sous la présidence d'Honneur des anciens Résistants et Déportés présents
personnalités participatives :
¤ Jean-Claude Aparicio, secrétaire général Paca de la CFDT
¤ Alain Barlatier, représentant la F.S.U
¤ le père Jean Cardonnel, dominicain, philosophe, ardent défenseur des Droits de l'Homme.
¤ Alain Chouraqui, Communauté Juive d'Aix en Provence
¤ le pasteur Raymond Dodré, président du Consistoire de Marseille de l'Eglise Réformée de France
¤ Mme Nicole Dorra, représentante du Comité d'Action de la Résistance
¤ Max Fischer, Avocat,, ancien chef du Maquis du Ventoux.(84)
¤ Le vice-Amiral François Flohic, ancien des Forces Françaises Libres, ancien Aide de Camp du général de Gaulle
¤ Roger Hocquaux, secrétaire général adjoint des Cadets de la Résistance d'Auvergne.
¤ Jurquet, ancien secrétaire de l'Etat-Major FFI du Nord Jura.
¤ Habib Kaaniche, président du Comité de Coordination des Musulmans du pays d'Aix en provence.
¤ Jacques Ouloussian, représentant Force Ouvrière UD 13
¤ Laurent Pascal, vice-président du C.U.R.D. du Vaucluse.
¤ Robert Pasquier, président départemental de sCVR,de l'ADIRP, du Concours du prix de la Résistance et de la Déportation, Pdt des Médaillés de la Résistance de Provence
¤ Daniel Pérez, représentant le Comité Régional de la CFDT.
¤ Louis Philibert, ancien Résistant, vice-président du Conseil,Général 13.
¤ Laurent Quintard et Noël Marchetti, représentants le SNU-IPP.
¤ Joseph Roger, président Régional de "Mémoires et Histoire des FTPF.
¤ Guy Sebag, représentant la LICRA de Marseille.
¤ René Servent, représentant la FEN.
¤ Louis Van Loo, Combattant Volontaire de la Résistance, ancien de l'O.R.A. en R2 (Vercors), Pdt des ‘’Sous-officiers et Officiers républicains’’ Paca, Président du Syndicat Intercommunal du Monument de Ste Anne (13)
¤ Raymond Vial, Combattant Volontaire de la Résistance, ancien de l'Armée Secrète et du Front National en R2, ancien FTP en R6, secrétaire Paca de "Mémoire et Histoire des FTP
¤ Michel Vial, Président des Cadets de la Résistance Paca
¤ Jean-Luc Vincent, représentant Génération Ecologie.
¤ Jacques Vistel, Président de "Mémoire et Espoirs de la Résistance", représentant Jean Mattéoli, Président de la Fondation de la Résistance.
¤ Lucien Weigand, fils de Résistant, Président du Conseil général 13.
Monsieur Louis Philibert, nous souhaita la Bienvenue, très heureux de mettre à disposition pour cette réunion la salle plénière de la part de Monsieur Lucien Weygand dont le père était résistant.
La parole est donnée à Michel Vial, président des "Cadets de la Résistance Paca" qui présidera cette table ronde
Avant de commencer, nous avons souhaité commencer par de la poésie, et nous avons parmi nous Christine BERTHIER et Henri MELIANI, comédiens, à qui je laisse la parole.
"Nous vous avons choisi deux textes : une lettre d'une écrivaine : Annie SALAGER, qui vient d'être publiée dans une revue dont le nom est "RESISTER".
" Résister suppose un
obstacle : patrie vaincue, dictature, mais délocalisation, marginalisation,
exclusion, résister à leur béance, la rage au ventre, tout est fait pour
en protéger, isoler en banlieue, squatt, S.D.F., ceux qui seraient
atteints, tous les...contagieux, comment résister à la frilosité, à la
défiance, à la peur de l'autre ? au refus qui se répand comme une peste
de le regarder dans les yeux. Nous recevons le monde en temps réel,
parait il, et ça laisse place aux manipulations, aux désinformations les plus
sophistiquées, toujours en voie de progrès.
Les images de ce monde
nouveau sifflent fort et trop vite, elles étouffent le feu des alchimies
individuelles, elles en font éclater le creuset comme si le temps était tout à fait
passé ou s'opéraient dans quelques têtes des synthèses universalistes
Au dixième siècle, trois religions avaient déjà inventé leur "convivencia" dans la péninsule Ibérique, convivialité, convivialité que Sarajevo vient de perdre.
Rivières qui nous inondaient chaque hiver, en torrent de boue depuis des terres trop déboisées que vous êtes,nous mêmes,métaphoriquement
Et tellement dans l'humaine condition, toujours les courants qui nous emportent, nous roulent dans des images trompeuses, et de même les déserts qui nous tiennent, nous désaltèrent de mirages.
Peut être est ce pour celà, qu'une colère sans patrie, et encore sans langage court le monde de Shangai à Los Angelès, de Buenos Aire à Berlin, du Cap à Mexico.
Elle brasse les guerres Nord Sud, les intégrismes, la place des femmes et les lois du marché.
En toute question, que l'on se pose dans le silence, du vide intérieur si difficile à atteindre, ça résiste, écrire "résiste" la poésie entre autre résiste, parole par excellence qui est le feu et la source de l'être.
Un résistant belge rescapé des camps d'extermination, mon premier éditeur, me raconta qu'il avait vu la bas, des gens se souvenir de poèmes qu'ils avaient complètement oubliés et se les dire, se les réciter, ils étaient entre eux le rythme de l'humain, la dignité, le non à l'animalité, le non face à la dépersonnalisation.
Armand AINEUSE me parlait du camps qu'avec l'écran de l'humour, mais le poème comme RESISTANCE, celà il pouvait le raconter
Ou ça résiste, dans l'infra histoire, qui nous tisse et métisse sang chaud pansesquement, plus que des idées, c'est d'elle que nous vient, s'il vient, le désir de nous inadapter aux façons trop polies et trop intériorisées du marché, marcher résiste au marché, le pas étant notre mesure, notre dialectique, aller a travers les champs du savoir, par les transversales les chemins de traverse.
Aussi ma lettre n'aura-t-elle ni conclusion ni fin, il s'agit toujours de poursuivre, de chercher la voie, sans force, sans bruit, ni éclat.
