15 décembre 1994

Michel Vial dans une Emission de Radio Dialogue (radio oecuménique)

Radio Dialogue :Michel Vial, bonjour, vous êtes le président d'une nouvelle association "les Cadets de la Résistance" Pourquoi avoir créer cette association ?

Nous avons créer notre association avec pour buts essentiels 

de perpétuer la Mémoire de la Résistance, de la Déportation, 

de défendre l’esprit et les valeurs du programme du Conseil National de la Résistance et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme,

de stigmatiser toute apologie renaissante du racisme, de la xénophobie, des nationalismes exacerbés, de l'antisémitisme, de l'intolérance, de l'épuration ethnique. 

nous demeurons indépendants de tous partis ou religions. 

50 ans après la Libération, nous voulons être :

 * les héritiers des Résistants, 

* les héritiers des combattants de l'ombre aux heures sombres de l'occupation nazie et de la collaboration.

 Radio Dialogue :Qu'en serait-il aujourd'hui si la folie d'Hitler avait triomphé?

          Nous serions ce qu'il avait prévu, une race inférieure, des sous-hommes, et beaucoup d'entre nous auraient connu la prison ou les camps de concentration.

          Je voudrais, au nom de l'association des Cadets de la Résistance, dire à tous les Résistants et les Déportés que nous savons et ne voulons oublier que ce sont eux, qui par leurs combats et leurs sacrifices nous ont redonné la Liberté et la Démocratie. Cette Liberté et cette Démocratie dont Hitler et Pétain avaient privé notre pays.

          Cette Liberté, cette Démocratie sont de nouveau menacées en France et en Europe par une poignée de nostalgiques.

          Mais le plus inquiétant, est que beaucoup de défavorisés, crédules et naïfs, s'apprêtent à les suivre dans une aventure où sombrerait, de nouveau, notre Démocratie.

          Les événements mondiaux nous dévoilent chaque jour leur cortège de souffrances, de morts, de violation des Droits de l'homme. Les affrontements politiques et religieux font tâche d'huile.

          En Bosnie depuis plus de trois ans, c'est l'épuration ethnique, en Algérie on assassine la pensée, la libre expression, en Turquie on condamne des députés dont le seul délit est d'être Kurdes à 15 ans de prison.         

          La montée de l'extrême droite en Italie, en Belgique, aux pays-bas, en Russie, en Autriche et ici même en France nous inquiètent.

          Il importe de ne pas laisser renaître et triompher les idéologies totalitaires et de domination fasciste qu'ont connu nos anciens.

          C'est la raison essentielle de la création des "Cadets de la Résistance Provence Alpes Côte d'Azur"

 

Radio Dialogue : Pourquoi encore une Association se réclamant de l'héritage de la Résistance?

          Il est vrai que des Associations d'anciens Résistants ont crée, "en leur sein, des groupes d'amis:

*l'ANACR a crée les"Amis de la Résistance ANACR"

*l'ANRA a ses membres associés

*les CVR ont crée l'association nationale des lauréats du concours de la Résistance et de la Déportation.

          Ce dont nous les félicitons.

          Mais ces groupes dépendent d'associations spécifiques d'anciens résistants ce qui ne peut être que limitatifs dans les buts et les actions.

          Nous voulons quant à nous, unir et rassembler tous ceux qui ne veulent plus que ça recommence.

          Nous avons donc crée une association indépendante de tous partis, de toutes religions, de toutes organisations.

          Nous voulons réussir ce que n'ont pas fait ou pu faire les Résistants, à la Libération, en dépit de l'appel à l'unité de De Gaulle dont était porteur Jean Moulin.

          Nous agissons en toute indépendance, analysons l'actualité et décidons de nos actions.

          Nous voulons perpétuer l'esprit et les valeurs de la Résistance et en nous appuyant sur ces exemples, résister aujourd'hui.

 Radio Dialogue :  Pourquoi Résister aujourd'hui?

          Tout d'abord, il faut constater que 50 ans après, nous voyons poindre à l'horizon le démons du passé...........les insignes, les uniformes, les slogans et les drapeaux noirs et rouges. Robert Stroppiana, membre de notre bureau, me disait récemment, qu'il a vu à Hambourg des boutiques où l'on peut acheter des insignes et costumes nazis. Ces symboles que nous voyons souvent à la télé, nous interpellent.

          Les attentats fascistes, racistes et antisémites se multiplient.

          En Italie les néo-fascistes sont au gouvernement dans la quasi-indifférence.

          En France, Le Pen, au nom du Front National, dit tout haut ce qu'il a toujours pensé de la seconde guerre mondiale, des nazis, de vichy et de la Résistance. Il prône l'oubli pur et simple de cette période.

          Il y a pourtant aujourd'hui près de 8 000 néo- nazis en Allemagne et plus de 30 000 en Europe occidentale.

    Radio Dialogue :Voudrait-on nous les faire oublier?

          Partout, les idéologies véhiculant la suprématie d'une race, d'une religion, d'une ethnie, d'un système sur l'autre, engendrent la guerre et ses corrolaires de souffrance, de famine et de détresse humaine.

          Dimanche, sur FR3 un reportage sur les enfants de Bosnie. Des images de combats de rue, de bombardement, de camps de concentration. Des temoignages d'enfants poignants, bouleversants

          Une petite fille demandait " comment est-ce possible que personne ne puisse nous venir en aide? "

Radio Dialogue : Oui, comment est-ce possible?

La communauté internationale montre son impuissance. Mais est-ce seulement cela?

Les Serbes, les Croates et les musulmans cohabitaient, vivaient ensemble, il y avait de très nombreux mariages mixtes. Ils étaient heureux.

Quel intérêt ont-ils à s'entretuer ? Sont-ils les vrais fauteurs de guerre?

Ceux qui veulent détenir ou conserver le pouvoir en ex-Yougoslavie?

Les Etats qui fabriquent ou vendent les armes ?

Ceux qui veulent reconstruire et laissent faire en attendent le marché du siècle?

Qu'attend-on pour désigner et condamner les fauteurs de guerre? 

Où est la communauté internationale si leste à réagir pour le pétrole du golfe? 

Les Cadets de la Résistance ont décidé de Résister aujourd'hui contre ces nouveaux crimes contre l'humanité.

 Notre résistance aujourd'hui est d'imposer le droit et le devoir d'ingérence pour éviter de tels drames humains. 

Nous pensons que le 50 ème anniversaire de la Libération devrait être l'occasion pour la communauté internationale de prendre une telle décision pour imposer des règlements pacifiques aux conflits en cours. 

Il y a 9 000 morts chaque année en France sur les routes, c'est beaucoup trop. On fait de la prévention. 

Mais 300 000 morts en Bosnie. 

Plus de 1 million de morts au Rwanda. Et j'en oublie car aujourd'hui, alors que je vous parle, il y a plus de 60 conflits dans le monde. 

Que fait-on? On compatit.

Il y a eu Nuremberg mais il y a toujours des crimes contre l'Humanité.

Combien faudra-t-il encore de morts pour que l'on réagisse? que l'on fasse de la prévention? 

 Il est vrai que pour nous, héritiers de la Résistance, les épurations ethniques sont de sinistre mémoire. Après Sarajevo et Gorazdé la situation de Bihac nous émeut et nous révolte.           Nous avons des raisons de résister aujourd'hui.

 Nous avons adressé un message à Mrs François Miterrand et Edouard Balladur le 27 novembre ( lecture)

message communiqué à la presse régionale et nationale.

Mais nous savons que pour être écouté il faut faire beaucoup plus. Nous avons besoin du soutien du plus grand nombre. Contactez-nous. Nous avons besoin de tous.

 Radio Dialogue : Comment vous contacter?

En écrivant à l’association sur Aix en Provence où nous avons notre siège.

           

Radio Dialogue :Des raisons de résister aujourd'hui?

          Il y en a de multiples, plus près de nous, souvent cachées sous des allures convenables et institutionnelles, l'exclusion et l'intolérance font le lit du racisme et de la xénophobie.

          Aux Etats-Unis deux universitaires, Charles Murray et Richard Hernstein publient un livre dans lequel, faisant un lien avec la race et le Q.I., affirment que les noirs sont moins intelligents que les blancs.

