéluctable.

De 1919 à 1933, nombre de responsables politiques, judiciaires ou militaires auraient pu stopper la carrière du futur dictateur mais pis encore, beaucoup l'ont favorisée pensant qu'ils pourraient en tirer profit.

Le parti National socialiste d’Hitler ne récoltait que 2,6% des voix aux élections législatives de 1928, mais, après la crise économique de 1929 et la montée du chômagele mouvement d’Hitler en rafle huit fois plus en 1930 avec 18 %.

Et deux ans plus tard, après une campagne électorale extrêmement brutale,

il devient le premier parti du Parlement avec 37 % des suffrages et est appeler à gouverner en 1933.

rappelons qu'en 1936, les patrons français clamaient à qui voulait les entendre :

"plutôt Hitler que le Front Populaire".

et nous savons ce qu’il arriva

Le 3 septembre 1939, suite à l'agression de la Pologne,

la Grande-Bretagne puis la France déclarent la guerre à l'Allemagne.

Et cette ‘’drôle de guerre’’ de 8 mois, sans combats, se termine le 17 juin 1940

quand le maréchal Pétain annonça la capitulation de la France

Le jour même, quelques Français  se disent "révulsés" comme Germaine Tillion,

cofondatrice quelques semaines plus tard du premier réseau de résistance, le réseau du Musée de l’Homme.

Le démocrate-chrétien Edmond Michelet à Brive

et le communiste Charles Tillon à Bordeaux font de même.

Le soir même, Daniel Cordier, jeune de 17 ans maurrassien (à l’époque) et futur secrétaire de Jean Moulinrédige à Pau un tract "contre le traître Pétain".

 Le lendemain le Général De Gaulle lance son appel de Londres.

La Résistance à l’occupant nazi est née.

 Les Résistants étaient des hommes et des femmes de tous âges mais souvent jeunes, très jeunes, issus

·       de toutes les couches sociales

·       de toutes les sensibilités politiques de gauche comme de droite,

·       de toutes les sensibilités philosophiques et religieuses.

·       de toutes origines, des étrangers ont combattu aux côtés des Résistants français : antifascistes italiens, antinazis allemands et républicains espagnols réfugiés en France,

immigrés polonais, tchécoslovaques, arméniens, juifs apatrides.

Ces Résistants constituaient une toute petite minorité courageuse,

petite minorité qui a suscité à la fin de l’occupation un mouvement social beaucoup plus vaste,

entraînant l’adhésion de l’immense majorité des français.

 Les motivations des Résistants étaient diverses :

·       refus de la défaite et de l’occupation allemande pour certains,

·       refus du régime de Vichy et de la collaboration,

·       refus de la répression et des mesures antisémites,

·       volonté de combattre pour libérer la France et changer profondément la société.

 La Résistance a revêtu des formes multiples qui allaient

de l’écoute de Radio Londres

jusqu’à l’action directe ( les attentats ou le sabotage)

la lutte armée dans les maquis en passant par les manifestations patriotiques, 

le renseignement,

la diffusion de la presse clandestine,

la participation à des réseaux d’évasion notamment des Juifs,

le refus du travail obligatoire (STO) mis en place à partir de la fin 1942

 Les Résistants étaient isolés et ne pouvaient guère compter sur la population accablée par la défaite, soucieuse d’assurer d’abord sa survie et terrorisée par les menaces de représailles.

Ils ne pouvaient pas compter non plus sur l’aide des alliés qui a tardé à venir et est restée limitée.

 Ils ont dû surmonter leurs propres divisions :

·       Cohabitation conflictuelle entre communistes, non communistes et anti communistes,

·       Cohabitation équivoque entre les partisans du Général De gaulle et les anti-gaullistes.

·       Désaccord sur le plan stratégique entre ceux qui préconisent le sabotage et la lutte armée immédiate et ceux qui privilégiaient le renseignement, la propagande, l’aide aux pilotes alliés abattus et aux prisonniers évadés, cela dans l’attente des troupes alliées.

·       Opposition enfin, entre ceux qui entendaient combattre pour des changements profonds et ceux qui souhaitaient simplement un retour à la situation d’avant-guerre.

 L’unité n’était pas acquise, ce fût laborieux

 Quelques dates marquantes ont favorisé le développement de la Résistance:

·       En juin 1941, l’attaque allemande contre l’Union Soviétique a renforcé la détermination des Résistants communistes qui constituaient, depuis 1940, la cible privilégiée de la répression vichyste et nazie.