Bien amicalement
Annie Salager qui a publié dans la revue "parole d'aube"
c'était vraiment une aubaine que la découverte de cette revue qui a publié son numéro en septembre 94 et qui a intitulé son numéro RESISTER et nous avons choisi avec Michel et Hélène VIAL, ses textes pour vous le dire il est suivi d'un texte de Thierry Renard par Henri MELIANI
Jadis et Maintenant
Nous sommes tous ici des résistants de la première heure, de la première lueur aussi, nous n'avons en commun que de très anciennes blessures, liées au deuil, à l'exil ou à notre infortune.
Mais, nous saurons cependant ensemble revendiquer notre appartenance au monde, demander pour tous le pain et la parole, nous saurons ne pas fuir nos responsabilités, et nous saurons passer le cap de la désillusion, rentrer en dissidence.
Si les uns affirment que le ciel est vide, et si d'autres croient que Dieu est partout, nous nous sommes là, à notre place, sur le qui vive maintenus à l'abri du désastre par notre souffle poétique. La résistance nous la retrouvons à chaque page, au détour d'une phrase entre les lignes, entre les vers, sur le blanc du papier ou au beau milieu de l'encre noire.
Résister, c'est savoir oser dire non et ne jamais renoncer. Résister, c'est aller parmi le bruit et la fureur dans le tumulte du sang, c'est ne pas accepter l'inacceptable c'est de ne jamais capituler devant le meurtre et l'injustice, c'est d'être du côté des victimes contre les bourreaux, c'est choisir l'esprit plutôt que le glaive.
Et ce n'est nullement une question de génération, chaque époque a sa part de crime et d'hypocrisie, ici, il y a ceux qui témoignent de ce qu'ils ont vu, vécu, ceux qui se souviennent inlassablement, ceux qui ont connu la fatigue des combats et ceux qui résistent dans leur langue avec les arbres de la poésie. Il y a tout juste cinquante ans, un pays se libérait du joug de l'oppresseur, et des hommes marchaient côte à côte vers une proclamation d'un nouveau monde. Il y a cinquante ans l'espoir renaissait de ses cendres.
Depuis, des guerres et des massacres un peu partout, depuis beaucoup de larmes et de sang versés, beaucoup trop de souffrances et de malheurs.
Alors, que faire ? se taire ? ne dire mot ? plutôt relever le front, ouvrir grands les yeux, et parler, écrire dire, de toutes les manières possibles ce qui nous insupporte. Dire sans haine et sans mépris, dire, simplement dire.
Thierry RENARD ( Jadis et maintenant )
¤ Michel VIAL, président des "Cadets de la Résistance Paca"
Merci, je pense que cela nous met dans le bain de notre table ronde et je voudrais, dans un préambule, resituer notre association et le débat de ce soir. Je devrais déjà vous dire combien je suis heureux de vous accueillir aussi nombreux, représentant tous les horizons politiques, syndicaux, confessionnels, ce qui pour nous est très important Que tout cela augure d'une bonne réussite de notre manifestation De nombreuses personnalités se sont excusées, je n'en citerai que quelques unes: Marie José CHOMBARD DE LAUWE, écrivain et ancienne déportée qui devait être parmi nous et qui fait une conférence ce soir dans l'Allier. Jean MATTEOLI, Président de la fondation de la résistance qui est représenté aujourd' hui par Monsieur Jacques VISTEL, Président de Mémoire et Espoirs de la Résistance. Le général ALLIBERT, président de l'A.N.R.A.(résistants de l'Air), vice-président du C.A.R. (Comité d'Action de la Résistance). Edouard ARKWRIGHT, président de l'association nationale des lauréats du concours de la résistance et de la déportation, qui nous a envoyé un long message.
Le cardinal Robert COFFI, archevêque de Marseille. Monsieur Jacques OUAKIN, grand Rabbbin de Marseille . Monsieur Dominique BAUDIS, Député et Maire de Toulouse Monsieur Dominique STRAUSS-KAHN, Député et ancien ministre. Mais aussi de très nombreux sénateurs, députés, conseillers régionaux, généraux, maires et responsables d'associations qui nous apportent tout leur soutien.
Je voudrais vous présenter en quelques mots notre association. Créée en avril 1994; cette association se fixe comme but de rassembler toutes celles et ceux qui se sentent héritiers de l'esprit de la résistance. et de ses valeurs. Nous voulons en perpétuer la mémoire et en nous appuyant sur celle-ci, stigmatiser toute apologie renaissante du racisme, de la xénophobie, des nationalismes exacerbés, de l'antisémitisme, de l'intolérance, de l'épuration ethnique et des résurgences sous toutes leurs formes, du fascisme et du nazisme. Nous voulons être vigilants en dénonçant toutes les atteintes aux droits de l'homme. Nous tenons à saluer aujourd'hui les anciens résistants présents et leurs représentants, car nous savons et nous voulons oublier que ce sont eux qui par leur refus de l'humiliation, leur combat, et leur sacrifice, nous ont redonné la liberté et la démocratie, dont nous avait privé Hitler et Pétain 50 ans après, loin d'avoir été terrassée, "la bête immonde" n'est pas morte et relève la tête partout dans le monde. Nous voyons poindre à l'horizon les démons du passé, les insignes, les slogans, les uniformes et les drapeaux noirs et rouges. Ces symboles que nous voyons régulièrement à la télévision nous interpellent. Les attentats fascistes, racistes et antisémites se multiplient, en Italie les néo-fascistes sont au gouvernement dans une quasi-indifférence. En Autriche, l'extrême-droite obtient 23% aux législatives, et compte remporter la chancellerie aux prochaines élections. A Bruxelles, même montée du néo-nazisme.
En Russie, JIRINOVSKI, il n'y a pas si longtemps, obtenait 24 millions de suffrages, en France, même LE PEN, leader du Front National, déclare ne pas être l'émule de Mussolini. Ce serait bien s'il n'appréciait pas FINI lui même admirateur de Mussolini. LE PEN encore, dit tout haut, ce qu'il a toujours pensé de la seconde guerre mondiale des nazis, de Vichy et de résistance : il prône l'oubli pur et simple de cette période. Il y a pourtant aujourd'hui plus de 8 000 de nazis en Allemagne et plus de 30 000 en Europe Occidentale. Pourrait-on nous les faire oublier ? Nous assistons ainsi à cette montée extrémiste, impensable il y a seulement 10 ans.
