31 octobre 2013

Les Libertés essentielles sont menacées, faisons front ensemble

 


C’est l’unité forgée au sein du Conseil National de la Résistance dans la nuit de la clandestinité qui a permis, à la libération, la restauration de la République et l’approfondissement de la démocratie.
C’est aussi ce consensus né de la Résistance qui est à la base des progrès économiques et sociaux que la France a connu dès 1945.
Mais le temps a passé, le programme du C.N.R. de plus en plus démantelé, une crise économique et sociale qui exacerbe les conflits et pousse ceux, qui sont dans la précarité, à la désillusion, à l’amertume et parfois à des actes de révolte, de détresse.
Trompés par les discours populistes ils sont de plus en plus sensibles aux arguments démagogiques de ceux qui prônent une idéologie d’intolérance et d’exclusion.
Après les partielles de l’Oise, de Villeneuve sur lot puis de Brignoles la porosité entre des électorats déboussolés n’est pas une vue de l’esprit mais un danger imminent, d’autant qu’à la veille des échéances électorales de 2014, ces citoyens, souffrant dans leur vie quotidienne, désorientés, ont besoin que des mesures d’urgence soient prises sur le plan local, départemental, régional et national.
Des mesures à court terme créant massivement des emplois et boostant le pouvoir d’achat, la consommation et l’économie.
Des mesures à long terme privilégiant l’égalité, la fraternité et la tolérance entre tous.
Au moment où les idéologies racistes et xénophobes, soutenues tacitement par une partie de la classe politique, resurgissent, il faut apprendre à la jeunesse l’esprit civique, le sens de la citoyenneté et la tolérance.
Cette tolérance s’apprend par le brassage des individus, des cultures et des mentalités.
L’école laïque pour tous, la conscription générale qu’il faudrait rétablir sous une forme ou une autre, sont de rares moyens de brassage et d’intégration au moment où les lieux de socialisation notamment les partis politiques, les syndicats et les Eglises sont en crises profondes, la fracture sociale prétendument raciale continuant de s ’aggraver.
L’histoire nous enseigne que ce brassage s’est effectué dans les rangs de la Résistance et qu’il faut faire front ensemble lorsque les libertés essentielles sont menacées.
Une société réconciliée, digne du Conseil National de la Résistance, pourrait constituer une alliance objective et responsable de la droite à la gauche, des croyants aux non-croyants contre le danger commun.
Nous demandons solennellement à toutes les personnalités politiques, syndicales et confessionnelles et à tous les élus de la République de droite, du centre et de gauche de créer les bases d’un front démocratique opposant une utopie d’humanité à la dystopie d’horreur qui nous menace sournoisement.

Michel Vial, président de "Résister Aujourd'hui"

26 octobre 2013

Conférence sur Jean Amblard

 

Animée par :

sa fille Hélène Amblard, Maurice Galfré président des ‘’Amis de Richard Martin’’ et Michel Vial président de ‘’Résister Aujourd’hui’’

Projections du film de Raoul Sangla : « Jean Amblard Artiste d’Auvergne »

et de ses oeuvres sur Grand écran.

Nous avons accepté d’organiser ici au ThéâtreToursky à Marseille, cette conférence en présence d'Hélène Amblard, adhérente de notre association, fille de Jean Amblard, plasticien polyvalent, humaniste fortement engagé contre le fascisme et le racisme.                                                                                        Il méritait cet hommage.car nous voulions lier la culture et  la résistance comme nous l’avions fait lors de la grève de la faim de Richard Martin.

En 1924, dès ses 13 ans, Jean Amblard entre à l’école supérieure des arts décoratifs puis à 15 ans à l’Ecole Nationale des Beaux Arts où il rencontre Boris Taslitzky.

1924, l’année où Hitler écrit Mein Kampf, Mussolini et Salazar installent leur dictature

 Assoiffés d’humanisme Amblard et Taslitzky conçoivent leur démarche artistique comme une arme de paix et d’émancipation face aux fascismes montants.

Ensemble, Jean et Boris se veulent peintres de la réalité poursuivant le rêve d’une fraternité universelle

et rejoignent l’Association des Artistes et Ecrivains Révolutionnaires où militent Aragon, les frères Lurçat, Picasso,  Camille Saint Saens, Fougeron et tant d’autres.

En 1940 Jean Amblard refuse la défaite et l’occupation nazie.

Après Dunkerque et un passage par l’Angleterre, il retrouve ses amis dans la Résistance et la clandestinité, au Front National des Arts contre le fascisme.

Face à l’art nazi, il expose dans les Salons parisiens des dessins fort éloquents, tel le portrait de sa mère tricotant  devant un livre ouvert sur les devises Républicaines

  En 1943, menacé par la Gestapo, il retourne en Auvergne avec une « couverture » de peintre ethnographe.

Grièvement blessé lors des combats de la libération, il saute sur une mine à Colmar et perd une jambe et les phalanges de la main droite.

 La guerre est terminée, fin 1945 l’Etat lui commande la décoration du hall du Théâtre de St Denis, c’est là qu’il réalise ses grandes toiles des Maquis de France, œuvre  saluée par Elsa Triolet, Paul Eluard et Henri Matisse entre autres.

Il s’affirme parmi les artistes et artisans du programme du Conseil National de la Résistance, ce programme porteur d’espoirs, d’enthousiasme, se référant comme jamais au triptyque républicain, à la pleine liberté de pensée, de conscience et de création, l’accession à la culture la plus développée.

C’est en référence à la vie et à l’action de Jean Amblard et de tous les Résistants que nous luttons aujourd’hui contre tous ceux qui remettent en cause l’esprit et les acquis de ce programme.

Comme dans les années trente, les français sont de plus en plus sensibles aux discours populistes et le danger n’est pas une vue de l’esprit, il est imminent.

 En réagissant nous sommes fidèles à la mémoire de nos aînés.

 Notre association a décidé de lancer un appel à tous les responsables politiques, syndicaux, confessionnels que nous vous demandons d’approuver car il dépend largement de chacune et chacun d’entre nous, que le débat public reste au service de la démocratie et de la fraternité.

__________________________________________________________________________

 Appel approuvé par applaudissements du public

 « Réunis au Théâtre Toursky à Marseille ce 25 octobre 2013 en hommage au peintre résistant Jean Amblard, conscients du danger que représentent la progression du F.N. et de la mouvance identitaire dans notre pays et en Europe appelons à un sursaut républicain.

 Comme lors de l’effondrement de la République de Weimar en 1933, l’Europe connaît actuellement un chômage massif et parallèlement une poussée de l’extrême droite.

 Les Français, trompés par les discours populistes, sont de plus en plus sensibles aux arguments démagogiques de ceux qui prônent une idéologie d’intolérance et d’exclusion.

 La porosité entre des électorats déboussolés n’est pas une vue de l’esprit ( voyons Brignoles)

mais un danger imminent. 

A la veille des échéances électorales de 2014, les femmes et les hommes, souffrant dans leur vie quotidienne, désorientés, ont besoin que des mesures d’urgence soient prises.

 Des mesures à court terme créant massivement des emplois boostant le pouvoir d’achat, la consommation et l’économie.

 Des mesures à long terme privilégiant l’égalité, la fraternité et la tolérance entre tous.

car nous pensons qu’au moment où les idéologies racistes et xénophobes, soutenues tacitement par une partie de la classe politique, resurgissent, il faut apprendre à la jeunesse l’esprit civique, le sens de la citoyenneté et la tolérance.

Cette tolérance s’apprend, on le sait, par le brassage des individus, des cultures et des mentalités.

L’école laïque pour tous, la conscription générale qu’il faudrait rétablir sous une forme ou une autre, sont de rares moyens de brassage et d’intégration.

L’histoire nous enseigne que ce brassage s’est effectué dans les rangs de la Résistance, dans les camps de concentration et qu’il faut faire front ensemble lorsque les libertés essentielles sont menacées.

 Une société réconciliée, digne de l’esprit du Conseil National de la Résistance, pourrait constituer une alliance objective et responsable de la droite à la gauche, des croyants aux non-croyants contre le danger commun. 

 En mémoire à la lucidité, au courage et au sacrifice de toutes celles et tous ceux qui luttèrent pour notre liberté, nous dénonçons les déclarations démagogiques et haineuses fusant de tous bords, ainsi que les lâchetés quotidiennes.

Nous demandons à toutes les personnalités politiques, syndicales et confessionnelles et à tous les élus de la République de droite, du centre et de gauche de ne plus tergiverser et de créer les bases d’un front démocratique, en opposant une utopie d’humanité à l’utopie d’horreur qui nous menace sournoisement.

En 2013, trop peu d’entre nous songent à se regarder dans le miroir de l’histoire, redoutant leur propre image.

Einstein disait :

«  le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire »

En 1940 90% des français étaient pétainistes, ont regardé et ont laissé faire.  

Nous comptons sur vous pour nous aider à faire mentir l’affirmation que l’histoire est un éternel recommencement et nous dire ce que vous ferez pour cela.


Résister Aujourd'hui le 25 octobre 2013

 

 

 

 


20 octobre 2013

Le fruit Mordoré l'Alcazar à Marseille

 dans le cadre de 'Marseille 2013  "

Projet initial d'Anna Wexler et Irène Itkine, membres de ''Résister Aujourd'hui''      avec le soutien et l'organisation de notre association   