·       En septembre 1942, l’établissement du service du travail obligatoire (le STO) a poussé les réfractaires à rejoindre les maquis.

·       En novembre 1942, l’invasion de la Zone Sud par la Wehrmacht a discrédité le régime de Vichy incapable de s’y opposer et a uniformiser les raisons de la Résistance dans les deux zones.

·       En février 1943, la capitulation de l’Armée allemande à Stalingrad a fait s’éffondrer le mythe de l’invincibilité de la Wehrmacht et de la victoire définitive du Reich hitlérien auquel le régime de Vichy avait adhéré.

La France libre avait besoin de se faire reconnaître par la Résistance intérieure

et la Résistance intérieure avait besoin de l’aide de la France libre.

Il fallait rechercher un compromis efficace faisant fi des divergences entre les uns et les autres.

En janvier 1942, De Gaulle envoye Jean Moulin en France avec pour mission d’unifier la Résistance intérieure.

Au printemps 1943, les mouvements de la Zone Sud fusionnent dans les Mouvements Unis de Résistance ( les MUR) et ceux de la Zone Nord commencent à coordonner leur action.

 Le Conseil National de la Résistance est créé le 27 mai 1943, présidé par Jean Moulin puis après son arrestation en juin 1943 par Georges Bidaut.

 Le Programme du Conseil national de la Résistance intitulé « Les Jours Heureux »

fût adopté à l'unanimité le 15 mars 1944

 Ce programme fixait les conditions de la lutte immédiate pour la libération du territoire français

et les mesures à appliquer après la libération pour rétablir la légalité républicaine

et promouvoir de profondes réformes sur le plan économique et social.

La majorité des propositions fut effectivement appliquée

entre la Libération de 1944 et le début de 1946.

Par rapport à d'autres programmes de gouvernement, une des spécificités du programme du CNR est d'avoir été adoptée par tout l'éventail politique représenté au sein de la Résistance française.

 Ce texte audacieux est à l’origine, entre autres,  de nombreuses conquêtes sociales

·       la sécurité sociale, les retraites généralisées et décentes,

·       le droit à la santé, à l’éducation et à la culture pour tous, il visait à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence lorsqu’ils étaient incapables de se les procurer par le travail, la sécurité de l'emploi, la réglementation des conditions d'embauche etc… etc….

Il est d’une troublante actualité car toutes ces conquêtes sont aujourd’hui remises en cause, démantelées, oubliées.

 Déjà le 4 octobre 2007, Denis Kessler, ancien n°2 du Medef disait :

«  il s’agit de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme national de la Résistance ! »

Puis en 2012 l’historien Jean Tulard déclarait que le Programme du Conseil National de la Résistance, "datant de 1945, est obsolète aujourd'hui à cause de la mondialisation".

Comme si les démocrates du 21ème siècle ne savaient pas actualiser l’esprit, les valeurs et le contenu de ce programme avant tout humaniste.

Mais en s’attaquant aux conditions de travail, à la santé, à l’école, aux retraites, à l’éducation, à la culture…en clair aux grands acquis du CNR, en développant l’exclusion, le racisme, en expulsant à tour de bras, en laissant monter la haine de l’autre, c’est aux valeurs républicaines de la Nation que l’on s’attaque.

 Autant de raisons de défendre le riche héritage du Conseil National de la Résistance qui mérite de ne pas tomber dans l’oubli.

Il est nécessaire et indispensable de le faire connaître au plus grand nombre comme il est nécessaire et indispensable de rappeler également le contenu de la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme » dont l’esprit et l’application sont remis en cause quotidiennement.

 Il est nécessaire et indispensable que tous les citoyens se retrouvent, se rassemblent sur les bases de ces deux textes fondamentaux.

Il est nécessaire et indispensable que l’ensemble des forces vives de la nation

‘’s’insurge pacifiquement’’ comme le préconisait Stéphane Hessel dans ‘’Indignez-vous’’

 ·       le 8 mars 2004, 13 vétérans de la Résistance lance un ‘’Appel aux jeunes générations’’

 ·       le 14 mai 2011, au Plateau de Glières, c’est 15 anciens résistants qui dénoncent  

« la remise en cause du socle des conquêtes sociales de la Libération.

Cette tendance régressive, écrivaient-ils, s’accélère dramatiquement, nombre de citoyennes et citoyens s’en indignent, partout la prise de conscience que les valeurs, toujours actuelles, incarnées en 1944 dans le programme du Conseil National de la Résistance ouvrent l’espoir qu’un mieux-vivre ensemble est possible.