Manifestations racistes et néo-fascistes se tenant de plus en plus nombreuses, notamment en Allemagne et aux Pays Bas, publications d'idées néo-nazies, 250 revues éditées en Europe, dégradations de monuments et stèles de la Résistance et de la Déportation, profanations de cimetières juifs et synagogues. De l'épuration ethnique en Bosnie, à l'intégrisme islamiste en Afrique et au Moyen Orient, du massacre des Kurdes aux guerres tribales en Somalie, au Soudan, au Rwanda, etc.
Partout, les idéologies véhiculant la suprématie d'une race, d'une religion, d'une ethnie, d'un système sur l'autre, engendrent la guerre et ses corollaires de souffrance, de famine et de détresse humaine. SARAJEVO est encore aujourd'hui sous les obus serbes ; nous assistons toujours au massacre d'innocents sur l'autel de l'indifférence. En Algérie, on assassine la pensée, au Rwanda, on assiste encore et toujours, malgré les silences audiovisuels, au génocide de toute une population civile. Ou est la communauté internationale si leste à réagir pour le pétrole du Golfe?
Notre résistance d'aujourd'hui ne serait-elle pas d'imposer le droit et le devoir d'ingérence devant de tels drames humains ? Le 50ème anniversaire de la libération ne doit-il pas être l'occasion de prendre une telle décision pour imposer des règlements pacifiques aux conflits en cours. Ne vaudrait-il pas mieux prévenir que guérir ? Plus près de nous, souvent cachées sous des allures convenables et institutionnelles, l'exclusion et l'intolérance, sont de mise et font le lit du racisme et de la xénophobie. Résister aujourd'hui c'est aussi dénoncer ces dérives dangereuses régénérant le terreau sur lequel germent toujours les idéologies totalitaires.
Par ailleurs, on refuse le droit de séjour à l'écrivain du BANGLADESH, Taslima Nasreen, une femme courageuse, résistante dans son pays, pour la défense des droits de la femme, défense si importante sous le régime intégriste mais aussi pour l'avenir de l'humanité. Alors qu'on a donné un visa a Jirinovski récemment, qu'on a offert, il y a quelques années, un accueil royal a"bébé Doc", le dictateur Haitien. C'est peut être cela le droit d'asile politique? Pour nous, héritiers des valeurs de la résistance, c'est inacceptable au pays des droits de l'homme. Résister aujourd'hui c'est aussi dénoncer cela.
N'oublions pas que la passivité des démocraties dans les années 30, permit la victoire de Hitler, alors que déjà il aurait fallu résister. Aujourd'hui, 60 ans après les ressorts sont les mêmes : antiparlementarisme, mépris de la démocratie, exaltation de l'ordre par un pouvoir fort et autoritaire, c'est aussi le chômage, l'érosion des valeurs de partage et de solidarité ; le triomphe d'une société génératrice d'exclusions, l'affaiblissement des repères idéologiques et spirituels. Cela aggrave les tensions, et peut ouvrir la porte à toutes dérives.
Il est urgent pour les nouvelles générations de prendre conscience de leurs responsabilités.
Nous serons, quant à nous, particulièrement attentifs à la recherche du Dialogue avec la jeunesse. Dialogue afin que l'explication du contexte historique réveille les consciences avant qu'il ne soit trop tard.
Nous voulons participer à construire le futur au lieu de le subir.
Nous sommes persuadés que l'enseignement, à l'Ecole, des causes qui ont engendré fascisme et nazisme, est indispensable pour faire échec aux résurgences actuelles et futures de ces idéologies. A côté des associations d'anciens résistants et déportés, nous réclamons fermement que l'histoire de la seconde guerre mondiale et de la Résistance figure aux programmes d'histoire des classes de première et de terminale et donc au BAC. Nous réclamons également que lors des cours d'instruction civique, on informe la jeunesse sur les bienfaits de la démocratie, et sur les dangers que représentent ceux qui voudraient la supprimer. Nous souhaiterions à ce sujet, la coopération des enseignants mais aussi de l'Education Nationale.
Nous n'avons pas la prétention de changer, seuls, nous les "Cadets de la Résistance", le cours des événements, mais nous voulons apporter toute notre contribution à ce combat pour la sauvegarde de la démocratie, par le respect des différences qui composent notre société. Nous nous félicitons que beaucoup d'autres associations prennent des positions semblables et agissent dans ce sens.
Il y a 50 ans des hommes, des femmes, décidaient de résister au nazisme et au vichysme. Ils étaient gaullistes, communistes, socialistes, républicains, royalistes, ils croyaient au ciel, ils n'y croyaient pas. Ils avaient décidé de résister ensemble,
Résistons aujourd'hui en faisant nôtre l'appel à l'unité de la résistance de Jean Moulin.
Nous pouvons tous ensemble, ici, approfondir la réflexion sur le pourquoi et à quoi résister puis dans un deuxième temps sur le comment résister aujourd'hui. C'est le but, c'est le sujet de notre table ronde et nous allons ouvrir la discussion.
