15 décembre 2009

Une analyse de ''Résister Aujourd'hui'' pour le Forum Social Mondial (permanent en Provence)

Tous les problèmes de la planète, que ce soit le changement climatique, la répartition des richesses, les Droits Humains Fondamentaux dépendent de la dictature des marchés financiers.

Les entreprises n’ont pas besoin de la bourse pour fonctionner.

La seule vraie valeur est le travail et les échanges entre producteurs et consommateurs.

Société en pleine déliquescence sociale.

Services publics affaiblis par la logique comptable.

Les entreprises ne sont plus là pour faire travailler leurs employés et produire ce que la société a besoin mais pour enrichir les actionnaires, les banques et les traders

Les paysans eux sont remplacés par les molécules toxiques…

Le système est en cause pas les hommes.

 Exiger avec détermination de nos gouvernants qu’ils infléchissent fortement l’évolution de la société.

Résister Aujourd'hui dans le cadre d'un Projet pour le 21ème siècle s'y attellera, nous serons ainsi fidèles à la mémoire de nos aînés, à l'esprit du programme du Conseil National de la Résistance et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

27 novembre 2009

lettre au Pdt du Conseil Général de Haute Savoie

 

Le 27 novembre 2009

    à          M. Christian Monteil, 

Président du Conseil Général de Haute Savoie 

Hôtel du Département 

BP 2444 

74041 Annecy                                              


Monsieur le Président,

 Nous recevons une lettre de M. et Mme Blanc ( copie ci-jointe ) nous informant de leur étonnement  et de leur désaccord lors de la visite guidée du Plateau de Glières le 20 septembre dernier.

Des miliciens auraient aidé les Résistants, d’après deux jeunes femmes chargées de l’encadrement du site.

Nous sommes choqués comme nos concitoyens par cette version de l’histoire.

Notre association a été créée en 1994 pour perpétuer la mémoire de la Résistance et de tous ceux qui ont résisté contre « Vichy » et la barbarie nazie.

Nous défendons les intérêts moraux  et l’honneur des Résistants et nous opposons résolument à cette tentative de type négationniste visant à dénaturer les actions, l’esprit et les valeurs de la Résistance.

 Pourriez-vous, Monsieur le Président, nous éclairer sur cette situation et  si nécessaire, faire prendre des dispositions pour que cela ne puisse plus se reproduire.

 Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’expression de notre haute considération.

 Pour le bureau National de ''Résister Aujourd'hui''

 Le Président                                            Michel Vial

25 novembre 2009

Conférence de presse au Théâtre Toursky à Marseille

 

Intervention de Michel Vial au nom de « Résister Aujourd’hui »  

Nous sommes aujourd’hui plusieurs associations* auprès de Richard Martin, défendant toutes les droits de l’homme et le droit à la culture pour tous, la Cimade, la LDH, le MRAP, le Collectif 13 des Droits des Femmes et Résister Aujourd’hui.

Il me souvient que le père dominicain Jean Cardonnel, ardent défenseur des Droits de l’homme, membre de notre comité de parrainage avait l’habitude lorsque nous passions des heures à refaire le Monde à m’appeler « son frère en humanité » car nous partagions l’essentiel, lui le catholique progressiste et moi l’agnostique.
Et aujourd’hui, tout naturellement je te considère, Richard comme « mon frère en humanité » car nous menons les mêmes luttes pour la dignité de l’homme.
« Résister Aujourd’hui » que je représente t’a soutenu et te soutient toujours dans ton combat pour réclamer la restitution des subventions que l’Etat t’a graduellement et totalement supprimées.


Héritiers des valeurs de la Résistance nous voulons perpétuer la mémoire du Conseil National de la Résistance et de son programme rédigé en 1944.

Nous appelons aujourd’hui, solennellement, aux côtés de Richard Martin, tous les citoyens à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Des Résistants, des femmes, des hommes se sont battus parfois jusqu’au sacrifice suprême, d’autres ont connu les camps de la mort pour défendre ses idéaux.