Il est aujourd’hui concevable de définir un nouveau "programme de la Résistance" pour notre siècle.

Au lieu de cela, le débat public semble privilégier les manœuvres politiciennes au service d’intérêts particuliers sans traiter :

- des causes politiques des injustices sociales,

- des raisons des dérégulations internationales,

- des origines des déséquilibres écologiques croissants. »  

 Comme en 2004, notre association ‘’Résister Aujourd’hui’’ souhaite que les citoyens, les partis, les syndicats, les associations participent à l’élaboration d’un Projet de Société du 21ème siècle

projet initié par les «Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui » auquel nous participons depuis le début nous inspirant du programme du CNR « Les jours heureux » persuadés que ce programme politique constitue toujours un repère essentiel de l’identité républicaine française.

 Nous avons appeler tous les partis politiques, toutes les candidates et candidats à la présidentielle et aux législatives à prendre les 3 engagements que nous suggéraient nos vétérans de la Résistance :

Premièrement, afin de garantir l’égalité :

Lancer immédiatement le travail législatif et réglementaire qui permettra de reconstituer les services publics et institutions créés à la Libération pour aller vers une véritable démocratie économique et sociale.

Possible en 1944, cette démarche l’est d’autant plus aujourd’hui alors que le pays n’a cessé de s’enrichir depuis. Droit à la santé pour tous, droit à une retraite, droit à l’éducation, droit au travail, droit à la culture demeurent les seuls véritables garants de l’égalité républicaine. Une égalité qui n’a de sens que dans le respect du droit des étrangers.

Deuxièmement, afin de garantir la liberté :

- Approfondir la forme républicaine du gouvernement afin de séparer clairement les pouvoirs et renforcer la démocratie parlementaire au détriment de notre régime présidentiel personnalisé.

- Développer de nouvelles pratiques de la démocratie dans laquelle l’action de la société civile sera reconnue et restaurer les conditions du principe à l’article 2 de la constitution actuelle :

« gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »

- garantir la qualité du débat démocratique et la fiabilité des contre-pouvoirs, en assurant à nouveau la séparation des médias et des puissances d’argent comme en 1944.

Ces 3 axes de débats devront aboutir à une démarche souveraine d’ « Assemblée constituante » vers de nouvelles pratiques républicaines.

 Troisièmement, afin de garantir la fraternité :

Travailler les coopérations avec les peuples et les pays, en refusant l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

Favoriser résolument des solutions soutenables pour les équilibres écologiques, dans les limites de développement compatibles avec la survie humaine.

Ecarter de la marchandisation totale les besoins vitaux de l’être humain comme l’eau, la nourriture et l’énergie.

Il est temps de bien vivre ensemble, dans la haute-nécessité de l’épanouissement du plus grand nombre et d’offrir une perspective d’avenir prometteur aux jeunes générations.

A ceux et celles qui font ce siècle qui commence, les anciens Résistants déclaraient :

« Créer c’est résister. Résister c’est créer ».

 Notre association demandait récemment, dans une lettre ouverte aux candidats, que soient prises en urgence des mesures fortes privilégiant justement l’égalité, la fraternité, la justice sociale et le bien vivre et agir ensemble, par delà les opinions et les origines. 


Fidèles à l’esprit et aux valeurs du Conseil National de la Résistance,

nous leur demandions de s‘engager sur de telles mesures, notamment : 

• Pour l’application stricte de la loi quand des appels à la haine,

à l’exclusion et à la division sont lancés, en particulier par des élus de la République 
• Pour un brassage des individus, des cultures et des mentalités,

en particulier au niveau de l’Ecole, du Travail, de l’Habitat,

ainsi que par un service civique ou militaire obligatoire pour tous les jeunes, filles et garçons.
 
• Contre le terrorisme en privilégiant une politique de Paix et de Sécurité.
 
• Contre le caractère mensonger et dangereux des idées prônées par l’extrême droite.
 
Face à la montée de l’extrême droite et des radicalisations qui se nourrissent les uns des autres, face aux peurs et aux violences, face à la crise morale qui laisse prospérer les racismes, face au terreau des injustices et des frustrations sociales, nous demandons que le nouveau président fasse du projet démocratique et de l'idéal humaniste un horizon de progrès social et de paix pour l'Humanité.                                           
C’est pour cela que nos ainés se sont battus dans les maquis et la France libre. C’est de cela que la France est fière aujourd'hui encore, et non de ceux qui ont combattu la Résistance et dont les héritiers relèvent la tête dans toute l’Europe. (nous n’avons reçu que quelques réponses)
le programme du CNR prévoyait :

 ¤  l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel.