Je donne la parole au Père Jean Cardonnel, dominicain, ardent défenseur des Droits de l'Homme
"J'ai été très impressionné par ce que vous venez de dire.parce que à mon sens, un très grave danger aujourd'hui menace la résistance. C'est une conception passéiste de la renaissance. Je veux dire par là, qu'il y aurait eu, de 1940 à 1945, une résistance et puis c'est fini. Une expression dont j'ai horreur c'est "il faut tourner la page", c 'est ça la réconciliation nationale. Alors après 45, on pourrait célébrer tous les anniversaires de la résistance, en trahissant la résistance, c 'est à dire en laissant se reconstituer le vieil ordre des choses, en acceptant le fait qu'il y ait des dominateurs et des domines, et des écraseurs et des écrasés, et des sous développeurs, et des sous développés, limiter la résistance à ce qu'elle fut c'est faire injure à la résistance. Et je fais honneur à ce que vous venez de dire : n oublions jamais, mais pour ne rien oublier, et pour ne pas trahir la mémoire du passé, il faut emporter la mémoire du passé dans la mémoire de l'avenir. Il s'est passé et il se passe aujourd'hui quelque chose,dont la résistance d'hier avec ses mérites , ne pouvait pas prendre la mesure. La résistance souvent était magnifiquement nationale, mais ce n'est qu'en 45 qu'on a définit un crime qui existait avant sa définition et c'est le crime contre l'humanité.voilà, je dirais d'un mot que la fidélité à l'esprit de la résistance, consiste à former ce qui est urgent et de très longue haleine : un large front de l'humanité.Il a fallu que soit commis le crime contre l'humanité pour qu'on s'aperçoive qu'elle existait l'humanité, qu'elle n'était pas une idée en l'air, qu'elle n'était pas une chimère, qu'elle n'était pas une utopie puisqu'on pouvait la tuer, et comme notre ami Michel nous l'a fait remarquer : çà continue, on tue l'humanité dans ce qui fut la Yougoslavie, on tue au Rwanda, et comment voulez vous que l'Europe elle même ne nous paraisse pas une idée rétrograde, aujourd'hui on veut faire de l'Europe, une Europe affairiste alors que l'urgence c'est l'humanité. Toujours en retard, pas seulement d'une guerre, mais de la grande question humaine, fondamentale, c'est ça l'enjeu, de la résistance, nous sommes loin d'avoir extirpé les racines du fauve supérieur à visage humain et nous le voyons réapparaître sous forme de purification ethnique, mais cette bête raciste s'exprime comme un appétit d'identité parce qu'à des masses pauvres qui sont immédiatement confisquées, par la bête raciste parce qu'on ne peut l'opposer et on ne lui oppose actuellement que l'anonymat du tout marché. Le tout marché de plus en plus mal déguisé en société. Le tout marché ou tout s'achète et tout se vend et ça c'est sous notre démocratie qui n'en est pas une puisque nous voyons proliférer les animaux compétitifs auxquels on veut nous conformer, les animaux compétitifs auxquels il ne faut que les circonstances pour se transformer en animaux corrupteurs et corrompus. Ce qu'est la résistance d'hier pour être fidèle et être la résistance d'aujourd'hui et celle de demain, elle doit se muer en acte de résister intellectuellement et pratiquement au tout marché de plus en plus déguisé en société qui provoque comme réaction sauvage, le réflexe identitaire et sécuritaire sous forme bestiale, nationaliste et raciste. Chers amis, si nous voulons être fidèles à la résistance n'oublions pas que l'état normal de l'homme n'existe jamais, s'il existe une pathologie, c'est la pathologie de la normalité, l'homme est cet être étrange qui ne peut se réaliser qu'au dessus ou au dessous de lui. Par conséquent, si l'utopie a existé et existe aujourd'hui dans l'ordre de l'horreur, il est urgent de la faire surgir dans l'ordre de l'humanité chaleureuse. Parce que l'humanité n'est jamais au terme d'un constat l'humanité est au terme d'une conviction. Je voudrais simplement vous proposer pour ce premier tour de réflexion, ce sujet qui me hante que j'ai trouvé dans les mémoire du Gal de Gaulle : Il dit qu'il était pour les blindés, contre la réédition de la guerre des tranchées, il dit une phrase que nous devrions apprendre par coeur "Je vérifiais à cette occasion que la confrontation des idées, dès lors qu'elle met en cause les errements accoutumés et les personnes en place revêt le tour intransigeant des querelles théologiques." Prodigieux, parce que le général de Gaulle n'avait affaire qu'à des errements accoutumés à des personnes en place depuis tout au plus 40 ans, mais non 15 siècles d'errements accoutumés de nos églises et nos formations politiques même inexistantes à ce moment là . Je dis qu'il n'y a de résistance qu'à la force de l'habitude, au nom de la puissance de l'imagination créatrice.Personnellement je suis pour l'urgence de former un grand mouvement de résistance, un front mondial de résistance à l'hégémonie du marché qui secrète les rééditions permanentes des fauves racistes a visage humain, c'est au double titre qu'il n'en fait qu'un pour moi de ma théologie, de mon aventure de la pensée et mon action apostolique qui se confond avec mon action militante et je voudrais pour commencer qu'on essaie de mettre un terme à cette distinction idiote, intellectuellement paresseuse entre croyants et incroyants. Puisque, on ne dit jamais, ce à quoi ils croient et ce à quoi ils ne croient pas. Si j'insiste sur le maître mot d'humanité c'est parce que je ne peux pas le prononcer, je ne peux pas l'articuler, je ne peux pas le parler, sans qu'il implique la foi en le soulèvement et des vivants et des morts. Pour la simple raison que l'humanité ne se résume pas en les hommes et les femmes de mon temps. De sorte que l'humanité c 'est la puissance de transgression de toutes les frontières et de l'espace et du temps et des siècles ...Il n'y a de résistance qu'en la foi dans l'envergure infinie de tout être humain C'est à dire que tout être humain est capable d'humanité. Je vous livre l'enjeu de la résistance, si vous êtes innocent du visage que vous avez, vous êtes responsable de la gueule que vous faites.
Jean Claude APPARICIO, secrétaire Général de la CFDT
Tout de suite, je souhaite
saluer tous nos aînés. Je suis d'une génération qui n'a pas résisté et je
voudrais saluer nos aînés qui ont porté les armes, qui ont résisté, certains
même ont été condamnés à mort pour leur activité de résistance, et je crois que
c'est un hommage à leur rendre. Monsieur le Président, en vous écoutant, je me
suis souvenu que ce beau mot de RESISTER, des prisonnières de la Tour de
Constance, tout près d'ici, l'avaient gravé dans la pierre des cachots, dans
lesquels les avait enfermé l'absolutisme des 16 et 17ème siècle, ces personnes
qui revendiquaient la liberté de penser et au moment ou montent certains autres
esprits inquisitoriaux je crois que c'est à dire, à rappeler. Je pensais aussi
à un personnage du roman L'ESPOIR, qui était plongé dans la résistance contre
le fascisme, et qui disait "ils ne sont pas fascistes parce qu'ils sont
racistes, ils sont racistes parce qu'ils sont fascistes" ça resitue bien
le sens du racisme et du xénophobisme contre lesquels nous avons à lutter
aujourd'hui.