          A la conférence du Caire sur la démographie, Mme Charlotte Höhn, membre de la délégation allemande, se demande s'il est vraiment souhaitable que les personnes malades se reproduisent? Elle regrette aussi que certains tabous interdisent de constater que l'intelligence moyenne des africains est inférieure à celle d'autres groupes humains.

  Radio DialogueOn croit avoir entendu déja cela.

          C'est pour cela que "Résister aujourd'hui," c'est aussi dénoncer ces dérives dangereuses régénérant le terreau sur lequel germent toujours les idéologies totalitaires.

          La Résistance aujourd'hui n'appelle pas seulement des mots mais des actions pour éveiller les consciences avant qu'il ne soit trop tard.

          Nous n'oublions pas que la passivité des Démocratie, dans les années trente, permit la victoire de Hitler, alors que déjà, il aurait fallu résister.

          Aujourd'hui, 60 ans après, les ressorts sont les mêmes:

Anti-parlementarisme, mépris de la Démocratie, exaltation de l'ordre par un pouvoir fort et autoritaire.

C'est aussi le chômage, l'érosion des valeurs de partage et de solidarité, une société génératrice d'exclusions, l'affaiblissement et la perte des repères idéologiques et spirituels.

Cela aggrave les tensions et peut ouvrir la porte à toutes dérives.

          D'autant que la jeunesse est livrée à la violence gratuite:

Télé, B.D., jeux électroniques, jouets de guerre.

          On développe une industrie du profit tout en banalisant le crime, la guerre, la mort.

          On voudrait former une jeunesse prête à accepter toute forme de violence et à soutenir quiconque la pratiquerait.

          Mais la jeunesse est saine - pour preuve sa prise de conscience des dangers et des menaces actuelles dès que nous engageons le dialogue.

          Nous y sommes particulièrement attentifs.

Radio Dialogue : Vous avez un projet pédagogique en direction de la jeunesse?

           Oui, justement, nous sommes persuadés que l'enseignement, à l'école, des causes qui ont engendré fascisme et nazisme, est indispensable pour faire échec aux résurgences actuelles et futures de ces idéologies et de toutes celles qui bafoueraient les Droits de l'Homme.

          C'est pourquoi, aux côtés des Associations d'Anciens Résistants et Déportés, nous réclamons fermement que l'histoire de la seconde guerre mondiale et de la Résistance figure au programme des classes de seconde et de terminale.

          Nous réclamons également que lors des cours d'instruction civique, on informe les enfants sur les bienfaits de la démocratie et sur les dangers que représentent ceux qui voudraient la supprimer.

          Nous envisageons des conférences débats et nous étudions la possibilité d'éditer une B.D. " des années trente à nos jours"

          Nous en appelons aux pouvoirs publics, à l'éducation nationale dont la mission, dans toute démocratie, est de transmettre l'histoire afin de toujours reconquérir par la culture et l'éducation les valeurs éternelles d'humanité et de Liberté.

 

Radio Dialogue : Quelles ont été vos principales activités depuis votre création en avril dernier ?

           Dans le cadre du 50 ème anniversaire de la Libération nous avons tenu à participer aux principales commémorations dans la région, aux côtés des Anciens Résistants:

          ST ANNE - dans les bouches du rhône

          SAULT dans le Vaucluse

          SIGNES dans le Var

mais aussi  à la plupart des commémorations dans les villes et villages de Provence Alpes Côte d'Azur.

          Nous avions une délégation en Auvergne au Mt Mouchet monument National de la Résistance.

          Le 26 juin, nous avons dès le 18 avril réagi devant la situation de Gorazdé.

          Le 9 Juin nous tenions à Aix une conférence de presse sur notre raison de résister aujourd'hui.

         Le 14 octobre nous organisions à Marseille une table ronde sur le thème 

" Pourquoi, comment et à quoi résister aujourd'hui".

          22 associations Régionales avaient répondu favorablement à notre invitation . Nous savons que nous ne sommes pas seuls dans notre combat.

          Nous avons assisté le 26 novembre à l'assemblée générale des cadets de la Résistance d'Auvergne avec qui nous avons décidé de garder des contacts étroits afin d'agir ensemble.

          Quelques jours avant j'ai participé, au Sénat, à l'assemblée générale du Comité d'Action de la Résistance regroupant plus de 150 associations d'anciens résistants mais aussi les associations d'héritiers comme la nôtre.

 Radio Dialogue : Quelles sont vos prochaines activités?

  Je vous dirai" perpétuer le souvenir de l'action et des valeurs de ceux qui ont résisté, il y a un demi siècle au nazisme en apportant notre contribution à la défense quotidienne des Droits de l'Homme.

           L'activité dont je voudrai vous parler, c'est notre participation à un projet théâtral et littéraire national organisé par la Cie "Bagages de Sables" avec la participation de 22 structures théâtrales régionales. .

          Radio Dialogue : De quoi s'agit-il?

Le 3 Février 1995, comme un choeur antique, le même jour à la même heure, 320 comédiennes liront une nuit durant, des oeuvres de Charlotte DELBO qui fût l'une des 49 rescapées du camp d'Auschwitz sur les 230 femmes déportées politiques que comptait le convoi du 24 janvier 1943.

          Dans 160 communes de France d'où sont originaires les femmes du convoi, 2 comédiennes, de deux générations différentes, liront des textes de Charlotte DELBO.

          Il s'agit:

* de faire entendre un auteur, de faire connaître une femme de théâtre.

* de faire entendre à travers la parole d'une femme pour qui la fraternité est force de vie, la voix de celles qui ne sont pas revenues.

* de traquer tous les instants d'espoir, les souffles de vie.

Les lectures seront retransmises par les radios locales et nationales.

          Dans la région Marseille et Menton ont été retenues.

Retenez la date du 3 fevrier 95 à 19 h. à la Friche de la Belle de Mai pour Marseille.

Les 4 déportées de Marseille sont:

Toussainte OPPICI, Lucienne THEVENIN, Jeanne SERRE, et Yvonne LLUCIA. 

Je voudrai vous lire un texte très court de Charlotte Delbo écrit à son retour d'Auschwitz:

"Je vous en supplie faites quelque chose, apprenez un pas une danse, quelque chose qui vous justifie, qui vous donne le droit d'être habillés de votre peau, de votre poil, apprenez à marcher et à rire parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie.

Nous n'avons pas la prétention de changer seuls, nous, les Cadets de la Résistance, le cours des événements mais nous voulons apporter toute notre contribution à ce combat pour la sauvegarde de la Démocratie, dans le respect des différences qui composent notre société.

Il y a 50 ans des hommes et des femmes décidaient de résister au nazisme et au vychisme.

          Ils étaient Gaullistes, Communistes, Socialistes, Républicains ou Royalistes.

          Ils croyaient au ciel, ils n'y croyaient pas.

          Ils avaient décidé de résister ensemble.

Par leurs luttes, allant jusqu'au sacrifice suprême, devant les pelotons d'exécution ou dans les Camps, ils ont crié " Plus jamais ça".

          Notre devoir c'est d'être fidèles à cette glorieuse page d'histoire.

          Georges CASALIS écrivait

" Ce n'est pas Hitler qui nous a fait, c'est nous qui l'avons fait". 

D'où notre responsabilité pour que les conditions ne se renouvellent pas. 

Nous mettrons tout en oeuvre pour que l'intelligence gagne du terrain sur l'intolérance, pour que la fraternité entre les hommes et la solidarité entre les Peuples fassent reculer les individualismes et les nationalismes exacerbés, pour que la responsabilité et la vigilance de chacun garantisse la Liberté de tous ceux qui vivent et qui vivront sur notre planète.

Radio Dialogue : Merci Michel Vial

le 15 décembre 1994

14 octobre 1994

Table ronde Hôtel du Département Marseille "Pourquoi et comment résister aujourd'hui"

 sous la présidence d'Honneur                                  des anciens Résistants et Déportés présents

personnalités participatives :

¤ Jean-Claude Aparicio, secrétaire général Paca de la CFDT

¤ Alain Barlatier, représentant la F.S.U

¤ le père Jean Cardonnel, dominicain, philosophe, ardent défenseur des Droits de l'Homme.