·     ¤ la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression

·     ¤ la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères 

·    ¤ la liberté d’association, de réunion et de manifestation 

·    ¤ l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance 

·    ¤ le respect de la personne humaine 

·    ¤ l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi 

Au fait que reste-t-il à détricoter des « JOURS HEUREUX » :

Regardons point par point, ce qu’il reste des éléments économiques, sociaux et culturels du programme du Conseil National de la Résistance

a) sur le plan économique, il était prévu 

¤ l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie . 

Détricoté ! De nouvelles féodalités ont remplacé les anciennes et le Club du Fouquet’s a pris la place du Comité des Forges, on a privatisé un nombre croissant de services publics, l’eau, l’énergie ou la gestion d’infrastructures comme les autoroutes à péage et le réseau ferré)

 ¤ Une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature instaurée à l’image des Etats fascistes .

Détricoté! Le Commissariat Général au Plan n’existe plus depuis qu’il a été supprimé en 2006. On a laissé la porte ouverte aux néo-libéraux qui ont pu ré-instaurer leur modèle : 
la dictature du marché qui est aussi détestable que toutes les dictatures.

¤ l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’Etat après consultation des représentants de tous les éléments de cette production. 

Détricoté ! depuis 1983, il n’y a plus de politique industrielle de la France 

¤ le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques .

Pas totalement détricoté ! mais on n’est pas loin.

 ¤ le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales .

Pas détricoté ! sur ce point le CNR a largement failli, le mouvement coopératif et de manière générale l’Economie Sociale et Solidaire n’a pas connu de grandes envolées sauf peut-être les mutuelles et là, on détricote à grande vitesse, notamment pour tout ce qui est mutuelle de santé. 

¤ le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

Pas détricoté ! car à part les Comités d’Entreprises et quelques places dans les C.A. d’entreprises nationalisées et dénationalisées, on n’est pas allé bien loin.

 b) Sur le plan social : là je vous laisse témoins de ce qui a été détricoté ou non

¤ le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail

¤ un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

¤ la garantie du pouvoir d’achat national pour une politique tendant à une stabilité de la monnaie ; 

¤ la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

¤ un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ;

 ¤ la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;

¤ l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs,

¤ une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours.on vient encore de geler

 c) sur le plan culturel

 ¤ la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents.

Dans ce domaine, c’est vraiment le vide, on en est témoins chaque jour.

 Et le programme se termine par :

L’union des représentants de la Résistance pour l’action dans le présent et dans l’avenir, dans l’intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant.

Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme et tout ferment de division qui pourrait freiner leur action et ne servir que l’ennemi.“

voila ce que déclarait le CNR le 15 mars 1944

Jusqu'à la Libération, le programme du CNR n'a connu qu'un impact relativement faible.

Après son adoption à Paris, le programme fut rapidement connu à Alger, mais en dépit d'un vote unanime des délégués de l'assemblée consultative d'Alger,

le programme du CNR n'a pas reçu l'approbation officielle du Comité Français de Liberation Nationale

Au moment de la Libération de Paris, le CNR avait prévu de remettre solennellement le programme au général de Gaulle et de l'inviter à proclamer la République, personne ne remit le Programme à De Gaulle qui ne proclama pas la République puisqu'il défendait l'idée qu'elle n'avait jamais cessé d'exister.

 Le 7 octobre 1944, le CNR organise un vaste rassemblement au Vel d'Hiv  et fait acclamer par une foule immense les grandes lignes de son programme.

Pourtant, le gouvernement provisoire n'a jamais reconnu le programme du CNR. 

De Gaulle lui-même se garde bien de se référer au CNR lorsque le 12 septembre 1944, au palais de Chaillot, il annonce les « principes » qui vont guider son action, il avait déjà changé de discours depuis 1943

Malgré tout, entre août 1944 et octobre 1945, le gouvernement provisoire, sous la pression populaire, est amené à prendre une série d'ordonnances allant dans le sens des mesures préconisées par ce programme 

                     .        organisation de la presse, interdiction des concentrations;

·        institution des Houillères du Nord-Pas-de-Calais ;

·        contrôle de l'État sur la marine marchande ;

·        relèvement des cotisations de la sécurité sociale ;

·        nationalisation de Renault avec confiscation des biens de Louis Renault ;

·        institution des comités d'entreprise ;

·        transfert à l'État des actions des compagnies Air France et Air Bleu ;

·        ordonnance de base de la Sécurité sociale ;

·        statut du fermage et du métayage.