A l'occasion du 50ème
anniversaire du VEL D HIV, où je suis allé récemment, j'ai rencontré des juifs
rescapés qui portaient des calicots qui disaient "merci Monsieur le
Président pour votre présence aujourd'hui mais quand seront jugés PAPON,
TOUVIER et tous les autres ? Un de ces rescapés me rappelait d'ailleurs que
tout avait été organisé, prévu, par des fonctionnaires français, par des
chauffeurs de bus français, par des policiers français, et celà il ne faut pas
l'oublier sans chercher à mettre du sel sur les plaies du passé.. Je pense
aussi au fait qu'il n'y a eu qu'un seul magistrat, je crois qu'il s'appelait
DIDIER, à refuser de prêter serment à PETAIN et celà doit aussi nous faire
réfléchir. On pourrait ajouter à toutes ces images qui se bousculent, les
acteurs de l'affiche rouge, les résistants du groupe "MANOUCHIAN",
qui doivent nous rappeler que les tous premiers à résister étaient des
immigrés. Ils parlaient à peine notre langue, mais se battaient pour la
liberté. Et celà au moment, où les immigrés sont souvent les bouc émissaires
d'ambitions politiques. Je crois que nous avons en permanence le choix d'avoir
une attitude de résistance. Un grand écrivain a d'ailleurs dit que nous
n'avions jamais été aussi libre que sous l'occupation, soit libre de se coucher
devant l'occupant, soit libre de résister. Je voudrais aussi rappeler qu'à
Marseille, il y a des associations, il y a des mouvements, il y a des
syndicats, il y a des hommes et des femmes qui veulent résister. Et je voudrais
parler de MARSEILLE FRATERNITE, qui au moment de la montée de LE PEN sur
Marseille avait organisé une manifestation de 30 000 personnes sur la Canebière
pour dire "Non Marseille n'est pas raciste, non Marseille ne se livrera
pas à LE PEN et à ses amis. Je voudrais aussi rappeler, en tant que
syndicaliste, que la lutte pour la résistance passe par la lutte contre le
chômage. Nous assistons à un phénomène terrible c'est la désintégration du
tissu social à cause du chômage. L'histoire ne se renouvelle pas, mais la
montée du fascisme, dans les années trente, a été permise, il est vrai, par la
forte augmentation du chômage. Alors soyons vigilants. Résistons, nous avons
été plusieurs à le rappeler, à l'impérialisme du marché, Résistons aux
impératifs financiers qui priment sur les aspects humains. Toutes les lâchetés
d'aujourd'hui se paieront demain d'un prix exhorbitant.
Aujourd'hui nous assistons
à une montée du chômage dont personne n'a prit la véritable dimension, on agit
avec des mesures du type exonération, du type humanitaire, les mêmes depuis 20
ans. On n'a pas posé du tout le problème en terme de choix de société.Je
voudrais aussi rappeler que la montée du chômage entraîne une augmentation de
l'esprit sécuritaire, avec pour exemple la réforme du code de la nationalité,
et les derniers gadgets trouvés : la vidéo surveillance en est un exemple. A
toutes ces réponses, il nous faut résister par la solidarité, par l'exigence de
l'humain, par la fraternité.
Monsieur Jean Luc VINCENT, représentant GENERATION ECOLOGIE. .
Mon père était catholique et ma mère juive. Mon père s'est évadé d'un camps de concentration. Quand on dit résistance, je n'aime pas ce mot là. Respectons les gens qui n'étaient pas résistants, par exemple les gens qui étaient dans l'armée et qui résistaient naturellement. Je voudrais donc qu'on oublie le mot résistant et qu'on change le mot. Ouvrons un comité de Vigilance. Donnons un nom au "fauve supérieur à visage humain" c'est qui ? c 'est LE PEN ? pour moi Philippe de VILLIERS est aussi dangereux que LE PEN. N'ayons pas peur de donner des noms et de les montrer du doigt. Mettons les en dehors de notre société.
Je représente GENERATION ECOLOGIE et sur le terrain on se bat pour des
idées, et contre le front national, nous n'hésitons pas à soutenir un
communiste, un socialiste, un RPR, on fait front contre le fascisme. Voilà, çà
ce sont nos idées, on a identifié notre bête humaine.et si le mot Résistance,
on pouvait le changer par le mot vigilance, ce serait peut être un peu plus
joli.
Monsieur Robert PASQUIER, Pdt de plusieurs associations d' Anciens combattants des B.du Rh., et Président des Médaillés de la Résistance de Provence
"Nous, anciens résistants, devons être réalistes et situer notre action auprès des jeunes. Dans cet esprit, nous avons organisé cette année plus de 25 colloques dans les écoles et lycées de la région et avons fait 14 expositions avec 600 photos pour apprendre aux jeunes ce qu'ils devraient savoir sur notre passé. Le but n'est pas de convaincre les adultes, s'ils ne sont pas convaincus aujourd'hui ils ne le seront jamais. Ce qu'il faut c'est former la jeunesse. Lui apprendre la tolérance et une certaine liberté d'esprit et savoir reconnaître le contraire de ce qu'on pense. Notre mouvement, depuis qu'il existe à quand même touché 50 000 participants depuis 1958; nous récompensons 50 lauréats en prix et 50 lauréats en voyage, pour le prix du concours de la résistance. Notre travail est là, et je vous demande de nous aider dans cette démarche : si vous voyez l'affiche de notre concours dans les Ecoles, encouragez les élèves et les professeurs à participer. Je vous en remercie."
Monsieur Jacques JURQUET du MRAP
Je suis interpellé pour vous donner 2 exemples concrets de la nécessité
aujourd'hui de résister, de véhiculer la résistance à tout acte raciste dans
notre bonne ville de Marseille. Au cours des 4 derniers mois, le MRAP a porté
des parties civiles devant le tribunal de Marseille, pour des actions
antisémistes, des propos ignobles. c'est tout ce que je voulais vous dire,
résister c'est ici, c'est présent et je voudrais rappeler la parole du grand
poète Julius ??????
au moment où il fut pendu à Pragues par les nazis "Etres
humains,veillez, soyez vigilants"
Docteur SEBAG de la LICRA
Je voudrais tout d'abord faire une petite constatation : après le
génocide du peuple arménien, après le génocide du peuple juif, celui du peuple
gitan, le monde en a t il tiré les leçons. On voit les goulags en Chine, en
Russie,etc.. Combien faut il de morts pour arréter? que faut il pour prendre
conscience ?