¤ Alain Chouraqui, Communauté Juive d'Aix en Provence

¤ le pasteur Raymond Dodré, président du Consistoire de Marseille de l'Eglise Réformée de France

¤ Mme Nicole Dorra, représentante du Comité d'Action de la Résistance

¤ Max Fischer, Avocat,, ancien chef du Maquis du Ventoux.(84)

¤ Le vice-Amiral François Flohic, ancien des Forces Françaises Libres, ancien Aide de Camp du général de Gaulle

¤ Roger Hocquaux, secrétaire général adjoint des Cadets de la Résistance d'Auvergne.

¤ Jurquet, ancien secrétaire de l'Etat-Major FFI du Nord Jura.

¤ Habib Kaaniche, président du Comité de Coordination des Musulmans du pays d'Aix en provence.

¤ Jacques Ouloussian, représentant Force Ouvrière UD 13

¤ Laurent Pascal, vice-président du C.U.R.D. du Vaucluse.

¤ Robert Pasquier, président départemental de sCVR,de l'ADIRP, du Concours du prix de la Résistance et de la Déportation, Pdt des Médaillés de la Résistance  de Provence

¤ Daniel Pérez, représentant le Comité Régional de la CFDT.

¤ Louis Philibert, ancien Résistant, vice-président du Conseil,Général 13.

¤ Laurent Quintard et Noël Marchetti, représentants le SNU-IPP.

¤ Joseph Roger, président Régional de "Mémoires et Histoire des FTPF.

¤ Guy Sebag, représentant la LICRA de Marseille.

¤ René Servent, représentant la FEN.

¤ Louis Van LooCombattant Volontaire de la Résistance, ancien de l'O.R.A. en R2 (Vercors), Pdt des ‘’Sous-officiers et Officiers républicains’’ Paca, Président du Syndicat Intercommunal du Monument de Ste Anne (13)

¤ Raymond Vial, Combattant Volontaire de la Résistance, ancien de l'Armée Secrète et du Front National en R2, ancien FTP en R6, secrétaire Paca de "Mémoire et Histoire des FTP

¤ Michel Vial, Président des Cadets de la Résistance Paca

¤ Jean-Luc Vincent, représentant Génération Ecologie.

¤ Jacques Vistel, Président de "Mémoire et Espoirs de la Résistance", représentant Jean Mattéoli, Président de la Fondation de la Résistance.

¤ Lucien Weigand, fils de Résistant, Président du Conseil général 13.

Monsieur Louis Philibert, nous souhaita la Bienvenue, très heureux de mettre à disposition pour cette réunion la salle plénière de la part de Monsieur Lucien Weygand dont le père était résistant.

La parole est donnée à Michel Vial, président des "Cadets de la Résistance Paca"    qui présidera cette table ronde

            Avant de commencer, nous avons souhaité commencer par de la poésie, et nous avons parmi nous Christine BERTHIER et Henri MELIANI, comédiens, à qui je laisse la parole.

"Nous vous avons choisi deux textes : une lettre d'une écrivaine : Annie SALAGER, qui vient d'être publiée dans une revue dont le nom est "RESISTER". 

" Résister suppose un obstacle : patrie vaincue, dictature, mais délocalisation, marginalisation, exclusion, résister à leur béance, la rage au ventre, tout est fait pour en   protéger, isoler en banlieue, squatt, S.D.F., ceux qui seraient atteints, tous les...contagieux, comment résister à la frilosité, à la défiance, à la peur de l'autre ? au refus qui se répand comme une peste  de le regarder dans les yeux.  Nous recevons le monde en temps réel, parait il, et ça laisse place aux manipulations, aux désinformations les plus sophistiquées, toujours en voie de progrès.

Les images de ce monde nouveau sifflent fort et trop vite, elles étouffent le feu des alchimies individuelles, elles en font éclater le creuset comme si le temps était tout à fait passé ou s'opéraient dans quelques têtes des synthèses universalistes

         Au dixième siècle, trois religions avaient déjà inventé leur "convivencia" dans la péninsule Ibérique, convivialité, convivialité que Sarajevo vient de perdre.

        Rivières qui nous inondaient chaque hiver, en torrent de boue depuis des terres trop déboisées  que vous êtes,nous mêmes,métaphoriquement

        Et tellement dans l'humaine condition, toujours les courants qui nous emportent, nous roulent  dans des images trompeuses, et de même les déserts qui nous tiennent, nous désaltèrent de mirages. 

Peut être est ce pour celà, qu'une colère sans patrie, et encore sans langage court le monde de Shangai à Los Angelès, de Buenos Aire à Berlin, du Cap à Mexico. 

Elle brasse les guerres Nord Sud, les intégrismes, la place des femmes et les lois du marché. 

En toute question, que l'on se pose dans le silence, du vide intérieur si difficile à atteindre, ça résiste, écrire "résiste" la poésie entre autre résiste, parole par excellence qui est le feu et la source de      l'être. 

Un résistant belge rescapé des camps d'extermination, mon premier éditeur, me raconta qu'il avait vu la bas, des gens se souvenir de poèmes qu'ils avaient complètement oubliés et se les dire, se les réciter, ils étaient entre eux le rythme de l'humain, la dignité, le non à l'animalité, le non face à la      dépersonnalisation. 

Armand AINEUSE me parlait du camps qu'avec l'écran de l'humour, mais le poème comme RESISTANCE, celà il pouvait le raconter

        Ou ça résiste, dans l'infra histoire, qui nous tisse et métisse sang chaud pansesquement, plus que des idées, c'est d'elle que nous vient, s'il vient, le désir de nous inadapter aux façons trop polies et trop intériorisées du marché, marcher résiste au marché, le pas étant notre mesure, notre dialectique, aller a travers les champs du savoir, par les transversales les chemins de traverse. 

Aussi ma lettre n'aura-t-elle ni conclusion ni fin, il s'agit toujours de poursuivre, de chercher la voie,      sans force, sans bruit, ni éclat. 

Bien amicalement

        Annie Salager qui a publié dans la revue "parole d'aube"

        c'était vraiment une aubaine que la découverte de cette revue qui a publié son numéro en septembre 94 et qui a intitulé son numéro RESISTER et nous avons choisi avec Michel et Hélène VIAL, ses textes pour vous le dire il est suivi d'un texte de Thierry Renard par Henri MELIANI

        Jadis et Maintenant 

        Nous sommes tous ici des résistants de la première heure, de la première lueur aussi, nous n'avons en commun que de très anciennes blessures, liées au deuil, à l'exil ou à notre infortune. 

Mais, nous saurons cependant ensemble revendiquer notre appartenance au monde, demander pour tous le pain et la parole, nous saurons ne pas fuir nos responsabilités, et nous saurons passer le cap de la désillusion, rentrer en dissidence. 

Si les uns  affirment que le ciel est vide, et si d'autres croient que Dieu est partout, nous nous sommes là, à notre place, sur le qui vive maintenus à l'abri du désastre par notre souffle poétique.    La résistance nous la retrouvons à chaque page, au détour d'une phrase entre les lignes, entre les vers, sur le blanc du papier ou au beau milieu de l'encre noire.                                     

Résister, c'est savoir oser dire non et ne jamais renoncer. Résister, c'est aller parmi le bruit et la fureur dans le tumulte du sang, c'est ne pas accepter l'inacceptable c'est de ne jamais capituler devant le meurtre et l'injustice, c'est d'être du côté des victimes contre les bourreaux, c'est choisir l'esprit plutôt que le glaive. 

Et ce n'est nullement une question de génération, chaque époque a sa part de crime et d'hypocrisie, ici, il y a ceux qui témoignent de ce qu'ils ont vu, vécu, ceux qui se souviennent inlassablement, ceux qui ont connu la fatigue des combats et ceux qui résistent dans leur langue avec les arbres de la poésie. Il y a tout juste cinquante ans, un pays se libérait du joug de l'oppresseur, et des hommes marchaient côte à côte vers  une proclamation d'un nouveau monde. Il y a cinquante ans l'espoir renaissait de ses cendres. 

Depuis, des guerres et des massacres un peu partout, depuis beaucoup de larmes et de sang versés, beaucoup trop de souffrances et de malheurs. 

