21 mai 2016

Inauguration de la voie ''Esprit Garnerone'' Bouc bel Air (13)

 

Discours de Serge Vial , vice-président de « Résister Aujourd’hui »

 

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Chère Renée, son épouse,

Chère Monique,

Chers amis,

Mesdames et Messieurs,

 

Nous sommes certainement plusieurs ici, à avoir des modèles familiaux qui ont guidé nos actes et forgé notre esprit : nous nous devons aujourd’hui, ne jamais les oublier et continuer à les faire vivre pour dire à nos enfants et à nos petits enfants :

« Oui, tu vois, cet homme-là, ce n’était ni Superman, ni Dark Vador, c’était un homme ordinaire mais qui a su dire « non », quand l’Histoire lui imposait de dire «non» et qui n’a jamais douté que son choix était le bon car c’était celui de la liberté, Esprit Garnerone était de ces hommes.

 Il est né le 9 juin 1926 dans un hameau du fond de la vallée du Piémont, dans la province de Cuneo, au sein d'une famille de cinq enfants.

En 1930, il a 3 ans, sa famille émigre en France pour fuir le fascisme et s’installe à Ubaye, petite ville engloutie aujourd'hui sous le lac de Serre-Ponçon.

Son père Pierre, tailleur de pierre, travaille alors à la construction de la ligne de chemin de fer de Chorges à Barcelonnette, mais la grande crise de 1929 arrive en France, en 1933 : le chantier, bien que construit à 80% s’arrête et la famille déménage pour Bâtie-Neuve, dans les Hautes Alpes et c’est là qu’Esprit grandit.

Il a aimé ces quelques années passées au contact de la nature et n’a jamais oublié son instituteur, Monsieur Gras, fils de paysan sorti de l’Ecole normale. En 1943, il a 17 ans et il est obligé de partir avec son père sur Toulon et travailler pour l’organisation TODT, seul moyen pour eux d’éviter de devoir partir travailler au S.T.O. en Allemagne.

Il faut savoir que l’organisation TODT était une organisation allemande chargée de la réalisation d'un grand nombre de projets de construction, dans les domaines civil et militaire, tant en Allemagne que dans les pays d'Europe sous domination nazie, de la France à la Russie et qu’il s’agissait de travail obligatoire.

Peu de temps après leur arrivée, Esprit vit son premier bombardement et d’autres suivent quasiment tous les jours :

il réussit à convaincre son père de quitter Toulon pour aller sur Orange, où ils se font embaucher par une entreprise qui travaille, pour les allemands à une extension de l’aérodrome en pleine campagne. Ils y restent quelques mois jusqu’en juillet 1944.

C’est là qu’Esprit apprend que les Américains ont débarqué en Normandie et il convainc son père de fuir et de retourner à Bâtie-Neuve, ils prennent donc le train qui relie Orange à Nyons,  puis un car qui doit les ramener chez eux.

 En route, dans la vallée de Laigue, ils sont arrêtés par un contrôle de maquisards :

Esprit sait alors son chemin, ’il doit rester avec les combattants de l’ombre, les FTP. (Francs Tireurs et Partisans Français)

Après 15 jours d’instruction, il est affecté à un bataillon et participe à la libération de la Drome, puis se bat sur le front de la Maurienne fin Août 1944 puis se rend en Italie à Suze.

Il participe à l’occupation en Italie, puis remonte vers le Jura et est envoyé avec son régiment pour occuper Vienne en Autriche.

 En Octobre 1945, il est démobilisé et rentre chez lui avec une prime de 1 000 francs, un mois de permission et sa solde en poche. Maintes fois médaillé, puis naturalisé Français par la Patrie Reconnaissante en 1946, il est reconnu pour son courage, ses valeurs laïques et républicaines.

En 1946, à 20 ans, il quitte son petit village alpin avec ses parents pour s’installer à Marseille, à la Pointe-Rouge où il restera jusqu’en 1951.

Il garde un très bon souvenir de cette période : il était jeune et tout était à reconstruire.

Il adhère en 1949 au parti communiste par fidélité à ses camarades du maquis, milite activement, rentre à la C.G.T et découvre la condition des ouvriers dans le système capitaliste.

Quand Esprit raconte sa vie, il la découpe en 4 grandes périodes ;

d’abord l’école avec Mr Gras, puis la résistance, puis la vie militante et enfin, la rencontre avec Renée, sa femme, qui lui fit découvrir un monde plus tendre, fait de sensibilité et de culture :

ils auront ensemble, 4 filles dont il était si fier.

 Et quand il parle de ses amis de Port de Bouc et d’ailleurs, il en parle avec beaucoup d’affection car lui savait qu’au-delà de l’amitié, il y avait la fraternité, et il savait de quoi il parlait, car la fraternité, il l’avait incarnée pendant ses années de Résistance.

 Merci aux habitants de Bouc-Bel-Air et à leur municipalité, d’honorer sa mémoire et de permettre aux nouvelles générations de se rappeler que « Résister se conjugue au présent.» comme le disait Lucie Aubrac, grande figure de la Résistance française, membre de notre comité de parrainage.

 Au nom de notre association, Je voudrai dire à Esprit, à sa famille, à ses proches et à toutes celles et tous ceux  qui se sentent héritiers des valeurs de la Résistance que nous continuons et continuerons son combat pour favoriser le progrès humain face à l’indécence des puissances d’argent, pour prendre part à la construction d’une société plus juste, plus fraternelle à l'image de celle pour laquelle les Résistants et les Déportés se sont battus souvent jusqu'au sacrifice suprême.

Pour Catherine Piat, présidente de « Résister Aujourd’hui »

le vice-président, Serge VIAL

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