Sur le racisme et l'antisémitisme, je voudrais qu'on n'utilise pas ces
mots tout le temps, ces mots sont forts, et il faut éviter de dire n'importe
quoi. Deux points sont intéressants à relever dans vos interventions-" le
droit et le devoir d'ingérence-" " l'enseignement dans les écoles".
Et je voudrais terminer en disant que tant qu'on n'a pas résolu les problèmes
d'exclusion et de chômage, on risque de parler un peu dans le vide
Michel VIAL
Au sujet de l'enseignement dans les écoles, je voudrais rajouter qu'il
va falloir y répondre à tout prix. Nous avons déjà un rendez-vous de principe
avec l'inspectrice d'académie, nous allons solliciter des rendez vous avec les
syndicats d'enseignants, mettre en place un dialogue avec la jeunesse sur ce
sujet, afin d'aboutir à un projet pédagogique efficace.
Le Président Louis PHILIBERT ( qui doit s'absenter)
Le principal a été dit : que nous le voulions ou non nous sommes obligés
de réagir contre le fascisme actuellement. Et pour cela nous sommes obligés de
dire ce que nous avons fait. Les cadets de la résistance pourraient servir de
trait d'union entre les Résistants et ces lycéens et collégiens qui souhaitent
savoir, qui se posent des questions. Et encore une chose, il faut diffuser ce
que vous faites, définissez vos objectifs et créez des sections dans toutes les
communes de cette région pour servir de relais.
Daniel PEREZ, Comité régional de la CGT
A la question Pourquoi et Comment Résister aujourd'hui ? C'est pour moi
une proposition d'analyse du présent, non pas de manière intuitive, mais avec
le passé comme guide de l'avenir et d'abord ce qui nous apparait c'est
l'analogie entre ce qui se passe aujourd'hui et la période d'avant guerre dont
ARAGON disait:"c'était un temps déraisonnable, on avait mis les loups à
table" et il ajoutait "si j'y tenais mal mon rôle c'était de n'y
comprendre rien" et je crois que c'est toute une partie du monde
syndicaliste qui aujourd'hui n'y comprend rien.
D'après nous, c'est le programme de la résistance qui apporte une réponse. C'est par exemple la subordination de l'économique au social moteur du droit au travail, la nationalisation des moyens de production et des banques, la protection sociale, l'extension des droits politiques aux émigrés. Actuellement nous vivons complètement l'opposé. D'après nous la résistance, c'est aussi la lutte contre les suppressions d'emploi. La résistance était un programme pour tous, avec une citoyenneté pour tous. En plus aujourd'hui dans la forme de crise que nous vivons , nous avons envie de retrouver des repères. Cette crise est accentuée à Marseille, où nous vivons à la fois la montée du Front National et la montée de l'intégrisme. Je pense que le moyen de prévenir et d'agir contre un type de société qui exclu, c''est la priorité de satisfaction des besoins sociaux. Entrer en résistance, c'est reconnaitre une potentialité de changement de société, d'aspirations nouvelles. Il est grand temps de privilégier le social pour chaque individu pour que l'on vive mieux, et en vivant mieux, un certain nombre d'intolérances se gommeront d'elles même
Gwenaëlle COTTE, lauréate du concours du prix de la résistance 94(classe de terminale)
Sur la question de l'enseignement, je pense que tous adultes et jeunes
avons une action à mener. Sur l'intégration de la résistance au programme du
baccalauréat, je pense que ce n'est pas la meilleure solution : la résistance
n'est pas à enseigner comme une matière. C'est d'abord une réflexion, ce serait
à intégrer dans l'éducation civique, dans une matière de dialogue. Les jeunes
sont intéressés par l'idéologie, mais surtout par ce qui s'est passé
concrètement, et il faut s'adresser plutôt aux collégiens plus vulnérables.A
partir de 17 18 ans, il est trop tard. Il faut apprendre non pas les coups
d'éclat, mais surtout l'état d'esprit, la réflexion à développer dès le plus
jeune âge.
Michel VIAL
Votre intervention, s'il en était besoin, nous confirme que la jeunesse est
sensible aux problèmes de la Résistance, et sommes persuadés qu'elle trouvera
les formes meilleures de réflexion pour l'avenir afin d'empêcher toutes formes
d'intolérance et nous ferons tout pour l'aider.
monsieur RAYNAUD( Salon de Provence)
Aux jeunes qui nous écoutent, nous avons pénétré dans la résistance
parce que nous étions poussé par les événements. Je suis en accord avec le
président Philibert : il faut regarder en avant il faut que nous ayons une
solution au chômage. ce sont les jeunes qui doivent agir sur ce problème.
Julie SERRE, Petite fille de Résistant-Déporté.
Quand on nous parle des Cadets de la Résistance, et que l'on a mon âge, 21 ans, la situation actuelle, les difficultés auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement, tout cela pourrait nous prêter à sourire.
Lorsqu'on tente de discuter non pas dans les termes banals de la conversation mais bien dans les termes d'un débat consistant à échanger des idées, il faut bien dire que parmi les jeunes, sur ce sujet, les avis sont partagés.
En ce qui me concerne, si ce soir j'ai décidé de venir à cette table ronde, et de façon très sérieuse, c'est pour des raisons importantes. Des personnes qui avaient, à l'époque, notre âge, ont risqué leur vie et l'ont parfois perdue pour sauvegarder notre identité d'individu et de citoyen dans ce pays de liberté d'expression qu'est la France.
Le général de Gaulle et tous ceux qui se sont ralliés à son combat ne doivent pas être classés au rang du passé. Il est nécessaire pour eux comme pour nous, parce que la vie n'est qu'un perpétuel recommencement, de ne pas oublier. Il ne faut pas sous=estimer le danger des idées qui peuvent surgir des crises sociales et culturelles de nos sociétés et leurs conséquences irrémédiables.
En tant que petite fille de Henri GENIEZ, ancien résistant et déporté, je suis fière, aujourd'hui, de continuer à porter le flambeau de la mémoire.