Des élections générales du 21 octobre 1945, les trois partis qui mettent en avant l'application du programme du CNR : le PCF, le SFIO et le MRP sortent vainqueurs avec 75 % des suffrages.

De Gaulle, élu président d'un gouvernement tripartite, à l'unanimité, le 21 novembre 1945, se déclare d'abord assez réservé vis-à-vis du programme du CNR, mais accomplit finalement, conformément à des promesses que René Pleven, ministre des finances, avait faites à l'Assemblée consultative en juillet 1945, un programme de nationalisations :

 

Du 2 décembre 1945 au 19 octobre 1946

 ·         nationalisation de la Banque de France et de 4 grandes banques de dépôt.

 ·        rétablissement de la loi des quarante heures ;

 ·        vote de la loi sur la nationalisation de l'électricité et du gaz ;

 ·        nationalisation des grandes compagnies d'assurances ;

 ·        extension du nombre et des attributions des comités d'entreprises ;

 ·        généralisation de la Sécurité sociale incluant la Retraite des vieux.

 ·        loi sur le statut de la fonction publique.

Après avoir revêtu une valeur emblématique dans laquelle se reconnaissaient les acteurs de la Libération au cours de la période 1944-1947, le programme du CNR disparaît de la scène publique pendant près d'un demi-siècle, l'éclatement de l'union née de la Résistance est consommé.

L‘action de la Résistance a été déterminante.

Nous devons rester fidèles à ce qu’ils ont fait en recréant les conditions d’une union, d’un consensus.

Après Charly Hebdo, ‘’le 11 janvier 2015’’  nous a montré que nous pouvons décupler nos efforts pour vivre ensemble, forts de nos différences et que c’était possible.

Tous les problèmes de la planète, que ce soit le changement climatique, la répartition des richesses, les Droits Humains Fondamentaux dépendent, aujourd’hui, de la dictature des marchés financiers.

Les entreprises n’ont pas besoin de la bourse pour fonctionner.

La seule vraie valeur est le travail et les échanges entre producteurs et consommateurs.

La société est en pleine déliquescence sociale.

Les services publics sont affaiblis par la logique comptable.

Les entreprises ne sont plus là pour faire travailler leurs employés et produire ce que la société a besoin mais pour enrichir les actionnaires et les banques.

Les paysans eux sont remplacés par des molécules toxiques…

Le système est en cause

pas les hommes.

Ces mesures mises en place par le C.N.R. dans un pays dévasté par la guerre qui ont dynamisé le pays, conduit aux 30 glorieuses, non seulement ne sont pas dépassées mais elles doivent être adaptées et amplifiées pour redonner au pays son dynamisme, son rayonnement dans le monde.

·        C’est sous la pression de la Résistance que le programme du C.NR. fût adopté le 15 mars 1943  et que De Gaulle déclarait le 3 novembre :

 « La France est résolue à de profondes transformations, elle veut faire en sorte que demain, la souveraineté nationale puisse s’exercer entièrement sans les pressions corruptrices d’aucune coalition d’intérêt privé. »

·        C’est sous la pression du Peuple que les mesures préconisées par le CNR furent appliquées  entre 1945 et 1947.

Avec toutes celles et tous ceux qui veulent lutter contre la bêtise humaine

pour une humanité fraternelle, pour une société plus juste et solidaire

écrivons l’avenir et exigeons avec détermination des femmes et des hommes prétendant nous gouverner

qu’ils infléchissent fortement l’évolution de la société,

Je terminerai par une citation de

Hannah Arendt, je la cite :

"Nous résistons au mal en refusant de nous laisser entrainer par la surface des choses, en nous arrêtant et en réfléchissant, en dépassant l’horizon du quotidien."

"L’esprit de désobéissance naît de votre jugement moral d’adulte qui vous dit que quelque chose ne tourne pas rond dans la société et vous incite à résister.

La désobéissance morale est la clé du progrès."

 De quoi réfléchir en cette période trouble que nous traversons.

 Michel Vial    Joyeuse Ardèche le 15 mars 2017