Alors, que faire ? se taire ? ne dire mot ? plutôt relever le front, ouvrir grands les yeux, et parler, écrire dire, de toutes les manières possibles ce qui nous insupporte. Dire sans haine et sans mépris, dire, simplement dire.                                                                          

 Thierry RENARD ( Jadis et maintenant )

¤ Michel VIAL, président des "Cadets de la Résistance Paca"

 Merci, je pense que cela nous met dans le bain de notre table ronde et je voudrais, dans un préambule, resituer notre association et le débat de ce soir. Je devrais déjà vous dire combien je suis heureux de vous accueillir aussi nombreux, représentant tous les horizons politiques, syndicaux, confessionnels, ce qui pour nous est très important Que tout cela augure d'une bonne réussite de notre manifestation De nombreuses personnalités se sont excusées, je n'en citerai que quelques unes: Marie José CHOMBARD DE LAUWE, écrivain et ancienne déportée qui devait être parmi nous et qui fait une conférence ce soir dans l'Allier.                                                                                                                                                         Jean MATTEOLI, Président de la fondation de la résistance qui est représenté aujourd' hui par Monsieur Jacques VISTEL, Président de Mémoire et Espoirs de la Résistance.                                      Le général ALLIBERT, président de l'A.N.R.A.(résistants de l'Air), vice-président du C.A.R. (Comité d'Action de la Résistance). Edouard ARKWRIGHT, président de l'association nationale des lauréats du concours de la résistance et de la déportation, qui nous a envoyé un long message.                   

Le cardinal Robert COFFI, archevêque  de Marseille.                                                                   Monsieur Jacques OUAKIN, grand Rabbbin de Marseille  .                                                        Monsieur Dominique BAUDIS, Député et Maire de Toulouse                                                          Monsieur Dominique STRAUSS-KAHN, Député et ancien ministre. Mais aussi de très nombreux sénateurs, députés, conseillers régionaux, généraux, maires et responsables d'associations qui nous apportent tout leur soutien. 

Je voudrais vous présenter en quelques mots notre association. Créée en avril 1994; cette association se fixe comme but de rassembler toutes celles et ceux qui se sentent héritiers de l'esprit de la résistance. et de ses valeurs. Nous voulons en perpétuer la mémoire et en nous appuyant sur celle-ci, stigmatiser toute apologie renaissante du racisme, de la xénophobie, des nationalismes exacerbés, de l'antisémitisme, de l'intolérance, de l'épuration ethnique et des résurgences sous toutes leurs formes, du fascisme et du nazisme. Nous voulons être vigilants en dénonçant toutes les atteintes aux droits de l'homme. Nous tenons à saluer aujourd'hui les anciens résistants présents et leurs représentants, car nous savons et nous voulons oublier que ce sont eux qui par leur refus de l'humiliation, leur combat, et leur sacrifice, nous ont redonné la liberté et la démocratie, dont nous avait privé Hitler et Pétain 50 ans après, loin d'avoir été terrassée, "la bête immonde" n'est pas morte et relève la tête partout dans le monde. Nous voyons poindre à l'horizon les démons du passé, les insignes, les slogans, les uniformes et les drapeaux noirs et rouges. Ces symboles que nous voyons régulièrement à la télévision nous interpellent. Les attentats fascistes, racistes et antisémites se multiplient, en Italie les néo-fascistes sont au gouvernement dans une quasi-indifférence. En Autriche, l'extrême-droite obtient 23% aux législatives, et compte remporter la chancellerie aux prochaines élections. A Bruxelles, même montée du néo-nazisme. 

En Russie, JIRINOVSKI, il n'y a pas si longtemps, obtenait 24 millions de suffrages, en France, même LE PEN, leader du Front National, déclare ne pas être l'émule de Mussolini. Ce serait bien s'il n'appréciait pas FINI lui même admirateur de Mussolini. LE PEN encore, dit tout haut, ce qu'il a toujours pensé de la seconde guerre mondiale des nazis, de Vichy et de résistance : il prône l'oubli pur et simple de cette période. Il y a pourtant aujourd'hui plus de 8 000 de nazis en Allemagne et plus de 30 000 en Europe Occidentale. Pourrait-on nous les faire oublier ? Nous assistons ainsi à cette montée extrémiste, impensable il y a seulement 10 ans. 

Manifestations racistes et néo-fascistes se tenant de plus en plus nombreuses, notamment en Allemagne et aux Pays Bas, publications d'idées néo-nazies, 250 revues éditées en Europe, dégradations de monuments et stèles de la Résistance et de la Déportation, profanations de cimetières juifs et synagogues. De l'épuration ethnique en Bosnie, à l'intégrisme islamiste en Afrique et au Moyen Orient, du massacre des Kurdes aux guerres tribales en Somalie, au Soudan, au Rwanda, etc.

Partout, les idéologies véhiculant la suprématie d'une race, d'une religion, d'une ethnie, d'un système sur l'autre, engendrent la guerre et ses corollaires de souffrance, de famine et de détresse humaine. SARAJEVO est encore aujourd'hui sous les obus serbes ; nous assistons toujours au massacre d'innocents sur l'autel de l'indifférence. En Algérie, on assassine la pensée, au Rwanda, on assiste encore et toujours, malgré les silences audiovisuels, au génocide de toute une population civile. Ou est la communauté internationale si leste à réagir pour le pétrole du Golfe? 

Notre résistance d'aujourd'hui ne serait-elle pas d'imposer le droit et le devoir d'ingérence devant de tels drames humains ? Le 50ème anniversaire de la libération ne doit-il pas être l'occasion de prendre une telle décision pour imposer des règlements pacifiques aux conflits en cours. Ne vaudrait-il pas mieux prévenir que guérir ? Plus près de nous, souvent cachées sous des allures convenables et institutionnelles, l'exclusion et l'intolérance, sont de mise et font le lit du racisme et de la xénophobie. Résister aujourd'hui c'est aussi dénoncer ces dérives dangereuses régénérant le terreau sur lequel germent toujours les idéologies totalitaires. 

Par ailleurs, on refuse le droit de séjour à l'écrivain du BANGLADESH, Taslima Nasreen, une femme courageuse, résistante dans son pays, pour la défense des droits de la femme, défense si importante sous le régime intégriste mais aussi pour l'avenir de l'humanité. Alors qu'on a donné un visa a Jirinovski récemment, qu'on a offert, il y a quelques années, un accueil royal a"bébé Doc", le dictateur Haitien. C'est peut être cela le droit d'asile politique? Pour nous, héritiers des valeurs de la résistance, c'est inacceptable au pays des droits de l'homme. Résister aujourd'hui c'est aussi dénoncer cela. 

N'oublions pas que la passivité des démocraties dans les années 30, permit la victoire de Hitler, alors que déjà il aurait fallu résister. Aujourd'hui, 60 ans après les ressorts sont les mêmes : antiparlementarisme, mépris de la démocratie, exaltation de l'ordre par un pouvoir fort et autoritaire, c'est aussi le chômage, l'érosion des valeurs de partage et de solidarité ; le triomphe d'une société génératrice d'exclusions, l'affaiblissement des repères idéologiques et spirituels. Cela aggrave les tensions, et peut ouvrir la porte à toutes dérives.

Il est urgent pour les nouvelles générations de prendre conscience de leurs responsabilités.

Nous serons, quant à nous, particulièrement attentifs à la recherche du Dialogue avec la jeunesse. Dialogue afin que l'explication du contexte historique réveille les consciences avant qu'il ne soit trop tard.

Nous voulons participer à construire le futur au lieu de le subir.

Nous sommes persuadés que l'enseignement, à l'Ecole, des causes qui ont engendré fascisme et nazisme, est indispensable pour faire échec aux résurgences actuelles et futures de ces idéologies.  A côté des associations d'anciens résistants et déportés, nous réclamons fermement que l'histoire de la seconde guerre mondiale et de la Résistance figure aux programmes d'histoire des classes de première et de terminale et donc au BAC.                                                                                        Nous réclamons également que lors des cours d'instruction civique, on informe la jeunesse sur les bienfaits de la démocratie, et sur les dangers que représentent ceux qui voudraient la supprimer. Nous souhaiterions à ce sujet, la coopération des enseignants mais aussi de l'Education Nationale. 

Nous n'avons pas la prétention de changer, seuls, nous les "Cadets de la Résistance", le cours des événements, mais nous voulons apporter toute notre contribution à ce combat pour la sauvegarde de la démocratie, par le respect des différences qui composent notre société. Nous nous félicitons que beaucoup d'autres associations prennent des positions semblables et agissent dans ce sens.   