Michel VIAL
C'est justement le but de notre association : rassembler toutes celles et tous ceux quelque soit leur religion ou leur origine sociale, leur conviction politique pour discuter des problèmes de société et analyser ce qui favorise les résurgences actuelles de toutes les formes d'intolérance et décider ensemble les actions à engager.
Vous saurez démystifier avec notre appui toutes les tentatives de négation des crimes du nazisme, du fascisme, qui tentent de les réhabiliter.
Nous sommes à l'aube du III ème millénaire, c'est à vous de construire ce monde de paix, de liberté, de justice pour lequel tant de jeunes de ma génération sont tombés.
L'avenir est entre vos mains.
La mémoire renvoie au souvenir des périodes noires de la seconde guerre mondiale. Comment oublier ces actes, anonymes ou connus, de gens qui ont osé refuser l'inacceptable ? Comment croire que n'a pas existé le nazisme, une idéologie aveugle et barbare frappant avec logique et en toute raison ce qui étaient "mal nés", ceux qui se dressaient, ou tout simplement ceux qui se trouvaient là au mauvais moment ? Et surtout, comment occulter qu'il y a un moment où l'homme sait oublier sa propre existence pour porter les valeurs qui le dépassent : honneur de la patrie (le 16 Juin 1940), idées républicaines (le 10 Juillet ), et droits fondamentaux de la personne humaine ? Chacun a de ce triple point de vue un devoir de mémoire.
Mais le souvenir ne sert à rien s'il n'est tourné vers l'action, présente ou future.
L'action, l'actualité nous en fournit malheureusement les thèmes. Dans le monde, les idéologies fanatiques qui nient l'homme pour le remplacer par des constructions collectives se multiplient , grandissent, et ébranlent les fondements de démocratie, ou de pays sur la voie de la démocratie.
Les guerres s'accompagnent de toujours plus de victimes innocentes, et de cortèges d'horreurs que l'on croit sorties d'un autre temps. Dans nos pays occidentaux, alors que le lien social se relâche, que la cohésion laisse la place au repli sur soi, les révisionnismes prospèrent, et les exclusions deviennent légion. Ce sombre tableau nous montre bien l'actualité des valeurs pour lesquels ont combattu, consciemment ou non les Résistants d'hier. Il nous montre que nous devons tous nous transformer en Résistants d'aujourd'hui.
Qu'est ce que cette Résistance d'aujourd'hui ? Il s'agit d'abord d'observer : plus jamais le "nous ne savions pas". Observer chez les autres, mais aussi chez nous. S'il n'est pas question de réaliser des assimilations déplacées (qui cependant font florès, comme l'utilisation à tous bouts de champ du terme de "génocide") pour des faits de natures différentes, ou de se transformer en orateurs politiques, il faut regarder dans nos sociétés occidentales les risques, les situations, les lents mouvements de la conscience collective. Alors, nous pourrons les dénoncer, pour que dans l'esprit des jeunes générations, les lieux communs ne viennent pas tromper sur le sens des mots, sur le vrai sens des choses. Enfin, résister peut conduire, comme hier, à agir, par des moyens multiples pour faire connaître ce passé, ce présent, et cet avenir, au travers de l'enseignement et de l'éducation, de la formation des futurs citoyens.
Se souvenir, garder à l'esprit les valeurs fondamentales, en montrer l'actualité et la nécessité sont les grandes voies, à mes yeux, d'une Résistance aujourd'hui. Nous avons tous un rôle à jouer dans ce but.
e suis là pour perpétuer la mémoire. Vous avez parlé de tolérance, je voudrais attirer votre attention sur le fait que la tolérance passe par la connaissance. Or nous ne nous connaissons pas assez les uns les autres, on ne connait pas assez les religions, on ne connait pas assez les races. Apprenons à mieux nous connaître, à mieux nous comprendre
Louis VAN LOO, ancien résistant, président du monument de St Anne (B.duRh.)
Heureux de constater que les cadets deviennent adultes. Ce mouvement est
nécessaire : il faut réagir contre ce qui ne va pas. La Résistance de 40 44
c'était facile : il fallait rejeter Vichy, Hitler, qui s'était imposé de
manière insidieuse à nos pères. Effectivement aujourd'hui, Résister c'est plus
flou, le danger est bien décrit, mais il est loin. Le mouvement devrait
rassembler tous ceux qui ont ce mouvement de révolte lorsqu'il se passe quelque
chose qui va à l'encontre de nos valeurs républicaines, trahit nos valeurs de
justice, d'égalité et de fraternité. Résister c'est ne pas se soumettre. Et je
remercie les jeunes cadets de mener la croisade dans ce sens là.
Alain Chouraqui, communauté juive d'Aix
Comment résister et pourquoi ?
On est souvent accablé par le fait que les gens ne semblent pas prêts à
entendre le discours sur la résistance, mais je crois qu'il faut bien
distinguer la capacité à se mobiliser de façon permanente dans des
organisations et celà c'est effectivement difficile, et la capacité à se
mobiliser ponctuellement. Un travail mené ponctuellement sur un événement
précis mobilise. A propos du camps des Milles, 6000 élèves et 200 professeurs
se sont mobilisés sur cette visite qui les intéressait. D'anciens déportés
étaient là pour témoigner, apporter la vérité., et sur cet événement
"mémoire pour demain" on ne se contentait pas du passé. Avec les
films du passé était projeté un film sur l'extrême droite aujourd'hui. Et les
jeunes gens, les enfants et les professeurs étaient intéressés parce que çà
leur était utile, utile comme repères pour lutter. Pourquoi ? on connait bien
sûr les facteurs économiques, les facteurs sociaux, je voudrais en ajouter un
qui n'est pas classique : en cette période, les dictatures naissaient parce
qu'il y avait des crises; aujourd'hui, les crises existent et sont multiples
d'où la question et s'il ne s'agissait pas de crise : s'il s'agissait d'un nouveau
mode de fonctionnement de nos sociétés, qui sont des sociétés de plus en plus
marquées par une complexité, par une évolution et par des changements rapides ?
Notre travail est un travail de long terme, et non un travail ponctuel. La
société est plus mouvante que jamais, ce qui nous donne des marges de manoeuvre
plus fortes que jamais, et c'est ainsi un appel à la responsabilité de chacun,
qui peut peser plus que jamais sur ces évolutions que je veux lancer.
Monsieur Abdel HELALI
J'ai 23 ans, je suis l'immigré type qui a eu une éducation française.
J'ai écouté attentivement ce que vous avez dit. Il a été dit qu'il faut que les
jeunes aient une mémoire, je suis jeune et je suis d'accord, mais de quelles
armes puis je disposer aujourd'hui pour agir ? Je pense que la seule chose
possible c 'est de faire une union pour défendre les droits de l'homme. -
discours sur décalage entre france et étranger et hiatus entre discours des
jeunes et attitude plus prompts à défendre le CIP que les camps d'extermination
a SARAJEVO.
Monsieur Laurent PASCAL, ancien résistant et déporté, vice-pdt du CURD de Vaucluse
Comment résister aujourd'hui ? Depuis des années, je témoigne dans des
écoles et je réponds aux questions des élèves, et ce témoignage que je porte
c'est ma façon de résister aujourd'hui, puisque je lutte contre l oubli de ce
que fût la résistance.
Vice-Amiral François FLOHIC,
Il est évident que tout ce qui a été dit ce soir interpelle notre conscience. Je suis venu témoigner de l'unicité de la résistance intérieure et extérieure. Nous avions les mêmes croyances, les mêmes bases, les mêmes croyances en les vertus humaines. En tant que militaire, je voudrais revenir sur un point : la discipline l'obéissance aux ordres, ne doivent jamais prendre le pas sur la conscience humaine. Les militaires ont désormais la possibilité de ne pas obéir à un ordre qui serait contraire a l'humanité. Et ce combat, certains de nos camarades, le mène en permanence. C'était ce que je voulais vous dire et je crois que c'est important.
Robert CELAIRE, vice Président des cadets de la Résistance .
Je voudrais vous faire part ce soir d'un témoignage, et amener quelques
réflexions sur le thème de ce soir : pourquoi résister et comment aujourd'hui ?
Sur le témoignage : je suis ici parce qu'il est fondamental de procéder à une
action de dépoussiérage des valeurs de la résistance. La résistance c'est
souvent masqué par des drapeaux, des cérémonies, des faits de guerre, tout un
tas de choses qui cachent bien souvent l'essentiel qui a été rappelé
aujourd'hui : les valeurs de la résistance. La résistance c'est un humanisme.
C'est pour ça qu'aujourd'hui je travaille avec les cadets. Résister
aujourd'hui, comment faire ? Ce n'est pas simplement s'opposer à fascisme,
racisme, xénophobisme, etc...çà peut être simplement s'opposer à
l'indifférence. Résister c'est le contraire d'être indifférent. C'est être
différent de cette majorité de gens qui contribuent par leur indifférence
à la mise en place d'un certain nombre d'injustices. Le jour ou l'on vote, est
ce qu'on vote pour un vrai résistant ? C'est fondamental de renvoyer les choses
au terrain.
Monsieur Noel MARCHETTI, représentant le S.N.U. I.P.P.
Résister c'est lutter contre l'oubli. C'est rappeler ceux qui ont payé
de leur vie la lutte contre le fascisme. Par rapport à tout ce qui se passe
aujourd'hui, les enseignants sont les soldats de l'ombre, qui se battent pour
conserver dans leur école les idées républicaines, et pour donner un peu plus à
ceux qui ont le moins dans leur quartier, et c'est aussi une façon de résister.
Franck ALLEGRET, étudiant.
On a parlé du racisme, des différences de religion. Et tout ceci est un
prétexte à toutes les guerres. Et si on est résistant je ne pense pas que ce
soit contre le nazisme, mais plutôt contre la haine. Dans la démocratie
actuelle, quelque chose me gêne, la démocratie est tolérante à l'extrême, et
accepte les intolérants, ceux qui ne respectent pas la règle du jeu : le Front
National n'a rien à faire dans une démocratie. Monsieur de Villiers et Monsieur
Pasqua me semblent encore plus dangereux. On a parlé des moyens : enseigner au
collège me parait un excellent moyen, de même en terminale. Une remarque, on
dit les jeunes sont porteurs de l'avenir, c'est faux. Le pouvoir est entre les
mains des plus de 60 ans et nous n'avons pas les moyens d'agir directement sur
le pouvoir.
Roger HOCQUAUX, représentant les Cadets d'Auvergne.
L homme est habité par le besoin d'hégémonie. Aujourd'hui nous vivons
l'hégémonie de l'argent, il faut développer l'esprit de défense et conserver les
acquis sociaux, répartir mieux les richesses. C'est celà l'esprit de
résistance. Etant donné l'esprit d'hégémonie de l'homme, l'esprit de résistance
sera le fait d'une minorité qui portera cet esprit à la jeunesse.
Max FISHER, avocat, ancien chef du Maquis du Ventoux.
Je me suis bien instruit aujourd'hui et je voudrais vous dire que la
résistance a eu de nombreuses motivations, mais ce qui est important c'est le
dominateur commun à tous : la confiance en l'homme. L'homme ne peut se réaliser
que dans la liberté et dans la dignité et c'est ce dénominateur qu'il faut
faire passer aux cadets de la résistance. Ce qui est grave dans notre monde
actuel c'est l'indifférence des uns envers les autres. Et je crois que lorsque
cette indifférence aura disparue on arrivera à faire quelque chose de ce monde.
Et c'est là le travail de tous les cadets de la résistance que de lutter contre
cette indifférence. La tâche sera rude et difficile et je voudrais vous
rappeler ce mot de Guillaume d'Orange : "il n'est nul besoin d espérer
pour entreprendre, ni de réussir pour
perséverer".
Père Jean CARDONNEL,
Je voudrais dire seulement ceci: c'est celà être croyant contre ce qu à
dit ARAGON dans son admirable poème, il n'y a pas d'un coté celui qui croit au
ciel et de l'autre celui qui n'y croit pas, il y a ceux qui croient à
l'humanité. La plus pernicieuse des idées est celle de la réalité de Dieu; On
va à Dieu par l'humanité. La résistance n'est pas le fait d'une minorité. Je
crois à la capacité Résistante à l'ordre inhumain des choses de tout être
humain."A ces yeux, il n'y avait pas de règles, il n'y avait que des
exceptions"Oscar Wilde
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