24 février 2015

Pour le président du CRIF, Marine Le Pen est « irréprochable personnellement »

 

Sur Europe 1, lundi 23 février 2015, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman, a déclaré que la présidente du Front national, Marine Le Pen, « était irréprochable personnellement ».

« On est tous conscients, dans le monde juif, que derrière Marine Le Pen, qui est irréprochable personnellement, il y a tous les négationnistes, tous les vichystes, tous les pétainistes. Pour nous, le FN est un parti à éviter », a-t-il indiqué.

« Le Front national est un parti pour lequel je ne voterai jamais, mais c’est un parti qui ne commet pas de violences ». a-t-il nuancé, puis il ajoute : « Toutes les violences aujourd’hui, et il faut dire les choses, sont commises par des jeunes musulmans. C’est une toute petite minorité de la communauté, ce sont les musulmans qui en sont les premières victimes. »

Le F.N. « un parti qui ne commet pas de violences » ?

Dans l’après-midi, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a fait savoir, par communiqué, qu’il jugeait « inopportun de participer au dîner du CRIF de ce soir ». Pour le CFCM, « considérer que “toutes les violences aujourd'hui sont commises par des jeunes musulmans” […] sont des déclarations irresponsables et inadmissibles qui contreviennent au principe même du vivre-ensemble ».

La distinction opérée par M. Cukierman entre Mme Le Pen et son parti avait fait bondir Serge Klarsfeld : « Mme Le Pen n'a pas rompu avec son père. Elle dirige le Front national qui porte le passif des prises de position antisémites du père qui est président d'honneur du Front national », avait réagi auprès de l'AFP l'avocat et historien, fils d'un déporté à Auschwitz-Birkenau.

De très nombreuses autres personnalités de tous horizons ont fait part de leur stupeur et de leur condamnation de tels propos qui ont tendance à dresser une communauté contre l’autre.

Moins de deux mois après le 11 janvier, s’affaiblit déjà l’esprit d’unité nationale qui avait soufflé sur la France, refusant de voir la Liberté détruite par les forces de l’obscurantisme.

Nous demandons au CRIF et à tous les Juifs de France de se désolidariser de la déclaration irresponsable de Roger Cukierman. C’est dans l’unité la plus large et le respect réciproque que nous reconstruirons une société fraternelle où chaque femme et chaque homme quelque soit son origine ethnique ou confessionnelle aura sa place et sa dignité.

Nous sommes tous sœurs et frères en humanité et devons dénoncer ensemble les dérives islamophobes, antisémites et xénophobes.

Résister Aujourd’hui le 24 février  2015

21 février 2015

Hommage à Missak Manouchian

 