Le droit à la culture est un droit élémentaire, nul n’a le droit de le mettre en cause.
Ce droit est un service public comme la santé, le savoir et la recherche.
Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération? Les politiques, les intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature des marchés financiers qui menace la démocratie et l’émancipation de l’homme.
Nous devons faire fi de tous les mensonges et affirmer que le Toursky, comme les autres structures, a besoin de ses subventions.
Nous ne croyons pas aux miracles, mais à la volonté politique
En mars 2004, d’anciens Résistants parmi lesquels Lucie et Raymond Aubrac, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Lise London et Germain Tillion appelaient à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée.
Le théâtre Toursky doit être le ferment, si nécessaire, de cette insurrection pacifique car il est une plaque tournante des échanges culturels méditerranéens européens et mondiaux et qu’il représente un relais incontournable d’une culture pour tous dans le droit fil de l’aventure initié par Jean Vilar et Roger Planchon.

Sois assuré, Richard, que notre association restera mobilisée jusqu’à la restitution de tes subventions.

Marseille le 25 novembre 2009

13 octobre 2009

lettre au Président de la République - Théâtre Toursky à Marseille

 


Courrier adressé par Michel Vial à Nicolas Sarkozy au sujet du Théâtre Toursky

Monsieur le Président de la République,

Nous nous adressons à vous pour vous alerter de la grève de la faim, entamée le 3 octobre 2009, par Richard Martin, directeur du Théâtre Toursky à Marseille qui réclame, en vain, que lui soit restitué les subventions de l’Etat qui lui ont été graduellement et totalement supprimées au cours des années.

Richard Martin a créé, il y a 38 ans, un théâtre dans un quartier populaire de Marseille, ce qui représentait un pari fou et des risques énormes. Le théâtre Toursky est devenu un théâtre mythique, une plaque tournante des échanges culturels méditerranéens et européens.
Il est reconnu par sa programmation favorisant les échanges avec 24 pays, ses combats pour rendre la culture accessible à tous, sa lutte contre l’exclusion, l’intolérance et le racisme, son ouverture sociale et son travail de création.
Le Théâtre Toursky représente un relais incontournable d’une culture pour tous situé dans le droit fil de l’aventure initiée par Jean Vilar et Roger Planchon.

Nous connaissons vos engagements personnels multiples sur la culture.
Vous avez déclaré, le 4 avril 2007 :

« Je veux que la culture soit faite pour le Peuple. Je stimulerais la création et je rendrais la culture accessible au plus grand nombre parce que c’est une source de liberté , d’épanouissement et de paix sociale. »
Vous vous êtes assigné cinq priorités pour votre politique culturelle, entre autres
« ….de faire entrer la culture et l’art dans les quartiers, ce que Jean Vilar voulait faire avec le TNP ………….je voudrais que nous le fassions dans les banlieux…………Je souhaite que cette démarche soit soutenue et encouragée par l’Etat……… »

et vous insistiez :
« ….le principe du soutien public au théâtre vivant est intangible à mes yeux. »
Devant le Congrès, le 22 juin 2009 vous vous référiez au Conseil National de la Résistance.
Héritiers des valeurs de la Résistance, nous nous référons aussi au C.N.R. et à son programme dans lequel des Résistants de toutes opinions rêvaient d’un droit à la culture pour tous qu’ils adoptèrent dans leur programme le 15 mars 1944 et qu’ils appliquèrent dès le premier gouvernement de la 4ème République.

Il semble que le ministère de la culture et particulièrement sa direction régionale PACA n’applique pas votre politique culturelle, celle que le C.N.R. préconisait, en supprimant toutes les subventions au théâtre Toursky, cette structure qui répond à la dimension internationale du projet de Marseille capitale européenne de la culture en 2013.

Une délégation du comité de soutien à Richard Martin se rendra ce jeudi 15 octobre à 14h30 au ministère de la culture. Nous vous demandons de bien vouloir intervenir d’urgence pour une réponse positive afin d’éviter un drame et pour que la culture reste vivante notamment dans les quartiers défavorisées.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de notre haute considération.
Pour ''résister Aujourd'hui   le Pdt  Michel Vial

28 avril 2009

Dieulefit, village de « Justes »

 

Aux pires périodes de la seconde guerre mondiale, un millier de réfugiés seront passés par Dieulefit. Anne Vallaeys nous raconte une histoire : celle des habitants qui firent de leur village un havre de paix

On a quelque scrupule à parler de Dieulefit. Ce bourg du Sud-Dauphiné, situé dans les montagnes de la « Drôme provençale », ne demande qu’à rester caché du monde. [...]