« L'aliment qui réjouit » Une performance commémorant le Croque-Fruit

 Ce projet est dédié à la mémoire de la coopérative « Le Fruit mordoré » généralement appelée Croque-Fruit. Elle a été créée en 1940 à Marseille près de la Porte d'Aix par Sylvain Itkine, homme de théâtre connu, sa soeur Georgette Gabay, Elio Gabay, Jean Rougeul et Guy d'Hauterive. Jusqu'en 1942, l'année de sa fermeture forcée, l'entreprise a produit une friandise délicieuse, nutritive et pouvant se conserver un certain temps. C'est Lucien Itkine, frère aîné de Sylvain, chimiste, qui en aurait eu l'idée et suggéré la composition : essentiellement des dattes et des amandes broyées, produits venant d'Afrique du Nord et non encore contingentés. Et Lucien a imaginé des recettes pour en varier les saveurs, voire la composition. Les Croque-Fruits, nom officiel de ces bouchées succulentes, ont eu un succès énorme dans cette période de pénurie alimentaire très sévère. Les slogans publicitaires : « l'aliment qui réjouit » et « la friandise qui nourrit », entre autres répondaient plus à un besoin d'une nourriture tout à la fois nourrissante et au goût agréable qu'à un désir de nouveauté.

 « Une utopie qui se concrétisa », comme l'a écrit Alain Paire, Croque-Fruit a fourni des emplois à près de 200 personnes, artistes, intellectuels, juifs que les lois de Vichy ont exclus du travail, réfugiés connus et inconnus. Elle était « l’exemple emblématique » parmi les entreprises qui aidaient les Juifs, d’après l’historienne Renée Dray Bensousan dans son livre précis et documenté, Les Juifs à Marseille (1940-44).ii Les travailleurs étaient aussi partie prenante des décisions. Parmi les plus connus, on peut citer Benjamin Péret, Oscar Dominguez, Jacques Hérold, Sylvia Bataille, Jean Malaquais, Francis Lemarque. Outre la production de friandises, les autorisations commerciales de la coopérative ont permis la circulation de paquets de tracts et le développement de contacts avec le mouvement de résistance Combat.

Après la fermeture du Croque-Fruit avec l'arrivée des Allemands à Marseille en novembre 1942, les frères Itkine ont continué leur courageux engagement à Lyon, où ils faisaient partie d'un réseau de renseignements pour les Mouvements unis de Résistance (MUR), Sylvain étant chef du service sécurité. Tragiquement cette fois, ils ont payé de leur vie – Sylvain, arrêté et torturé jusqu'à la mort par la Gestapo et Lucien raflé et déporté vers Auschwitz-Birkenau puis Mauthausen.

La coopérative était située dans un vieil immeuble, dans une partie de la rue des Treize escaliers détruite après la guerre. Même le fragment de la petite rue qui subsistait est maintenant « rayé de la carte »par la machinerie rénovatrice d'Euro-Méditerranée, comme l'explique un article récent dans La Provence (27 décembre 2010) : « Croque-Fruits, l’aventure oubliée d’une belle utopie ». Pour la tirer de l'oubli de l'Histoire, et en mémoire des frères Itkine et des autres participants, je propose une performance commémorative, si possible près du site d'origine, et qui se tiendrait aussi dans d'autres lieux à trouver. Elle reproduira plus ou moins le processus de production, avec sa division des tâches au sein des équipes. Les artistes collaborateurs enchaîneront les actions – mélanger, couper,  rouler, enrober, empaqueter la friandise. De cette dynamique naît une recréation du Croque-Fruit original.

Un entrelacement de textes lus – des noms de travailleurs de la coopérative, les ingrédients présents dans les recettes, des fragments de témoignages signifiants -ponctuera l'action, comme une incantation alternativement percutante et fluide.

Pour commémorer de façon active le courage et la vision manifestes dans cette utopie concrétisée, les performers vont poser des questions sur ses implications possibles dans notre présent, avec ses chocs et déplacements, conséquences de la globalisation, et devant l'urgence du besoin de modèles coopératifs visant à créer des économies soutenables.

Je suis artiste-performer, poète et professeur d'anthropologie à Boston, Massachusetts, membre du Mobius Artists Group, une association coopérative pour le soutien et le développement des œuvres expérimentales à travers tous les médias artistiques (vous pouvez consulter www.mobius.org/user/24 pour avoir des informations sur les projets que j'ai mis en oeuvre). Avec la participation et la consultation experte d'Irène Itkine, fille de Lucien Itkine nous avons commencé à dresser un plan pour notre projet commémoratif. Nous avons consulté attentivement les archives sur le Croque-Fruit présentes à la Bibliothèque nationale de France, y compris les recettes de Lucien que nous avons tenté de recréer, non sans succès. Nous avons recherché quelques lieux possibles à Marseille pour la performance. Nous avons discuté de notre projet avec d'autres membres de la famille, en premier lieu avec Catherine Itkine-Hénon, fille de Sylvain et aussi avec d'anciens travailleurs du Croque encore en vie. Maintenant nous explorons la possibilité de situer notre performance dans le cadre de Marseille 2013.

 Anna Wexler

Boston le 25 mars, 2013

 

Ce projet a pris forme et cette performance a été programmée et organisée par "Résister Aujourd'hui" les 15 et 19 octobre 2013 à la médiathèque « l’Alcazar de Marseille »

 

Cliquer sur le lien ci-dessous ;

https://www.youtube.com/watch?v=WypXr2jV7sU