Comme chaque année nous nous retrouvons devant cette stèle pour rendre hommage à notre camarade, au résistant, Missak Manouchian.
Il ne s’agit pas seulement de se souvenir, une fois par an, de ce jeune héros, arrêté, puis exécuté le 21 février 1944 avec 22 autres membres du groupe « MANOUCHIAN BOCZOV », que le poète Louis Aragon immortalisera par l’Affiche Rouge…
…il s’agit d’entretenir ce souvenir en lien avec l’actualité.
L’actualité, c’est la violence, d’abord sociale avec les remises en causes des valeurs et des idéaux auxquels était attaché ce groupe de résistant comme la liberté, la fraternité et l’émancipation humaine.
L’actualité c’est l’intolérance, la banalisation du racisme et de l’antisémitisme.
L’actualité montre combien les droits de l’homme sont malmenés, et combien les valeurs de notre République sont fragiles quand elles ne sont pas entretenues, enseignées et relayées…
Ce buste ici est là pour rappeler que Missak Manouchian, est un des rescapés du génocide arménien, au cours duquel il perdit ses parents.
Ce buste est là pour rappeler les idéaux de Missak Manouchian qui le firent entrer en résistance.
Des idéaux qu’il épousa en 1934 en devenant membre du Parti Communiste et du HOC (Comité de Secours pour l’Armenie), cette année même où l’extrême droite bat le pavé parisien en scandant entre autre : « Juifs dehors, République pourrie… ».
Nous sommes deux ans avant le Front populaire avec l’unité des travailleurs, qui gagnera parmi les plus grandes avancées sociales et démocratiques de notre pays.
Quelques années plus tard, ce sont ces mêmes idéaux, avec son courage et ses convictions qui conduiront Missak Manouchian au cotés de ses camarades de la MOI et les résistantsdes FTP à se dresser face à l’horreur nazie, jusqu’à donner leur vie.
L’occasion de rappeler que cette horreur nazie n’était pas le résultat d’une quelconque folie.
C’était la mise en œuvre d’un projet politique, un projet de civilisation.
C’était l’utilisation de l’intelligence humaine au service du mal absolu.
Comment peut-on accepter que 76 ans plus tard, au pays des Lumières, des actes et des propos racistes, xénophobes, antisémites ou islamophobes s’enchaînent avec une légèreté déconcertante ?
Voilà pourquoi, rendre hommage à Missak Manouchian, mort pour la France…
…pour cette France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité…
…pour ses valeurs universelles, est un encouragement à poursuivre le combat de Manouchian et de ses camarades.
Si Missak Manouchian vivait aujourd’hui, il serait certainement révolté attristé de voir ses idéaux bafoués.
Il serait vent debout face aux lois qui détricotent les avancées sociales et démocratiques du Front populaire et du Conseil national de la Résistance.
Cet hommage doit être une invitation à toujours résister, à ne jamais renoncer, pour conquérir de nouveaux espaces de liberté, de démocratie et de citoyenneté.
Ici à Marseille, nous lui rendons hommage chaque année, mais je regrette que la République n’en fasse pas autant.
Le meilleur hommage étant de transférer les cendres de Missak Manouchian, ainsi que celles des Résistants valeureux, sous la coupole du Panthéon, afin de réparer une omission mémorielle
Le moment que nous vivons reste propice pour obtenir cette reconnaissance : la Panthéonisation de Missak Manouchian
Permettez-moi en conclusion, de lancer un appel solennel à la vigilance, combattons partout où nous le rencontrons, la Haine et l’Ignorance qui isolent et divisent celles et ceux qui ont pourtant intérêt à se rassembler pour bâtir une société du Vivre Ensemble, une Humanité dans le respect et la dignité.

04 février 2015

Profanation Stèle Manouchian à Marseille

 

Deux néo-nazis, Olivier Biancotto et David Guichard, ont été condamnés à Marseille à du travail d’intérêt général pour le drap jeté sur la stèle des 23 fusillés du groupe FTP MOI ‘’Manouchian’’.

Ils étaient polonais, arméniens, italiens, hongrois, la plupart de confession juive .

Ces Résistants qui, au poteau d’exécution, avaient refusé le bandeau sur les yeux.

Me Alain Lhote avocat de ‘’Résister Aujourd’hui’’ qui s’était portée partie civile déclara devant le tribunal :

‘’…ce ne sont que des pantins de la bêtise absolue, des lâches qui ne connaissent rien à notre histoire. Ils souillent, avilissent ce qui est sacré. Devant un monument on s’incline, eux ils crachent dessus. C’est un acte sacrilège.’’

Il les invita à méditer le poème d’Aragon’l’Affiche Rouge’’, dans votre conscience si vous en avez une.

La mort de nos humoristes tués par des fanatiques oblige à réfléchir sur cet apatride que personne ne voulait voir devenir français, Manouchian et ses camarades aux noms difficiles à prononcer.

C’était de vrais patriotes ! Ils sont morts pour la France !’’

‘’Résister Aujourd’hui’’ aux côtés des associations arméniennes, pour laver cette ignominie soutient la demande de panthéonisation du groupe Manouchian.

Nous sommes toutes et tous ‘’Manouchian’’ poète et Résistant.

       "Résister Aujourd’hui" le 4 février 2015


L'Affiche Rouge, poème d'Aragon pour Manouchian et ses 22 compagnons

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant