19 mars 2014

Conférence-débat à l'I.E.P. d'Aix en Provence

 

Intervention de Michel Vial au nom de « Résister Aujourd’hui » en ouverture de la conférence débat à l’IEP d’Aix en Provence

Je voudrais humblement avant nos intervenants, resituer, au nom de Résister Aujourd’hui la problématique de l’extrême droite.

Nos aînés ont compris dès les années trente le danger du fascisme italien, du franquisme espagnol, du national-socialisme allemand et certains se sont engagés dans la Résistance au péril de leur vie pour défendre nos libertés contre l’oppression nazie.

Depuis sa création en 1994 notre association n’a cessé de dénoncer ceux qui salissent la mémoire de cette Résistance et nient parfois même l’existence des chambres à gaz.

Les élections municipales puis européennes se profilent à l’horizon dans un climat de nationalisme exacerbé et de radicalité d’extrême droite.

Nous nous appuyons sur les leçons de l’histoire, sur le vécu des  Résistants ou Déportés pour éclairer le présent et envisager l’avenir, nous voulons allier la mémoire à la réflexion.

Nous le savons et le répétons :

ce sont toujours les mêmes mécanismes humains qui mènent au pire et les alliances et complaisances tacites avec l’extrême droite qui permettent à celle-ci d’arriver au pouvoir et plonger une nation dans la tragédie et parfois dans la guerre civile.

En France même, c'est évident que Marine Le Pen est d'extrême droite, qu’elle est raciste et xénophobe.

Elle n’est pas raciste dit-elle, pourquoi ne dénonce-t-elle pas les propos et actes racistes ou antisémites.

Elle n’a rien à voir dit-elle avec les néo-nazis, pourquoi les fréquente-t-elle ?

Elle n’est pas d’extrême droite dit-elle, pourquoi rencontre-t-elle les partis et mouvements d’extrême droite européens ?

Le terreau de la haine est entretenu aussi par une nébuleuse inquiétante, cette mouvance identitaire regroupant des dizaines d’individus ou groupuscules tels ceux qui ont assassiné Cedric et qui agissent encore en toute impunité.

Trois exemples récents

Gignac la Nerthe, Louis Padilla, candidat ‘’sans étiquette’’ refuse la création d’une aire d’accueil pour les gens du voyage et pour illustrer ses propos, il publie un dessin représentant l’arrivée de familles tsiganes au camp d’extermination d’Auschwitz avec la légende suivante :

« Ouf ! Fini les expulsions. Nouveaux logements provisoires pour les Roms »

 à Marseille à la récente conférence-débat d’Annie Lacroix Riz au Théâtre Toursky à propos du 6 février 1934, jour de sinistre mémoire. Le débat a été interrompu par les invectives d’une vingtaine de jeunes extrémistes d’Action Française infiltrés dans la salle  voulant faire passer ceux qui attaquaient la République à l’époque pour des victimes. A Strasbourg (67) dans la nuit du 7 au 8 février, des néo-nazis ont maculé la bibliothèque de l’université de Strasbourg d'inscriptions racistes et xénophobes.

 Telles des métastases ces exemples sont quotidiens, ils menacent notre démocratie et ne peuvent nous laisser passifs.

Qui aurait pu penser en 1945, à la libération après les années sombres de l’occupation, des Résistants arrêtés, torturés, fusillés, après l’innommable des camps d’extermination que des groupes se revendiquent  ostensiblement, en 2014, des idées les plus rétrogrades, celles contre lesquelles nos aînés avaient combattu.

Einstein disait : « le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ».    

En 1940, les français dans leur grande majorité, illusionnés par les discours pétainistes, ont regardé et ont laissé faire.  

En 2012, nous l'avons vu, un grand nombre de citoyens trompés et manipulés, n’ont plus d’idéal incarné dans un vrai projet de société, ils regardent et laissent faire et s’ils ne votent pas F.N. se réfugient dans l’abstention et le vote blanc, ouvrant ainsi des boulevards à l’extrême droite.  

Les 17,9% de Marine Le Pen en 2012 confirmés dans de nombreuses partielles montrent que le discours d’intolérance et d’exclusion s’est installé durablement. Les libertés essentielles sont menacées, Il est grand temps de rechercher un consensus afin que les illusions et manipulations apparaissent aux yeux de tous comme une déraison politique.

Nos deux intervenants tenteront de nous éclairer avec objectivité sur ces points de notre histoire contemporaine.

Réfléchir le présent en se référant au passé est une tâche toujours ardue mais il est indispensable de le faire pour préparer l’avenir.

 Résister Aujourd’hui dénonce les pseudos solutions du F.N. mais aussi des partis extrémistes à travers toute l’Europe, pseudos solutions qui consistent toujours à dresser les uns contre les autres, les immigrés contre les ‘’nationaux’’, les chômeurs contre ceux qui ont un emploi.

Nous participons à la réflexion pour la rédaction d’un ‘’Projet pour le 21ème siècle’’ et appelons les citoyens, les démocrates et les républicains, le mouvement associatif, les responsables politiques et tous les élus républicains à en débattre ensemble, de trouver des convergences d’action en s’unissant contre  cette nébuleuse inquiétante comme ont su le faire, dès 1943, les Résistants à l’initiative de Jean Moulin à travers le Conseil National de la Résistance.

Face au menaces et discours de haine nous appelons à la réflexion et au rassemblement pour réinventer une République fraternelle et solidaire  porteuse d’un avenir meilleur pour tous dans le cadre d’une Europe sociale comme pouvaient en rêver nos aînés qu’ils fussent Résistants ou Déportés

Aix en Provence le 19 mars 2014