Il y a 50 ans des hommes, des femmes, décidaient de résister au nazisme et au vichysme. Ils étaient gaullistes, communistes, socialistes, républicains, royalistes, ils croyaient au ciel, ils n'y croyaient pas. Ils avaient décidé de résister ensemble, 

Résistons aujourd'hui en faisant nôtre l'appel à l'unité de la résistance de Jean Moulin. 

Nous pouvons tous ensemble, ici, approfondir la réflexion sur le pourquoi et à quoi résister puis dans un deuxième temps sur le comment résister aujourd'hui. C'est le but, c'est le sujet de notre table ronde et nous allons ouvrir la discussion.

 Je donne la parole au Père Jean Cardonnel, dominicain, ardent défenseur des Droits de l'Homme

  "J'ai été très impressionné par ce que vous venez de dire.parce que à mon sens, un très grave danger aujourd'hui menace la résistance. C'est une conception passéiste de la renaissance. Je veux dire par là, qu'il y aurait eu, de 1940 à 1945, une résistance et puis c'est fini. Une expression dont j'ai horreur c'est "il faut tourner la page", c 'est ça la réconciliation nationale. Alors après 45, on pourrait célébrer tous les anniversaires de la résistance, en trahissant la résistance, c 'est à dire en laissant se reconstituer le vieil ordre des choses, en acceptant le fait qu'il y ait des dominateurs et des domines, et des écraseurs et des écrasés, et des sous développeurs, et des sous développés, limiter la résistance à ce qu'elle fut c'est faire injure à la résistance. Et je fais honneur à ce que vous venez de dire : n oublions jamais, mais pour ne rien oublier, et pour ne pas trahir la mémoire du passé, il faut emporter la mémoire du passé dans la mémoire de l'avenir. Il s'est passé et il se passe aujourd'hui quelque chose,dont la résistance d'hier avec ses mérites , ne pouvait pas prendre la mesure. La résistance souvent était magnifiquement nationale, mais ce n'est qu'en 45 qu'on a définit un crime qui existait avant sa définition et c'est le crime contre l'humanité.voilà, je dirais d'un mot que la fidélité à l'esprit de la résistance, consiste à former ce qui est urgent et de très longue haleine : un large front de l'humanité.Il a fallu que soit commis le crime contre l'humanité pour qu'on s'aperçoive qu'elle existait l'humanité, qu'elle n'était pas une idée en l'air, qu'elle n'était pas une chimère, qu'elle n'était pas une utopie puisqu'on pouvait la tuer, et comme notre ami Michel nous l'a fait remarquer : çà continue, on tue l'humanité dans ce qui fut la Yougoslavie, on tue au Rwanda, et comment voulez vous que l'Europe elle même ne nous paraisse pas une idée rétrograde, aujourd'hui on veut faire de l'Europe, une Europe affairiste alors que l'urgence c'est l'humanité. Toujours en retard, pas seulement d'une guerre, mais de la grande question humaine, fondamentale, c'est ça l'enjeu, de la résistance, nous sommes loin d'avoir extirpé les racines du fauve supérieur à visage humain et nous le voyons réapparaître sous forme de purification ethnique, mais cette bête raciste s'exprime comme un appétit d'identité parce qu'à des masses pauvres qui sont immédiatement confisquées, par la bête raciste parce qu'on ne peut l'opposer et on ne lui oppose actuellement que l'anonymat du tout marché. Le tout marché de plus en plus mal déguisé en société. Le tout marché ou tout s'achète et tout se vend et ça c'est sous notre démocratie qui n'en est pas une puisque nous voyons proliférer les animaux compétitifs auxquels on veut nous conformer, les animaux compétitifs auxquels il ne faut que les circonstances pour se transformer en animaux corrupteurs et corrompus. Ce qu'est la résistance d'hier pour être fidèle et être la résistance d'aujourd'hui et celle de demain, elle doit se muer en acte de résister intellectuellement et pratiquement au tout marché de plus en plus déguisé en société qui provoque comme réaction sauvage, le réflexe identitaire et sécuritaire sous forme bestiale, nationaliste et raciste. Chers amis, si nous voulons être fidèles à la résistance n'oublions pas que l'état normal de l'homme n'existe jamais, s'il existe une pathologie, c'est la pathologie de la normalité, l'homme est cet être étrange qui ne peut se réaliser qu'au dessus ou au dessous de lui. Par conséquent, si l'utopie a existé et existe aujourd'hui dans l'ordre de l'horreur, il est urgent de la faire surgir dans l'ordre de l'humanité chaleureuse. Parce que l'humanité n'est jamais au terme d'un constat l'humanité est au terme d'une conviction. Je voudrais simplement vous proposer pour ce premier tour de réflexion, ce sujet qui me hante que j'ai trouvé dans les mémoire du Gal de Gaulle : Il dit qu'il était pour les blindés, contre la réédition de la guerre des tranchées, il dit une phrase que nous devrions apprendre par coeur "Je vérifiais à cette occasion que la confrontation des idées, dès lors qu'elle met en cause les errements accoutumés et les personnes en place revêt le tour intransigeant des querelles théologiques." Prodigieux, parce que le général de Gaulle n'avait affaire qu'à des errements accoutumés à des personnes en place depuis tout au plus 40 ans, mais non 15 siècles d'errements accoutumés de nos églises et nos formations politiques même inexistantes à ce moment là . Je dis qu'il n'y a de résistance qu'à la force de l'habitude, au nom de la puissance de l'imagination créatrice.Personnellement je suis pour l'urgence de former un grand mouvement de résistance, un front mondial de résistance à l'hégémonie du marché qui secrète les rééditions permanentes des fauves racistes a visage humain, c'est au double titre qu'il n'en fait qu'un pour moi de ma théologie, de mon aventure de la pensée et mon action apostolique qui se confond avec mon action militante et je voudrais pour commencer qu'on essaie de mettre un terme à cette distinction idiote, intellectuellement paresseuse entre croyants et incroyants. Puisque, on ne dit jamais, ce à quoi ils croient et ce à quoi ils ne croient pas. Si j'insiste sur le maître mot d'humanité c'est parce que je ne peux pas le prononcer, je ne peux pas l'articuler, je ne peux pas le parler, sans qu'il implique la foi en le soulèvement et des vivants et des morts. Pour la simple raison que l'humanité ne se résume pas en les hommes et les femmes de mon temps. De sorte que l'humanité c 'est la puissance de transgression de toutes les frontières et de l'espace et du temps et des siècles ...Il n'y a de résistance qu'en la foi dans l'envergure infinie de tout être humain C'est à dire que tout être humain est capable d'humanité. Je vous livre l'enjeu de la résistance, si vous êtes innocent du visage que vous avez, vous êtes responsable de la gueule que vous faites.                                                           

           Jean Claude APPARICIO, secrétaire Général de la CFDT

Tout de suite, je souhaite saluer tous nos aînés. Je suis d'une génération qui n'a pas résisté et je voudrais saluer nos aînés qui ont porté les armes, qui ont résisté, certains même ont été condamnés à mort pour leur activité de résistance, et je crois que c'est un hommage à leur rendre. Monsieur le Président, en vous écoutant, je me suis souvenu que ce beau  mot de RESISTER, des prisonnières de la Tour de Constance, tout près d'ici, l'avaient gravé dans la pierre des cachots, dans lesquels les avait enfermé l'absolutisme des 16 et 17ème siècle, ces personnes qui revendiquaient la liberté de penser et au moment ou montent certains autres esprits inquisitoriaux je crois que c'est à dire, à rappeler. Je pensais aussi à un personnage du roman L'ESPOIR, qui était plongé dans la résistance contre le fascisme, et qui disait "ils ne sont pas fascistes parce qu'ils sont racistes, ils sont racistes parce qu'ils sont fascistes" ça resitue bien le sens du racisme et du xénophobisme contre lesquels nous avons à lutter aujourd'hui.