Caché, s’y cacher, y être caché. Dans son joli récit, Anne Vallaeys [raconte l’histoire] des habitants de Dieulefit qui, durant la Seconde Guerre mondiale, firent de leur village un havre de paix, un refuge pour les proscrits, une halte bénéfique au flanc d’une histoire faite de violences et d’exils. Dans ces collines rudes, qui se prennent carrément pour des montagnes – sans égaler en sensations fortes le Vercors situé plus au nord –, des Français de tous métiers, des artisans, des commerçants, des industriels, des médecins, des hommes et des femmes, des protestants (surtout) mais aussi des catholiques, et des sans-religion ont tissé durant les années noires un filet de protection pour les apatrides, les juifs, les communistes, les pourchassés, les enfants orphelins.

Parmi ces héros d’une résistance sans bruit, parce que toute naturelle, se détachent des personnalités fortes, étranges, comme celles des « demoiselles Marguerite Soubeyran et Catherine Kraft », fondatrices de l’école de Beauvallon, à l’écart du bourg. À l’origine, une école-pensionnat pour les gamins difficiles, les « cas lourds », les indisciplinés. Des pionnières de ces « écoles nouvelles » semées dans l’avant-guerre aux marges de l’école officielle et qui, après 1968 (et Ivan Illich), connaîtraient un regain de vigueur. Des écoles de la liberté et de la responsabilité.

Quand s’imposa l’évidence que plus difficile que la situation des « gamins difficiles » serait celle des gamins pourchassés par les nazis et leurs séides français, les « demoiselles » (regards entendus, mais sans plus, sur ces demoiselles « bonnes amies » vivant étrangement…) entreprirent d’accueillir ceux qui n’étaient plus seulement des exclus de l’école, mais des exclus de la société.

Elles ne furent pas les seules, dans Dieulefit, à accueillir, cacher, employer et protéger les repliés de la drôle de guerre avant d’héberger et de cacher les pourchassés des autres phases de la guerre : la vie suspendue de la zone dite « libre » puis, carrément, l’Occupation. Ainsi vit-on, peu à peu, monter de la vallée des dizaines, voire des centaines, de personnes. Parmi elles, Louis Aragon et Elsa Triolet, le philosophe Emmanuel Mounier, très tôt revenu des premières séductions de la « révolution nationale », le poète Pierre Emmanuel, mais aussi des peintres, des musiciens (la pianiste Yvonne Lefébure), cohabitant dans les rues de Dieulefit (et parfois ses soupentes) avec des juifs autrichiens, des communistes allemands, des républicains espagnols.

À la mairie, où Vichy avait placé un maire-colonel dont on ne sait s’il fit preuve d’aveuglement ou de passivité délibérée, une jeune employée de vingt ans, Jeanne Barnier, confectionne des centaines de fausses cartes, fabrique des tampons officiels. Jusqu’au jour où la gendarmerie se rend compte des supercheries. Le gendarme qui l’interroge lui dit : « Vous mentez très mal. » Mais, loin de l’accabler, il se met à lui donner des conseils sur la meilleure manière de mentir aux gendarmes. Il périra, peu avant la Libération, sous les balles allemandes.

« Miracle du silence », dit à l’enquêtrice un témoin de l’époque. C’est que, dans ce village divisé entre protestants et catholiques à parts à peu près égales, il se sera établi comme une conspiration du silence, une conjuration du bien. Un millier de réfugiés seront passés par Dieulefit aux pires périodes de l’histoire de France. Et tous s’y seront sentis protégés par une certaine idée de l’humanité. Des « parpaillots » pour qui la résistance était une vieille habitude du temps des « dragonnades », des catholiques ralliés à la bienveillance générale, des républicains associés : tout le monde s’y est mis pour faire de ce village un espace de « Justes » parmi les nations.

Bruno Frappat

25 mars 2009

Quand Daladier disait « Welcome », par Anne Vallaeys

 

Y aurait-il un parallèle entre la situation des migrants et des bénévoles de Calais et celle des Juifs et des Justes d’hier, sous Vichy et l’occupation nazie ? La controverse oppose le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson, au cinéaste Philippe Lioret à propos de son film, Welcome. Comme si l’indignité avait commencé en 1943… L’Histoire n’est pas un catalogue d’événements indépendants les uns des autres, où les démagogues piqueraient des démonstrations selon l’air du temps. N’empêche, si aujourd’hui en France il y a une résonance entre le sort des migrants et un épisode du passé, c’est plutôt la IIIe République et sa politique xénophobe qu’il conviendrait de pointer, puisqu’elle prépara un terrain favorable aux camps d’internement de l’Etat français de Vichy. Bien avant Pétain, rastaquouères, Juifs ou non, étrangers, persona non grata étaient tracassés, harcelés par les préfets de France la doulce (roman de Paul Morand, 1934). Toujours privée d’âme, l’administration appliquait alors les règlements et les circulaires du gouvernement Daladier.

De l’hiver 1938 au printemps 1939, c’est bien un cabinet radical-socialiste qui imagina ce que la République allait qualifier « lieux de séjour surveillé », « lieux d’hébergement », de « rassemblement », d’« internement », « camps de prestataires » et « camps de transit », selon les subtilités bureaucratiques des fonctionnaires.

Agde, Argelès, Bram, le Barcarès, Rivesaltes, Saint-Cyprien et Septfonds… Dans ces camps du Sud, la République enferma des êtres dans d’immenses champs de baraques sordides et d’immondices. Ils étaient des centaines de milles, républicains espagnols, combattants comme civils, qui avaient échappé à l’oppression franquiste. Des centaines de milliers d’autres réfugiés avaient choisi la patrie des droits de l’homme, puisqu’ils avaient décidé de se mettre hors d’atteinte des dictateurs à fronts de bœufs, des gauleiters national-socialistes. Il fallait bien, rétorquaient alors les fonctionnaires républicains, trouver des solutions devant un tel afflux d’exilés et de réfugiés.

Alors, des femmes, des hommes, anonymes, maîtres d’écoles, conseillers municipaux, ouvrirent leurs portes, offrirent un gîte et un peu de sécurité aux exilés. De simples individus, qui, sans discours, sans idéologie, hors du religieux et du social, considéraient qu’un humain était digne de la seule vertu d’être un homme, simplement. Comme aujourd’hui à Calais et ailleurs. C’était un temps de rumeurs, de menaces de guerre.

De septembre 1939 à mai 1940, la même République, conduite par le démocrate républicain Paul Reynaud, inaugurait des camps de Rieucros, le Vernet, Gurs, les Milles. Des milliers de « ressortissants » dantzigois, sarrois, apatrides, qualifiés d’« extrémistes », « susceptibles de troubler la paix sociale ou de nuire à la Défense nationale », furent alors parqués entre des barbelés. Il s’agissait de priver des êtres de liberté, non sur la décision d’un quelconque jugement prononcé par l’autorité de justice, mais en vertu du règlement aveugle appliqué par une simple autorité administrative… Maudits préfets ! Gurs « hébergea » ainsi près de dix-neuf mille « individus » de cinquante-neuf nationalités différentes, des êtres isolés, des familles qualifiées de « gens sans ressource et sans domicile fixe ». Ceux qui étaient enfermés aux Milles, dans l’ombre de la montagne Sainte-Victoire, étaient des étrangers en « instance d’émigration » ou « en attente de visa de sortie »…

Le 3 septembre 1939, le jour de la déclaration de guerre contre les hitlériens, des affiches étaient apposées aux quatre coins de Paris. Les autorités de la République enjoignaient les « ressortissants allemands » de se rendre volontairement, « pourvus d’une couverture », au stade de Colombes, désigné « camp de rassemblement ». Dans les baraquements, les étrangers devenaient alors « sujets ennemis de la Patrie ». Parias, gens de rien, intellectuels, artistes, commerçants, médecins, Autrichiens, Polonais, Hongrois, Allemands, Juifs ou non, beaucoup, dès 1933, avaient déserté la dictature hitlérienne. Un grand nombre avait trouvé un asile en Provence et dans le Sud, où l’on vit « heureux comme Dieu en France », disait un dicton de chez eux.

Déjà les règlements exigeaient : réfugiés comme logeurs devaient déclarer les contrats de location au préfet, l’autorité républicaine. Privés de la protection de la loi, nombre d’étrangers en délicatesse avec les circulaires et les règlements aveugles, se gardaient bien de franchir le seuil des hôtels de ville, assurés d’en ressortir ficelés. Alors, des hors-la-loi, des femmes et des hommes insoumis, ouvrirent leurs portes, tout simplement.

Anne Vallaeys, écrivaine