A l'occasion du 50ème anniversaire du VEL D HIV, où je suis allé récemment, j'ai rencontré des juifs rescapés qui portaient des calicots qui disaient "merci Monsieur le Président pour votre présence aujourd'hui mais quand seront jugés PAPON, TOUVIER et tous les autres ? Un de ces rescapés me rappelait d'ailleurs que tout avait été organisé, prévu, par des fonctionnaires français, par des chauffeurs de bus français, par des policiers français, et celà il ne faut pas l'oublier sans chercher à mettre du sel sur les plaies du passé.. Je pense aussi au fait qu'il n'y a eu qu'un seul magistrat, je crois qu'il s'appelait DIDIER, à refuser de prêter serment à PETAIN et celà doit aussi nous faire réfléchir. On pourrait ajouter à toutes ces images qui se bousculent, les acteurs de l'affiche rouge, les résistants du groupe "MANOUCHIAN", qui doivent nous rappeler que les tous premiers à résister étaient des immigrés. Ils parlaient à peine notre langue, mais se battaient pour la liberté. Et celà au moment, où les immigrés sont souvent les bouc émissaires d'ambitions politiques. Je crois que nous avons en permanence le choix d'avoir une attitude de résistance. Un grand écrivain a d'ailleurs dit que nous n'avions jamais été aussi libre que sous l'occupation, soit libre de se coucher devant l'occupant, soit libre de résister. Je voudrais aussi rappeler qu'à Marseille, il y a des associations, il y a des mouvements, il y a des syndicats, il y a des hommes et des femmes qui veulent résister. Et je voudrais parler de MARSEILLE FRATERNITE, qui au moment de la montée de LE PEN sur Marseille avait organisé une manifestation de 30 000 personnes sur la Canebière pour dire "Non Marseille n'est pas raciste, non Marseille ne se livrera pas à LE PEN et à ses amis. Je voudrais aussi rappeler, en tant que syndicaliste, que la lutte pour la résistance passe par la lutte contre le chômage. Nous assistons à un phénomène terrible c'est la désintégration du tissu social à cause du chômage. L'histoire ne se renouvelle pas, mais la montée du fascisme, dans les années trente, a été permise, il est vrai, par la forte augmentation du chômage. Alors soyons vigilants. Résistons, nous avons été plusieurs à le rappeler, à l'impérialisme du marché, Résistons aux impératifs financiers qui priment sur les aspects humains. Toutes les lâchetés d'aujourd'hui se paieront demain d'un prix exhorbitant.

Aujourd'hui nous assistons à une montée du chômage dont personne n'a prit la véritable dimension, on agit avec des mesures du type exonération, du type humanitaire, les mêmes depuis 20 ans. On n'a pas posé du tout le problème en terme de choix de société.Je voudrais aussi rappeler que la montée du chômage entraîne une augmentation de l'esprit sécuritaire, avec pour exemple la réforme du code de la nationalité, et les derniers gadgets trouvés : la vidéo surveillance en est un exemple. A toutes ces réponses, il nous faut résister par la solidarité, par l'exigence de l'humain, par la fraternité.

 Monsieur Jean Luc VINCENT, représentant GENERATION ECOLOGIE.                           . 

Mon père était catholique et ma mère juive. Mon père s'est évadé d'un camps de concentration. Quand on dit résistance, je n'aime pas ce mot là. Respectons les gens qui n'étaient pas résistants, par exemple les gens qui étaient dans l'armée et qui résistaient naturellement. Je voudrais donc qu'on oublie le mot résistant et qu'on change le mot. Ouvrons un comité de Vigilance. Donnons un nom au "fauve supérieur à visage humain" c'est qui ? c 'est LE PEN ? pour moi Philippe de VILLIERS est aussi dangereux que LE PEN. N'ayons pas peur de donner des noms et de les montrer du doigt. Mettons les en dehors de notre société.

Je représente GENERATION ECOLOGIE et sur le terrain on se bat pour des idées, et contre le front national, nous n'hésitons pas à soutenir un communiste, un socialiste, un RPR, on fait front contre le fascisme. Voilà, çà ce sont nos idées, on a identifié notre bête humaine.et si le mot Résistance, on pouvait le changer par le mot vigilance, ce serait peut être un peu plus joli.

 Monsieur Robert PASQUIER, Pdt de plusieurs associations d' Anciens combattants des B.du Rh., et Président des Médaillés de la Résistance de Provence

"Nous, anciens résistants, devons être réalistes et situer notre action auprès des jeunes. Dans cet esprit, nous avons organisé cette année plus de 25 colloques dans les écoles et lycées de la région et avons fait 14 expositions avec 600 photos pour apprendre aux jeunes ce qu'ils devraient savoir sur notre passé. Le but n'est pas de convaincre les adultes, s'ils ne sont pas convaincus aujourd'hui ils ne le seront jamais. Ce qu'il faut c'est former la jeunesse. Lui apprendre la tolérance et une certaine liberté d'esprit et savoir reconnaître le contraire de ce qu'on pense. Notre mouvement, depuis qu'il existe à quand même touché 50 000 participants depuis 1958; nous récompensons 50 lauréats en prix et 50 lauréats en voyage, pour le prix du concours de la résistance. Notre travail est là, et je vous demande de nous aider dans cette démarche : si vous voyez l'affiche de notre concours dans les Ecoles, encouragez les élèves et les professeurs à participer. Je vous en remercie."                                                                                                              

           Monsieur Jacques JURQUET du MRAP

Je suis interpellé pour vous donner 2 exemples concrets de la nécessité aujourd'hui de résister, de véhiculer la résistance à tout acte raciste dans notre bonne ville de Marseille. Au cours des 4 derniers mois, le MRAP a porté des parties civiles devant le tribunal de Marseille, pour des actions antisémistes, des propos ignobles. c'est tout ce que je voulais vous dire, résister c'est ici, c'est présent et je voudrais rappeler la parole du grand poète Julius ??????

au moment où il fut pendu à Pragues par les nazis "Etres humains,veillez, soyez vigilants"

 Docteur SEBAG de la LICRA

Je voudrais tout d'abord faire une petite constatation : après le génocide du peuple arménien, après le génocide du peuple juif, celui du peuple gitan, le monde en a t il tiré les leçons. On voit les goulags en Chine, en Russie,etc.. Combien faut il de morts pour arréter? que faut il pour prendre conscience ?

Sur le racisme et l'antisémitisme, je voudrais qu'on n'utilise pas ces mots tout le temps, ces mots sont forts, et il faut éviter de dire n'importe quoi. Deux points sont intéressants à relever dans vos interventions-" le droit et le devoir d'ingérence-" " l'enseignement dans les écoles". Et je voudrais terminer en disant que tant qu'on n'a pas résolu les problèmes d'exclusion et de chômage, on risque de parler un peu dans le vide

 Michel VIAL

Au sujet de l'enseignement dans les écoles, je voudrais rajouter qu'il va falloir y répondre à tout prix. Nous avons déjà un rendez-vous de principe avec l'inspectrice d'académie, nous allons solliciter des rendez vous avec les syndicats d'enseignants, mettre en place un dialogue avec la jeunesse sur ce sujet, afin d'aboutir à un projet pédagogique efficace.

 Le Président Louis PHILIBERT ( qui doit s'absenter)

Le principal a été dit : que nous le voulions ou non nous sommes obligés de réagir contre le fascisme actuellement. Et pour cela nous sommes obligés de dire ce que nous avons fait. Les cadets de la résistance pourraient servir de trait d'union entre les Résistants et ces lycéens et collégiens qui souhaitent savoir, qui se posent des questions. Et encore une chose, il faut diffuser ce que vous faites, définissez vos objectifs et créez des sections dans toutes les communes de cette région pour servir de relais.

 Daniel PEREZ, Comité régional de la CGT

A la question Pourquoi et Comment Résister aujourd'hui ? C'est pour moi une proposition d'analyse du présent, non pas de manière intuitive, mais avec le passé comme guide de l'avenir et d'abord ce qui nous apparait c'est l'analogie entre ce qui se passe aujourd'hui et la période d'avant guerre dont ARAGON disait:"c'était un temps déraisonnable, on avait mis les loups à table" et il ajoutait "si j'y tenais mal mon rôle c'était de n'y comprendre rien" et je crois que c'est toute une partie du monde syndicaliste qui aujourd'hui  n'y comprend rien.

D'après nous, c'est le programme de la résistance qui apporte une réponse. C'est par exemple la subordination de l'économique au social moteur du droit au travail, la nationalisation des moyens de production et des banques, la protection sociale, l'extension des droits politiques aux émigrés. Actuellement nous vivons complètement l'opposé. D'après nous la résistance, c'est aussi la lutte contre les suppressions d'emploi. La résistance était un programme pour tous, avec une citoyenneté pour tous. En plus aujourd'hui dans la forme de crise que nous vivons , nous avons envie de retrouver des repères. Cette crise est accentuée à Marseille, où nous vivons à la fois la montée du Front National et la montée de l'intégrisme. Je pense que le moyen de prévenir et d'agir contre un type de société qui exclu, c''est la priorité de satisfaction des besoins sociaux. Entrer en résistance, c'est reconnaitre une potentialité de changement de société, d'aspirations nouvelles. Il est grand temps de privilégier le social pour chaque individu pour que l'on vive mieux, et en vivant mieux, un certain nombre d'intolérances se gommeront d'elles même 

Gwenaëlle COTTE, lauréate du concours du prix de la résistance 94(classe de terminale)

Sur la question de l'enseignement, je pense que tous adultes et jeunes avons une action à mener. Sur l'intégration de la résistance au programme du baccalauréat, je pense que ce n'est pas la meilleure solution : la résistance n'est pas à enseigner comme une matière. C'est d'abord une réflexion, ce serait à intégrer dans l'éducation civique, dans une matière de dialogue. Les jeunes sont intéressés par l'idéologie, mais surtout par ce qui s'est passé concrètement, et il faut s'adresser plutôt aux collégiens plus vulnérables.A partir de 17 18 ans, il est trop tard. Il faut apprendre non pas les coups d'éclat, mais surtout l'état d'esprit, la réflexion à développer dès le plus jeune âge.

           Michel VIAL

Votre intervention, s'il en était besoin, nous confirme que la jeunesse est sensible aux problèmes de la Résistance, et sommes persuadés qu'elle trouvera les formes meilleures de réflexion pour l'avenir afin d'empêcher toutes formes d'intolérance et nous ferons tout pour l'aider.

           monsieur RAYNAUD( Salon de Provence)

Aux jeunes qui nous écoutent, nous avons pénétré dans la résistance parce que nous étions poussé par les événements. Je suis en accord avec le président Philibert : il faut regarder en avant il faut que nous ayons une solution au chômage. ce sont les jeunes qui doivent agir sur ce problème.

 Julie SERRE, Petite fille de Résistant-Déporté.

Quand on nous parle des Cadets de la Résistance, et que l'on a mon âge, 21 ans, la situation actuelle, les difficultés auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement, tout cela pourrait nous prêter à sourire.

Lorsqu'on tente de discuter non pas dans les termes banals de la conversation mais bien dans les termes d'un débat  consistant à échanger des idées, il faut bien dire que parmi les jeunes, sur ce sujet, les avis sont partagés.

En ce qui me concerne, si ce soir j'ai décidé de venir à cette table ronde, et de façon très sérieuse, c'est pour des raisons importantes. Des personnes qui avaient,  à l'époque, notre âge, ont risqué leur vie et l'ont parfois perdue pour sauvegarder notre identité d'individu et de citoyen  dans ce pays de liberté d'expression qu'est la France.

Le général de Gaulle et tous ceux qui se sont ralliés à son combat  ne doivent pas être classés au rang du passé. Il est nécessaire pour eux comme pour nous, parce que la vie n'est qu'un perpétuel recommencement, de ne pas oublier. Il ne faut pas sous=estimer le danger des idées qui peuvent surgir des crises sociales et culturelles de nos sociétés et leurs conséquences irrémédiables.

En tant que petite fille de Henri GENIEZ, ancien résistant et déporté, je suis fière, aujourd'hui, de continuer à porter le flambeau de la mémoire.

 Michel VIAL

C'est justement le but de notre association : rassembler toutes celles et tous ceux quelque soit leur religion ou leur origine sociale, leur conviction politique pour discuter des problèmes de société et analyser ce qui favorise les résurgences actuelles de toutes les formes d'intolérance et décider ensemble les actions à engager.

 Marie=José CHOMBART de LAUWE, écrivain , ancienne déportée à Ravensbrück

  Pourquoi résister aujourd'hui ?  Parce que en France et dans le monde renaissent les idées qui ont abouti aux 50 millions de morts de la seconde guerre mondiale, à l'horreur des camps de concentration et à la ruine de l'Europe. Il s'agit du racisme s'incarnant dans les institutions de l'Etat et, avant même qu'il s'implante, de sa banalisation dans l'opinion et de pratiques d'exclusion. Il s'agit de même du nationalisme exacerbé, qui s'oppose au patriotisme d'ouverture et de volonté de fraternité avec les autres peuples, qui furent les nôtres quand nous luttions contre l'occupant nazi.

Vous saurez démystifier avec notre appui toutes les tentatives de négation des crimes du nazisme, du fascisme, qui  tentent de les réhabiliter.

Nous sommes à l'aube du III ème  millénaire, c'est à vous de construire ce monde de paix, de liberté, de justice pour lequel tant de jeunes de ma génération sont tombés.

L'avenir est entre vos mains.

 Edouard ARKWRIGHT Président de l'Association Nationale des Lauréats du Concours de la Résistance et de la Déportation

 "Résister aujourd'hui" est un double devoir de mémoire et d'action , tant l'un ne va pas sans l'autre.

La mémoire renvoie au souvenir des périodes noires de la seconde guerre mondiale. Comment oublier ces actes, anonymes ou connus, de gens qui ont osé refuser l'inacceptable ? Comment croire que n'a pas existé le nazisme, une idéologie aveugle et barbare frappant avec logique et en toute raison ce qui étaient "mal nés", ceux qui se dressaient, ou tout simplement ceux qui se trouvaient là au mauvais moment ? Et surtout, comment occulter qu'il y a un moment où l'homme sait oublier sa propre existence pour porter les valeurs qui le dépassent : honneur de la patrie (le 16 Juin 1940), idées républicaines (le 10 Juillet ), et droits fondamentaux  de la personne humaine ? Chacun a de ce triple point de vue un devoir de mémoire.

Mais le souvenir ne sert à rien s'il n'est tourné vers l'action, présente ou future.

L'action, l'actualité nous en fournit malheureusement les thèmes. Dans le monde, les idéologies fanatiques qui nient l'homme pour le remplacer par des constructions collectives  se multiplient , grandissent, et ébranlent  les fondements de démocratie, ou de pays sur la voie de la démocratie.

Les guerres s'accompagnent  de toujours plus de victimes innocentes, et de cortèges d'horreurs que l'on croit sorties d'un autre temps. Dans nos pays occidentaux, alors que le lien social se relâche, que la cohésion laisse la place au repli sur soi, les révisionnismes prospèrent, et les exclusions deviennent légion. Ce sombre tableau nous montre bien l'actualité des valeurs pour lesquels ont combattu, consciemment ou non les Résistants d'hier. Il nous montre que nous devons tous nous transformer en Résistants d'aujourd'hui.

Qu'est ce que cette Résistance d'aujourd'hui ? Il s'agit d'abord d'observer : plus jamais le "nous ne savions pas". Observer chez les autres, mais aussi chez nous. S'il n'est pas question de réaliser des assimilations déplacées (qui cependant font florès, comme l'utilisation à tous bouts de champ du terme de "génocide") pour des faits de natures différentes, ou de se transformer en orateurs politiques, il faut regarder dans nos sociétés occidentales les risques, les situations, les lents mouvements de la conscience collective. Alors, nous pourrons les dénoncer, pour que dans l'esprit des jeunes générations, les lieux communs ne viennent pas tromper sur le sens des mots, sur le vrai sens des choses. Enfin, résister peut conduire, comme hier, à agir, par des moyens multiples pour faire connaître ce passé, ce présent, et cet avenir, au travers de l'enseignement et de l'éducation, de la formation des futurs citoyens.

Se souvenir, garder à l'esprit les valeurs fondamentales, en montrer l'actualité et la nécessité sont les grandes voies, à mes yeux, d'une Résistance aujourd'hui. Nous avons tous un rôle à jouer dans ce but.                               

e suis là pour perpétuer la mémoire. Vous avez parlé de tolérance, je voudrais attirer votre attention sur le fait que la tolérance passe par la connaissance. Or nous ne nous connaissons pas assez les uns les autres, on ne connait pas assez les religions, on ne connait pas assez les races. Apprenons à mieux nous connaître, à mieux nous comprendre   

Louis VAN LOO, ancien résistant, président du monument de St Anne (B.duRh.)

Heureux de constater que les cadets deviennent adultes. Ce mouvement est nécessaire : il faut réagir contre ce qui ne va pas. La Résistance de 40 44 c'était facile : il fallait rejeter Vichy, Hitler, qui s'était imposé de manière insidieuse à nos pères. Effectivement aujourd'hui, Résister c'est plus flou, le danger est bien décrit, mais il est loin. Le mouvement devrait rassembler tous ceux qui ont ce mouvement de révolte lorsqu'il se passe quelque chose qui va à l'encontre de nos valeurs républicaines, trahit nos valeurs de justice, d'égalité et de fraternité. Résister c'est ne pas se soumettre. Et je remercie les jeunes cadets de mener la croisade dans ce sens là.

 Alain Chouraqui, communauté juive d'Aix

Comment résister et pourquoi ?

On est souvent accablé par le fait que les gens ne semblent pas prêts à entendre le discours sur la résistance, mais je crois qu'il faut bien distinguer la capacité à se mobiliser de façon permanente dans des organisations et celà c'est effectivement difficile, et la capacité à se mobiliser ponctuellement. Un travail mené ponctuellement sur un événement précis mobilise. A propos du camps des Milles, 6000 élèves et 200 professeurs se sont mobilisés sur cette visite qui les intéressait. D'anciens déportés étaient là pour témoigner, apporter la vérité., et sur cet événement "mémoire pour demain" on ne se contentait pas du passé. Avec les films du passé était projeté un film sur l'extrême droite aujourd'hui. Et les jeunes gens, les enfants et les professeurs étaient intéressés parce que çà leur était utile, utile comme repères pour lutter. Pourquoi ? on connait bien sûr les facteurs économiques, les facteurs sociaux, je voudrais en ajouter un qui n'est pas classique : en cette période, les dictatures naissaient parce qu'il y avait des crises; aujourd'hui, les crises existent et sont multiples d'où la question et s'il ne s'agissait pas de crise : s'il s'agissait d'un nouveau mode de fonctionnement de nos sociétés, qui sont des sociétés de plus en plus marquées par une complexité, par une évolution et par des changements rapides ? Notre travail est un travail de long terme, et non un travail ponctuel. La société est plus mouvante que jamais, ce qui nous donne des marges de manoeuvre plus fortes que jamais, et c'est ainsi un appel à la responsabilité de chacun, qui peut peser plus que jamais sur ces évolutions que je veux lancer.

           Monsieur Abdel HELALI

J'ai 23 ans, je suis l'immigré type qui a eu une éducation française. J'ai écouté attentivement ce que vous avez dit. Il a été dit qu'il faut que les jeunes aient une mémoire, je suis jeune et je suis d'accord, mais de quelles armes puis je disposer aujourd'hui pour agir ? Je pense que la seule chose possible c 'est de faire une union pour défendre les droits de l'homme. - discours sur décalage entre france et étranger et hiatus entre discours des jeunes et attitude plus prompts à défendre le CIP que les camps d'extermination a SARAJEVO.

           Monsieur Laurent PASCAL, ancien résistant et déporté, vice-pdt du CURD de Vaucluse

Comment résister aujourd'hui ? Depuis des années, je témoigne dans des écoles et je réponds aux questions des élèves, et ce témoignage que je porte c'est ma façon de résister aujourd'hui, puisque je lutte contre l oubli de ce que fût la résistance.

 Vice-Amiral François FLOHIC, 

Il est évident que tout ce qui a été dit ce soir interpelle notre conscience. Je suis venu témoigner de l'unicité de la résistance intérieure et extérieure. Nous avions les mêmes croyances, les mêmes bases, les mêmes croyances en les vertus humaines. En tant que militaire, je voudrais revenir sur un point : la discipline l'obéissance aux ordres, ne doivent jamais prendre le pas sur la conscience humaine. Les militaires ont désormais la possibilité de ne pas obéir à un ordre qui serait contraire a l'humanité. Et ce combat, certains de nos camarades, le mène en permanence. C'était ce que je voulais vous dire et je crois que c'est important.                                           

           Robert CELAIRE, vice Président des cadets de la Résistance .

Je voudrais vous faire part ce soir d'un témoignage, et amener quelques réflexions sur le thème de ce soir : pourquoi résister et comment aujourd'hui ? Sur le témoignage : je suis ici parce qu'il est fondamental de procéder à une action de dépoussiérage des valeurs de la résistance. La résistance c'est souvent masqué par des drapeaux, des cérémonies, des faits de guerre, tout un tas de choses qui cachent bien souvent l'essentiel qui a été rappelé aujourd'hui : les valeurs de la résistance. La résistance c'est un humanisme. C'est pour ça qu'aujourd'hui je travaille avec les cadets. Résister aujourd'hui, comment faire ? Ce n'est pas simplement s'opposer à fascisme, racisme, xénophobisme, etc...çà peut être simplement s'opposer à l'indifférence. Résister c'est le contraire d'être indifférent. C'est être différent  de cette majorité de gens qui contribuent par leur indifférence à la mise en place d'un certain nombre d'injustices. Le jour ou l'on vote, est ce qu'on vote pour un vrai résistant ? C'est fondamental de renvoyer les choses au terrain.

           Monsieur Noel MARCHETTI, représentant le S.N.U. I.P.P.

Résister c'est lutter contre l'oubli. C'est rappeler ceux qui ont payé de leur vie la lutte contre le fascisme. Par rapport à tout ce qui se passe aujourd'hui, les enseignants sont les soldats de l'ombre, qui se battent pour conserver dans leur école les idées républicaines, et pour donner un peu plus à ceux qui ont le moins dans leur quartier, et c'est aussi une façon de résister.

          Franck ALLEGRET, étudiant.

On a parlé du racisme, des différences de religion. Et tout ceci est un prétexte à toutes les guerres. Et si on est résistant je ne pense pas que ce soit contre le nazisme, mais plutôt contre la haine. Dans la démocratie actuelle, quelque chose me gêne, la démocratie est tolérante à l'extrême, et accepte les intolérants, ceux qui ne respectent pas la règle du jeu : le Front National n'a rien à faire dans une démocratie. Monsieur de Villiers et Monsieur Pasqua me semblent encore plus dangereux. On a parlé des moyens : enseigner au collège me parait un excellent moyen, de même en terminale. Une remarque, on dit les jeunes sont porteurs de l'avenir, c'est faux. Le pouvoir est entre les mains des plus de 60 ans et nous n'avons pas les moyens d'agir directement sur le pouvoir.

           Roger HOCQUAUX, représentant les Cadets d'Auvergne.

L homme est habité par le besoin d'hégémonie. Aujourd'hui nous vivons l'hégémonie de l'argent, il faut développer l'esprit de défense et conserver les acquis sociaux, répartir mieux les richesses. C'est celà l'esprit de résistance. Etant donné l'esprit d'hégémonie de l'homme, l'esprit de résistance sera le fait d'une minorité qui portera cet esprit à la jeunesse.

           Max FISHER, avocat, ancien chef du Maquis du Ventoux.

Je me suis bien instruit aujourd'hui et je voudrais vous dire que la résistance a eu de nombreuses motivations, mais ce qui est important c'est le dominateur commun à tous : la confiance en l'homme. L'homme ne peut se réaliser que dans la liberté et dans la dignité et c'est ce dénominateur qu'il faut faire passer aux cadets de la résistance. Ce qui est grave dans notre monde actuel c'est l'indifférence des uns envers les autres. Et je crois que lorsque cette indifférence aura disparue on arrivera à faire quelque chose de ce monde. Et c'est là le travail de tous les cadets de la résistance que de lutter contre cette indifférence. La tâche sera rude et difficile et je voudrais vous rappeler ce mot de Guillaume d'Orange : "il n'est nul besoin d espérer pour entreprendre, ni de réussir pour perséverer".     

           Père Jean CARDONNEL, 

Je voudrais dire seulement ceci: c'est celà être croyant contre ce qu à dit ARAGON dans son admirable poème, il n'y a pas d'un coté celui qui croit au ciel et de l'autre celui qui n'y croit pas, il y a ceux qui croient à l'humanité. La plus pernicieuse des idées est celle de la réalité de Dieu; On va à Dieu par l'humanité. La résistance n'est pas le fait d'une minorité. Je crois à la capacité Résistante à l'ordre inhumain des choses de tout être humain."A ces yeux, il n'y avait pas de règles, il n'y avait que des exceptions"Oscar Wilde